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Plus que douze mois pour déminer l’après-Kyoto

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Plus que douze mois pour déminer l'après-Kyoto
(Crédit photo : woodleywonderworks/Flickr)
 
Trouvera-t-on bientôt un nouvel accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Le Japon boude. Les Etats-Unis sont coincés. Et L'Europe ? Elle risque d'être le dindon de la farce.
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A quelques heures de la clôture de la conférence de Cancún sur le climat, son résultat reste difficile à prévoir. Tous les participants ont en tête le scénario de Copenhague et sont conscients de la nécessité d’un succès. Pourtant, les conditions de ce succès ne sont pas plus réunies que l’année dernière, au contraire. Les Américains restent incapables de s’engager, et ce d’autant plus que la perte du Congrès par les démocrates rend improbable la mise en place d’une loi ambitieuse sur le climat aux Etats-Unis. Et en l’absence d’une loi, même l’engagement américain de Copenhague apparaît peu crédible. Dans l’immédiat, la seule issue est donc dans un accord dont les Etats-Unis seraient absents.

Mais la situation apparaît bien plus critique que l’année dernière. Les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto prennent fin en 2012, et il est impératif que des décisions sur la suite du processus soient prises au plus vite. Au plus tard, une solution doit être trouvée dans 12 mois, à la conférence de Durban en Afrique du Sud. Pour cela, les grandes lignes d’un accord doivent apparaître rapidement.

Le protocole de Kyoto prévoit une seconde phase pour l’après-2012, mais le Japon a ouvert la conférence de Cancún en annonçant son refus d’y prendre part alors que les plus grands émetteurs comme la Chine et les Etats-Unis n’y sont pas associés. Et sans le Japon, le risque est grand que cette seconde phase soit principalement européenne… Est-il acceptable pour l’Europe de prendre des engagements internationaux alors que quasiment tous les autres pays protègent leur souveraineté ? En cas de refus européen, il ne resterait plus rien de Kyoto. C’est donc l’avenir même du Protocole qui est maintenant menacé, et il n’est plus inenvisageable d’imaginer une désagrégation de l’ensemble des accords existants sur le climat.

Un retour à zéro ne serait bénéfique pour personne. Kyoto n’est pas la solution magique au problème climatique mais e protocole reste toutefois le seul engagement réellement contraignant sur le climat, il apporte des flux financiers non négligeables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les pays en développement, et il reste l’unique élément tangible de la volonté de la communauté internationale d’agir face au changement climatique.

Si le protocole de Kyoto n’est pas préservé, les acteurs qui ont fait confiance aux accords passés seront punis. Il s’agit des pays qui ont mis en place des politiques de réduction des émissions, des investisseurs qui ont dirigé une partie de leurs fonds vers la finance carbone et ceux qui ont financé des réductions d’émissions dans les pays en voie de développement. Il sera ensuite extrêmement long et difficile de relancer un nouveau processus et de reconstruire la confiance de ces acteurs. L’objectif affiché et répété par tous les pays, limiter le réchauffement à moins de 2°C, serait alors définitivement inatteignable.

Quels sont les scénarios pour sortir de cette situation ? Le premier n’est pas glorieux. Il s’agirait pour l’Europe de sauver le Protocole en acceptant sans condition de participer à une deuxième phase de Kyoto. Les modalités resteraient à définir, mais elles s’appuieraient sur le paquet énergie-climat européen, qui engage déjà l’Union à une réduction de 20% des émissions de GES d’ici à 2020. Accepter cette seconde phase ne changerait donc pas grand-chose en interne, mais signifierait que l’Europe accepte d’être le seul acteur à s’engager légalement, au risque de sanctions si elle ne respecte pas son objectif. Sans aucune contrepartie de la part des autres pays, l’Europe pousserait alors son rôle de « bon élève du climat » à l’extrême, et cette solution n’ouvre pas beaucoup de perspectives pour la suite.

L’autre scénario est plus positif. On pourrait imaginer que la communauté internationale accepte de laisser les Américains à l’écart. Et qu’elle avance sur la seconde phase de Kyoto et sur un accord plus large – fondé sur l’accord de Copenhague – qui lierait les pays riches et les pays en voie de développement, avec des engagements contraignants et vérifiables de la part de tous les pays. Bien sûr, les engagements des pays pauvres seraient différents de ceux des pays riches et ils recevraient des aides financières pour faire face à ces contraintes. Mais dans ce cas, l’ensemble des pays du monde – à l’exception des Etats-Unis – seraient engagés dans le cadre d’un accord des Nations unies. Dans une telle situation, une seconde phase de Kyoto principalement européenne pourrait paraître plus beaucoup plus acceptable.

Ce scénario n’est toutefois possible que si la Chine accepte de s’engager sans contrepartie de la part des Etats-Unis, et de s’installer clairement comme « la » grande puissance politique au détriment des Américains. L’annonce japonaise, parce qu’elle rend tangible la fin de Kyoto, la pousse dans cette direction. Le problème, c’est la conviction largement partagée que l’Europe sera toujours là pour sauver le Protocole, quitte à accepter un accord solitaire et humiliant. Cette conviction pourrait bien être aujourd’hui l’obstacle principal à l’obtention d’un traité ambitieux engageant les pays en développement et l’essentiel des pays développés.

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Economiste de l’environnement au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired) et Météo-France.

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