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18-11-2004
Mots clés
Développement
Afrique

Le ciel est (bien) tombé sur la tête des Africains

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Loin des discours tarte à la crème sur le développement durable, la compagnie aérienne Point-Afrique jongle entre impératifs commerciaux et investissement humain. Son objectif : désenclaver les régions isolées d'Afrique de l'ouest.
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Au tournant de l’hiver 1996, Maurice Freund - déjà fondateur d’une compagnie charter dans les années soixante-dix - a jeté son dévolu sur la région de Gao (Mali). Son idée : y faire atterrir des touristes français. A plus de 1000 kilomètres au nord de la capitale Bamako, Gao est une ville balayée par les vents de sable, qui ouvre les portes du désert. Pas, a priori, de quoi figurer dans les brochures en papier glacé des agences de voyage. Les 6 premiers vols Marseille-Gao se soldent d’ailleurs par un bide économique : 450000 francs de pertes. Cela n’empêche pas, quelques mois plus tard, la naissance de la coopérative Point-Afrique. Objectif, ambitieux : désenclaver une région pauvre en l’ouvrant au tourisme. Et en y réinvestissant les bénéfices dégagés.

Empiéter sur les terres d’Air France

Si l’idée est belle, encore faut-il convaincre les touristes. A force de patience, année après année ceux-ci sont au rendez-vous et la "ligne Gao" fait des petits dans toute la "sous-région" : Mali, Mauritanie, Libye, Niger, Burkina Faso, Bénin... En 2002, la déconfiture successive de deux grosses compagnies - Air Afrique et Sabena - offre un petit coup de pouce au Point-Afrique. Car alors, les cieux d’Afrique de l’Ouest francophone deviennent la chasse gardée du mastodonte Air France. Il faut se battre pour arracher par exemple un aller-retour pour le Burkina Faso à moins de 6000 francs (environ 900 euros), quand dans les années 1999-2000 le voyageur pouvait s’offrir une escapade pour moins de 3000 francs. Ces prix élevés constituent un handicap lourd pour les ouest-Africains et pour les personnels d’ONG travaillant sur place. Dans certaines régions, l’avion constitue la clé du désenclavement, tant les routes sont impraticables, voire inexistantes. Dans ce contexte, le projet de Point-Afrique prend tout son sens et... colle aux besoins de la clientèle.
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Campement touristique créé et autogéré par la population de Karey Kopto (sud Niger). DR

Pension complète, soins compris

La compagnie, doublée d’une agence de voyages, parvient à associer les populations locales au projet économique. "Dans le parc naturel du W [1], des villageois réunis en association prennent en charge l’hébergement et la pension complète des touristes, raconte la directrice du développement Virginie Albouy. Nous les payons directement, en tant que prestataires. Ils ont même réalisé un bénéfice dès la première année, ce qui leur permet de financer une "case santé", qui emploie un infirmier". Autre exemple en Mauritanie, où 38000 euros ont été investis dans la formation de guides touristiques. Ou encore au Mali, où la compagnie a acquis un véhicule tout-terrain pour le compte d’un chauffeur, auquel elle assure un minimum de missions d’accompagnement des touristes. Le chauffeur peut ainsi rembourser chaque mois une partie de l’achat de son matériel, dont il devient finalement propriétaire. Toujours au Mali, des associations de femmes cultivent des légumes pour fournir les rations alimentaires des touristes en partance pour le désert.

Une compagnie low cost en Afrique de l’ouest ?

Si l’impact humain est palpable, c’est aussi parce que Point-Afrique affiche des résultats économiques suffisamment encourageants (30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2002/2003). L’entreprise emploie directement une quarantaine de salariés, plus une vingtaine en saison haute. Au-delà de l’activité économique, dont les retombées profitent déjà aux populations locales, les bénéfices de la coopérative - 2,5 millions d’euros en 2002/2003 - passent eux aussi à la moulinette du projet éthique. 1,5 million est affecté à une réserve, pour "assurer le risque économique" de la compagnie. Un autre million est réinvesti dans des projets locaux.

La compagnie n’a pas perdu en chemin le sens des affaires. Elle envisage de mettre un pied en Afrique orientale. Egypte, Madagascar et Rwanda étaient à l’étude ces derniers mois. Mais les projets n’ont pour le moment pas abouti. Au-delà des vols Nord-Sud, elle lorgne le marché des liaisons régionales et travaille au lancement d’une compagnie ouest-africaine à bas prix, une "low cost" comme on dit. Point-Afrique change (un peu) de métier, mais jure garder le cap fixé il y a huit ans : "lutter contre le désenclavement".

Liens de l’article :
Le site de Point-Afrique

[1] Ensemble de parcs régionaux plantés à cheval sur les territoires du Bénin, du Burkina Faso et du Niger

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