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28-05-2015
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Sciences
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Le business des grossesses

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Le business des grossesses
(Crédit photo : Suzanne Lee / Panos - Réa)
 
Fécondation in vitro, insémination artificielle, gestation pour autrui… Si on veut un bébé, on a l’embarras du choix et des prix. Etude d’un marché juteux.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le bébé marchandise n’est pas que l’assouvissement du désir universel d’enfant, c’est aussi un gigantesque marché qui prend racine sur une pathologie commune à plus de 48 millions de couples à travers le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé : l’infertilité. S’ajoutent à cela les « victimes » d’une nouvelle infertilité, dite sociale – femmes ou hommes seul s, couples de même sexe –, et nous voilà face à un business de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

D’après une étude de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France réalisée en 2007-2008, entre 18% et 24% des couples ne parviennent pas à avoir un enfant après douze mois sans contraception. Un enfant sur mesure, mitonné dans un tube en plastique et mis au chaud dans une étuve, c’est comme les costumes, ça a un coût. Pour une fécondation in vitro (FIV) ou une insémination artificielle, les deux techniques « de base » de la reproduction artificielle, il faut compter 2 000 à 4 000 euros en moyenne. « Cela englobe les examens qui explorent la cause de l’infertilité et quatre cycles de ponction d’ovocytes et d’insémination d’embryons », détaille Dominique Royère, directeur du service procréation, embryologie et génétique humaines à l’Agence de la biomédecine. Si madame a moins de 42 ans, si le couple hétéro est déclaré médicalement infertile, alors l’ensemble du processus est pris en charge par la sécu, les quatre cycles inclus. A cela s’ajoutent les médicaments prescrits dans le cadre des troubles légers de l’infertilité féminine. Chaque année, les médecins spécialistes réalisent entre 130 000 et 140 000 gestes (ponction, FIV, insémination…). Pour l’assurance-maladie, la facture se situe entre 260 et 280 millions d’euros.

Dans une autre catégorie, le marché américain des services à l’infertilité atteint plus de 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) ! « Il est quatre fois plus important qu’il y a vingt-cinq ans, signale John LaRosa, directeur de recherche à l’institut Marketdata, et cela progresse en moyenne de 3,6% par an. D’ici à 2018, ce marché dépassera très probablement les 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros, ndlr). » La FIV représente à elle seule la moitié de ce business. Aux Etats-Unis, le cycle moyen d’une FIV coûte environ 13 000 dollars (11 500 euros). Selon la Société américaine de médecine reproductive, près de 165 000 cycles ont été conduits en 2011 dans les 451 cliniques de fertilité. « Environ 50 000 bébés naissent chaque année grâce aux méthodes d’AMP (assistance médicale à la procréation, ndlr), un chiffre qui ne cesse d’augmenter puisque les femmes reportent leur grossesse à cause de leur carrière », explique John LaRosa.

Emprunter pour enfanter

Les cliniques de fertilité proposent des services à la carte, comme au restaurant : un don d’ovocytes avec implantation varie entre 15 000 et 20 000 dollars (13 300 et 17 700 euros) ; l’insémination intra-utérine, jusqu’à 2 000 dollars (1 775 euros) ; le don de sperme, de 300 à 400 dollars (de 266 à 355 euros). L’assistance à la procréation n’est pas à la portée de toutes les bourses et avoir une assurance médicale ne change pas grand-chose. « La plupart des gens doivent souvent souscrire un emprunt, explique James F. Smith, directeur de recherche au Centre de santé reproductive de l’Université de Californie, aux Etats-Unis, car ils ne disposent pas de 20 000 dollars (17 700 euros, ndlr) comme ça ! » Autre solution onéreuse : la fameuse gestation pour autrui (GPA). Aux Etats-Unis, les coûts pour ce service tournent autour de 50 000 à 100 000 dollars (de 44 000 à 89 000 euros). Ils incluent l’entregent de l’agence, la compensation financière à destination de la mère porteuse et les frais d’avocat.

Heureusement pour les couples en mal d’enfant, la GPA low cost est arrivée ! Elle est disponible en Géorgie, en Ukraine, en Russie et surtout en Inde. Avec une technologie à bas coût, des médecins qualifiés, une bureaucratie conciliante et des mères porteuses à la pelle, l’Inde est devenue une destination de choix pour la GPA. Le pays a légalisé la pratique depuis 2002. Dix ans plus tard, ce tourisme procréatif a généré 2,3 milliards d’euros, d’après la Confédération du tourisme indien. Plus de 3 000 cliniques attendent des couples venus d’Australie, de Grande-Bretagne ou du Japon. Selon les cliniques, ils vous en coûtera entre 12 000 et 25 000 euros pour l’ensemble du procédé, de l’implantation de l’embryon à la naissance. Logées, nourries, blanchies, les mères porteuses – souvent des femmes mariées, illettrées et miséreuses – y patientent durant leur grossesse. Elles touchent environ 5 000 à 6 000 euros, l’équivalent de plusieurs années d’une paye ordinaire. Et jusqu’à 9 000 euros lorsqu’elles livrent des jumeaux ou des triplés. La plus connue de ces cliniques, Akanksha Infertility, a déjà fourni plus de 800 bébés depuis sa création en 2004. —

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

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