Devenir chaque jour plus écolo que la veille, c’est un peu le lot du Sisyphe du XXIe siècle. Sans relâche, explorons les zones encore non défrichées de l’écologie quotidienne. Pour ma part, j’ai atteint le sommet de la colline le jour où j’ai acquis une coupelle menstruelle. Kezako ? Un tampon lavable, complètement écolo, qui se présente sous la forme d’un petit entonnoir bouché en caoutchouc naturel et qui recueille le sang des règles. Je vois d’ici votre mine dégoûtée. Mais ma rigueur professionnelle m’oblige à poursuivre dans le détail. Entre autres précautions quand arrivent les menstrues, nous, les femmes, devons éviter de souiller les dessous chics dont nous sommes régulièrement gratifiées. Tampons ou serviettes, jusqu’ici, nous n’avions guère le choix. D’un côté la pâte à cul disgrâcieuse, de l’autre le bâton qui pue. Et pour les deux, des tonnes de déchets.
120 kg à la poubelle
Comme toute femme normalement constituée, je vais expérimenter 400 et quelque syndromes menstruels au cours de ma frêle existence. En moyenne, mes congénères consomment 12 000 tampons dans leur vie. Ce qui correspond à 120 kg de coton souillé. Rien qu’aux Etats-Unis, on jette 7 milliards de tampons et plus de 12 milliards de serviettes hygiéniques par an. Pour les ultras comme moi, c’est intolérable. Mais il existe bien d’autres raisons d’adopter le tampon lavable. En silicone ou en caoutchouc naturel, il convient parfaitement aux allergiques au coton et aux produits absorbants dont serviettes et tampons sont enduits. « Un tampon ou une serviette peuvent provoquer des chocs toxiques chez certaines personnes. Avec cette coupelle, il n’y a aucun frottement, c’est plus hygiénique », m’a confirmé le docteur Arnal-Schnebelen, gynécologue à Bordeaux. Pour finir, l’objet est économique : une trentaine d’euros pour des années, voire une vie entière de service. Le budget de 12 000 tampons correspond lui à environ 2 500 euros au cours d’une vie !Le charme de la discrétion
Là où ça peut en rebuter plus d’une, c’est pour placer la « bête ». Disons qu’il faut être dotée d’une approche décontractée de son corps, avoir l’habitude de se tripatouiller le secteur sans rougir. Après une légère pression pour l’insérer, la coupelle se déploie et vient se coller sur le col du vagin. Dès qu’elle est en place, vous le sentez. C’est comme un 6e sens. L’intruse se fait oublier dans la minute. Et elle récolte le sang menstruel en toute sécurité. Je ne la sens jamais sur mon vélo, ni même à l’aquagym. Et, pour tout dire, la coupelle se montre d’une efficacité redoutable. Seul le moment où l’on rejette son contenu – une à deux fois par jour – est moyennement ragoûtant.Enfin, elle se lave à l’eau savonneuse et se retrouve le mois suivant. Bref, l’essayer, c’est l’adopter. Elle existe en version caoutchouc naturel ou silicone organique. Cette dernière permettrait même d’avoir des rapports sexuels pendant les règles. Chose que je me refuse à tester. Si ça vous tente, vous nous raconterez… Pour ma part, le « continent noir » de Freud doit conserver une part de mystère.
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