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5-07-2007
Mots clés
Société
Culture
Cinéma
France

Le cinéma n’a plus le ticket

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C’est un petit bout de papier de presque 10 euros. Rendu responsable de la baisse de fréquentation des salles obscures, le ticket de cinéma est-il réellement coupable ? Enquête.
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Chloé et Clémence sont un peu dépitées. Les deux jeunes filles, sortent du MK2 Quai de Loire, à Paris, où elles sont allées voir une comédie française. Le débat sur le film est rude. « Franchement, je regrette d’avoir dépensé ça pour un film qui vaut à peine le visionnage en DVD ! », s’exclame la première. Deux heures plus tôt, les jeunes filles se sont délestées chacune d’un peu plus de 9 euros à la caisse du cinéma. C’est aujourd’hui, selon un rapport du Sénat, le prix moyen du ticket dans l’Hexagone : deux fois plus qu’en 1990.

Bien des gens ont donc peu à peu déserté les salles obscures pour les locations de DVD ou les chaînes de télévision payantes. Pourtant, le prix du ticket de cinéma est un faux débat, explique Michel Gomez, délégué général de l’ARP, société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs. « Il faut arrêter de focaliser sur le ticket plein tarif sur les Champs-Elysées. Aujourd’hui, de nombreux spectateurs profitent des réductions étudiants, seniors, des abonnements… Les salles de cinéma ont su apporter une vraie réponse à l’augmentation du prix du ticket en différenciant les tarifs. N’oublions pas que le cinéma, comme tout bien culturel, a un prix. Imaginer un cinéma gratuit, cela signifie le financement par la publicité ou bien la mort des salles obscures. »

La publicité, mariée avec le cinéma

La publicité, parlons-en. Depuis cinquante ans, le petit personnage de Mediavision lance son pic de mineur sur la cible en balançant son numéro de téléphone. Après son apparition, les réclames pour des glaces, des téléphones, des parfums ou des sodas défilent pendant près de quinze minutes. Et dans la salle de cinéma, ça râle un peu. Pourquoi subir tout cette publicité alors que l’on débourse près de 10 euros pour une place  ? Réponse en forme de tradition : depuis que le cinéma existe, la publicité s’y est toujours développée. Et c’est, selon Médiavision, un vecteur très efficace : la régie met en avant des hausses de part de marché de « 35 % sur des boissons gazeuses » après la diffusion d’un film publicitaire sur grand écran. Avantage non négligeable : ici les spectateurs ne peuvent pas zapper !

Mais in fine, comment se répartit le prix d’une entrée au cinéma ? Après un passage par le stand de pop-corn, nos deux spectatrices ont pris place dans les fauteuils tout neufs du multiplexe parisien. La somme qu’elles ont déboursée ne va pas uniquement enrichir le propriétaire de la salle – l’exploitant, en langage cinématographique. En fait, le prix d’une place se répartit entre les taxes – 15 % du coût du billet –, la somme versée à l’exploitant d’une part (environ 40 %) et aux producteurs et distributeurs du film d’autre part (40 %). Revue de détail.

1. Les taxes Le prix de l’entrée dans les salles obscures inclut la TVA, qui, pour le cinéma, ne s’élève qu’à 5,5 %, au même titre que pour un livre ou un CD. Une deuxième taxe compte pour presque 11 % du prix du billet. C’est la taxe spéciale additionnelle (TSA), une particularité bien française. Celle-ci est destinée au compte de soutien financier de l’industrie cinématographie et de l’industrie des programmes audiovisuels du Centre national de la cinématographie (CNC). Elle agit comme un autofinancement forcé du cinéma en France.

Créé en 1946, le CNC est un établissement public chargé de répartir les aides à la création audiovisuelle en France. Ceci passe par un système de financements automatiques, qui sont versés systématiquement à tous les distributeurs, producteurs ou exploitants et par des aides sélectives. Le budget du CNC dépend en partie du nombre d’entrées comptabilisées au cinéma, car la TSA – prélevée sur chaque billet – fait partie de ses ressources.

Spécialité hexagonale, cette taxe est prélevée sur les entrées de tous les films, qu’ils soient français ou non, mais n’est reversée qu’à des professionnels tricolores. D’autre part, les chaînes de télévision doivent elles aussi verser 5,5 % de leur chiffre d’affaires au CNC chaque année. Ainsi le cinéma français est-il soutenu en partie par ses deux principaux adversaires : les blockbusters américains et le petit écran. Inutile, donc, de jeter des pierres sur la façade de son cinéma favori s’il propose le dernier Bruce Willis. Cette critique vaut également pour les navets tricolores.

2. La production et la distribution 40 % du coût d’une entrée vont au distributeur, qui rembourse d’abord ses frais avant de payer la production du film. La distribution joue le rôle d’intermédiaire entre la production (« fabrication ») du film et son exploitation en salle. On compte plus de 350 sociétés de distribution en France, mais parmi elles, sept entreprises couvrent « 90 % du marché français », selon Joëlle Farchy, spécialiste de l’industrie du cinéma . Parmi elles, on retrouve en bonnes places les filiales des majors américaines : Columbia, Warner, Twentieth Century Fox et UIP. « Trois autres travaillent pour les grandes compagnies à la française : Pathé, Gaumont et UGC. Celles-ci endossent à la fois les costumes de distributeurs et d’exploitant de films qu’elles ont auparavant coproduit », ajoute Joëlle Farchy. La concentration des tâches permet de limiter les coûts.

3. L’exploitation Le reste du prix du ticket, soit 40 % environ, revient à l’exploitant. Avec cette somme, il doit « mettre en valeur » sa salle de cinéma. Fauteuils, écran, salaires du personnel : les postes de dépense des exploitants sont nombreux. En moyenne, il faut par exemple dix à quatorze ans pour amortir le coût de l’ouverture d’un multiplexe. L’exploitant ne s’en met donc pas plein les poches si facilement. Les ventes de bonbons, les glaces, les cafés, sont autant de moyens permettant de rentabiliser les salles. Pour les cinémas indépendants, il est encore plus difficile de se faire une place au soleil et de survivre. C’est là que les aides sélectives du CNC montrent toute leur utilité, par le biais de subventions accordées principalement dans les zones rurales ou à la périphérie des grandes villes.

Dans ce contexte, les cinémas classés Art et essai peuvent parfois tirer leur épingle du jeu. A Caen, le cinéma Lux fête ainsi ses 46 ans d’existence. Avec ses rétrospectives, ses rencontres avec les professionnels du cinéma, son tarif d’entrée plafonné à 5,30 euros et un public de fidèles, cette ancienne salle paroissiale résiste vaillamment à la concurrence des salles du centre-ville et du multiplexe UGC de la zone commerciale toute proche. En s’appuyant sur ses permanents et une équipe de bénévoles, le cinéma a comptabilisé en 2000 plus de 100 000 entrées.

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