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10-05-2007
Mots clés
Finance
Monde
Amérique Latine

Le Sud veut casser la banque

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Plusieurs pays latino-américains ont annoncé vouloir créer une Banque du Sud et damer ainsi le pion au Fonds monétaire international. Changement d’époque.
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Comme chaque dimanche, goguenard, le président vénézuélien Hugo Chavez se présente face aux téléspectateurs. Il délaisse, c’est rare, sa cible favorite – les Etats-Unis – pour s’adresser directement aux grandes institutions financières internationales. « Mesdames et messieurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, le Venezuela vous remercie, mais nous n’avons plus besoin de vos services. » A l’image de l’Argentine, du Brésil ou de l’Uruguay, les pays sud-américains effacent peu à peu leurs ardoises contractées ces trente dernières années et parlent d’émancipation.

Le FMI est-il au bord de la faillite ? - Le FMI est né, comme la Banque mondiale, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Sa mission consistait à l’origine à « garantir la stabilité monétaire internationale ». Cette coopérative de 180 pays – au choix, pompier ou gendarme de la planète – a fait ses choux gras notamment au cours des décennies 1980 et 1990. Mais la conjoncture s’est retournée. « L’économie mondiale va mieux, explique Xavier Timbaud, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les cours des matières premières flambent et les pays en voie de développement retrouvent des réserves financières suffisantes pour solder leurs dettes. » Du coup, les comptes du FMI virent peu à peu au rouge. Les créances envers l’institution, qui dépassaient les 100 milliards de dollars en 2003, sont passées sous la barre des 50 milliards en 2005. D’après le dernier bulletin du FMI, la nation la plus endettée aujourd’hui est la Turquie avec 6,88 milliards d’euros. Une paille en comparaison de l’Argentine ou du Brésil des années 1990.

Quelle alternative pour le Sud ? - Les pays pauvres auraient-ils subitement coiffé la couronne de Crésus ? « Pas du tout, répond Xavier Timbaud de l’OFCE, les nations en quête de capitaux se tournent vers d’autres bailleurs de fonds. Au choix : des pays tiers – comme la Chine ou le Venezuela – ou bien des banques privées. » Mais le FMI, lui, se retrouve le bec dans l’eau. « Le FMI comme institution de domination est aujourd’hui mal en point, analyse Damien Millet, président de l’antenne française du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM), les pays du Sud sont donc contraints d’aller voir ailleurs. » Et ils ne s’en privent pas.

Les présidents Chavez (Venezuela), Correa (Equateur), Lula (Brésil), Morales (Bolivie) et Kirschner (Argentine) ont appelé à la création d’une Banque du Sud. L’objectif annoncé : aider les pays membres de cette organisation à financer des projets de développement. « L’initiative, notamment du président Hugo Chavez, est bonne, analyse David Recondo, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). Elle met en lumière le fait que Banque mondiale et le FMI n’ont pas répondu à leur mission de développement, et qu’ils se sont limités à un rôle de prescripteurs de politiques monétaires restrictives. Reste maintenant à savoir si ces annonces seront suivies de faits. » Faut-il se réjouir de la crise du FMI ? - Pour les militants du CADTM, c’est une évidence. Mais Damien Millet préfère rester sur ses gardes. Il juge qu’il est davantage probable de voir le FMI « changer d’image et se faire un ravalement de façade », que de le voir disparaître. D’ailleurs, selon lui, « le FMI fait déjà face à une double concurrence ». Celle de la Chine d’abord qui, n’étant pas membre du G8, est libre de jouer les bailleurs de fonds. Et puis celle des hedge funds, ces puissantes organisations financières capables de racheter la dette des pays pauvres pour une bouchée de pain et de se faire ensuite rembourser au prix fort.

La revanche du Sud ? - Cette semi-défaite du FMI consacre-t-elle les pays du Sud ? Oui dans une certaine mesure. Car un pays comme l’Equateur, qui réservait 38 % de son budget au règlement de sa dette et 12 % à ses dépenses sociales, va pouvoir inverser la tendance. Le président Correa a d’ailleurs expulsé le représentant de la Banque mondiale ! Pour autant, l’équation n’est pas si simple. Xavier Timbaud brandit même le risque de faillites en cascade. « Je ne veux pas défendre la politique du FMI, qui a sans doute échoué dans sa mission première. Mais l’affaiblissement, voire la disparition des grandes institutions financières, conduirait à une totale dérégulation des mouvements monétaires. L’économie se retrouverait de fait dans une situation pré-1929. Avec les risques que l’on connaît. »

Sources de cet article

Le site du CERI

Le site du Cadtm

Le site de l’OFCE

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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