La guerre du brocciu

Quel rapport entre les nuits bleues et l’arrivée du brocciu sur les marchés corses ? C’est que, dans le maquis, même les bêtes sont politiques et ce fromage – de brebis et de chèvre – est un emblème. Le brocciu est le seul produit issu de l’élevage de l’île à bénéficier d’une appellation d’origine contrôlée. Mais c’est la vieille hégémonie aveyronnaise qui a tracé le destin des bergers corses. Pendant un siècle, les industriels de Roquefort achetaient le lait du bétail insulaire pour l’affiner et créer leur fromage bleu. Mais, au tournant des années 1970, les ventes de Roquefort stagnent, tandis que l’Ile de Beauté commence à avoir la cote. Les Aveyronnais décident donc de fabriquer… des fromages corses ! Pourquoi pas de la « brousse », une copie du brocciu ? Les bergers bataillent pour protéger leur produit. Il n’a alors aucune chance d’obtenir un label mais, en 1983, l’île vient d’obtenir un statut particulier, doté d’une Assemblée. Des bergers mobilisés pour la sauvegarde d’un produit régional, voilà une image qui tombe à pic. Sur place, le président Mitterrand déguste, et l’affaire est dans le sac. Qui eût cru que le fiadone, mon gâteau préféré à base de brocciu, eut l’Histoire en fond de tarte ? —

Tradi ? Goûtez la tarte ou l’omelette au brocciu. Audacieux ? Testez le cheesecake ou la brick fourrée !