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22-09-2010
Mots clés
Consommation
France

Le rouge à lèvres

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Le rouge à lèvres
(Crédit photo : Fotolia)
 
Si chic, si glamour, si brillant : il vous met l’eau à la bouche avant les soirées. Et si sa couleur n’était qu’un déguisement chimique ? Plongée dans le tube de l’automne.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Des chercheurs américains de l’Ecole de santé publique de Berkeley se sont penchés sur le sort de 32 rouges à lèvres ou gloss. Pour la première fois, ils n’ont pas simplement mesuré la toxicité des produits mais la dose quotidienne absorbée par les femmes. Résultat : une utilisatrice régulière absorbe en moyenne 24 milligrammes par jour de produits, et 87 milligrammes pour celles qui se remaquillent plusieurs fois. Or, sur la trentaine de rouges à lèvres testés, 24 ont révélé la présence de métaux toxiques (manganèse – toxique pour le système nerveux –, chrome – cancérogène pour l’organisme –, aluminium – néfaste pour les poumons –, ainsi que du plomb, et du cadmium). Un constat alertant même si les quantités restent minimes et en dessous de la dose journalière acceptable, assurent les scientifiques qui ont publié leurs travaux le 2 mai dans la revue Environmental Health Perspectives. Le risque est néanmoins plus important aux Etats-Unis puisque l’Union européenne a déjà banni le plomb, le chrome et le cadmium des produits de beauté.

Ce soir, c’est décidé, je sors l’artillerie lourde : le rouge à lèvres vif, celui qui me fait une bouche pulpeuse et appétissante. La technique : d’abord une couche de rouge mat, que l’on recouvre de gloss pour un effet encore plus glam.

La préparation

Mes lèvres brillent. Normal, car mes précieux bâtons sont composés d’huiles, de cires et de corps gras. Alors que je retire l’excédent avec un coton-tige, je remercie la réglementation chimique européenne Reach et les associations de défense des animaux. Grâce à eux, la cire de cachalot, dont ma grand-mère se tartinait les babines il y a quelques dizaines d’années, n’est plus qu’un lointain souvenir, remplacée par un alcool gras, l’alcool cétylique. Mais alors d’où vient cette amertume qui envahit ma bouche ? Sans doute des matières premières d’origine animale (cire d’abeille et lanoline, qui peut contenir des pesticides) et des matières synthétiques ou dérivées du pétrole (paraffine, silicone, cire microcristalline, esters ramifiés…) qui se cachent encore au fond des tubes. Sans parler des filtres solaires controversés, tels que les benzophénones, le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc, ajoutés dans les gloss pour protéger des UV. Ah, elle est jolie, ma beauté naturelle.

Quant à la couleur fatale qui me fait ce sourire de vamp, elle provient de pigments synthétiques, plus nombreux et concentrés que dans tous les autres cosmétiques existant sur le marché. Les marques ne l’avouent que du bout des lèvres, mais ces colorants contiennent souvent des métaux lourds, notamment du plomb. En 2007, une association américaine de défense des consommateurs publiait, dans le cadre de sa « campagne pour des cosmétiques sûrs », une étude portant sur la toxicité des rouges à lèvres de 33 marques. Résultat : 61 % d’entre eux contenaient encore du plomb, souvent les bâtons les plus chers, comme ceux siglés Dior, Lancôme ou encore Chanel. Si les doses étaient faibles – les taux variant de 0,03 partie par million à 0,65 partie par million –, cette quantité s’ajoute à celle absorbée tous les jours via les aliments et l’eau. Plus dangereux encore : chaque jour, j’avale – à mon insu – 60 mg de rouge à lèvres. A la fin de ma vie, c’est donc un gros tube de près d’1,5 kg que j’aurai englouti !

Mon maquillage finit par prendre des airs de clown triste. J’apprends en effet qu’avant d’être moulé dans les tubes, mon « cocktail chimique à lèvres » – souvent allergène et urticant – est chauffé à 100° C pour parvenir à un savant équilibre entre tenue du rouge et fluidité de la texture. « Le broyage des composants produit des poussières, qui peuvent s’avérer polluantes, explique Patrick Snabre, chercheur au Centre national de la recherche scientifique. Mais surtout, certains dérivés lourds du pétrole, notamment les cires, génèrent des pollutions à long terme pour l’environnement dans la mesure où ils se dégradent difficilement. »

La consommation

Sur la piste de danse, la bouche tartinée de molécules toxiques, je continue malgré tout à sourire, en faisant attention à ne pas me mordre les lèvres. Tant que je ne fais pas de réaction allergique, la leçon de séduction se poursuit. Soudain, comme si la réaction chimique arrivait à son terme, le charme opère. Il s’approche, goûte allègrement aux produits chimiques, en redemande. On vous avait bien dit que l’odeur des parfums de synthèse avait le don d’enivrer. Il est alors temps de me repoudrer. Je prétexte une envie pressante pour m’éclipser aux toilettes et m’appliquer une nouvelle couche de filtre de la mort. A ce rythme-là, le tube sera fini dans la soirée. Une plaie pour ma poubelle : à peine 3 grammes de bâton pour plus de 20 grammes de boîtier en plastique ! Quelques heures plus tard, nous quittons le dancefloor. Le rouge à lèvres est maintenant superflu, et même encombrant. Voici le récit d’une vie rouge… cramoisi. Vous en restez bouche bée ? —


LE BIO DÉCROCHE-T-IL LE PREMIER PRIX DE BEAUTÉ

Du rouge… vert, ça existe ! Certains fabricants de cosmétiques cherchent à vous rendre belle sans défigurer l’environnement. Chez Couleur Caramel et Elysambre, deux marques du groupe Nature Cos – récemment labellisées Cosmebio, la charte sur les produits cosmétiques d’Ecocert –, les bâtons renferment des matières premières 100 % naturelles, minérales ou végétales. « On utilise, par exemple, de l’huile d’abricot, de pépins de raisin ou de jojoba bio, du beurre de karité ou encore des extraits de thé rouge », détaille Elodie Coste, la responsable en recherche et développement du groupe. Même teinte chez les rouges de Dr.Hauschka, labellisés « Cosmétiques naturels contrôlés », ou chez Clarins, dont les composants sont issus de l’agriculture biologique, souvent locale. Mais là où certains fabricants se révèlent vraiment irrésistibles, c’est lorsque qu’ils embrassent la cause de l’emballage. Et le premier prix de beauté revient à Elysambre, avec ses recharges (14,20 euros) à insérer dans des boîtiers (6,30 euros) en cuivre. Et notre prix spécial des lectrices de « Terra eco » est décerné aux rouges Couleur caramel, dont les boîtiers, en kraft, peuvent être recyclés. Et vous pouvez respirer, le tarif n’est pas hollywoodien : seulement 13,20 euros. —

Sources de cet article

- Le site de Couleur caramel
- Le site d’Elysambre
- Le site de Clarins
- Le site de Dr.Hauschka
- Le dossier du CNRS
- Campaign for safe cosmetics (en anglais)
- La fabrication des rouges (en anglais)
- Les labels des cosmétiques bio

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  • J’ai trouvé un rouge à lèvres bio et éco-conçu chez nature et découvertes. Texture sympa, bonne tenue et surtout format mini tout en gardant une taille de bâton de rouge à lèvres standard. Et pour cela, ils ont pensé à un truc tout bête : quand le bâton s’enroule, il va jusqu’au fond du "boîtier" (dire que les autres n’y ont pas pensé...)

    7.10 à 14h26 - Répondre - Alerter
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