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16-11-2009

L’homme qui voulait sauver le rêve américain

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L'homme qui voulait sauver le rêve américain
 
Depuis juillet dernier, l’infatigable Bruce Marks parcourt l’Amérique à la rencontre de gens sur le point de perdre leur maison. L’édition 2009 de son "Save the Dream Tour" a attiré à ce jour plus de 350 000 personnes dans 8 villes différentes : Cleveland, Chicago, Saint Louis, Atlanta, Los Angeles, Phoenix, Las Vegas et San Francisco. L’objectif de ce quinquagénaire qui terrorise les banques : forcer les institutions financières à restructurer les prêts de propriétaires menacés de saisies immobilières. Portrait de ce robin des bois des temps modernes parti défendre les victimes de la crise du subprime.
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À San Francisco, ils étaient près de 45 000, cinq jours durant, à se presser aux portillons du Cow Palace, gigantesque arène traditionnellement réservée aux événements sportifs et concerts. Certains avaient campé la veille dans l’espoir de partager leurs soucis financiers avec les représentants de NACA, la Neighborhood Assistance Corporation of America, organisation à but non lucratif basée à Boston dans le Massachusetts. La mission de cette association fondée par Bruce Marks il y a plus de 20 ans pour aider les foyers modestes à accéder au rêve américain ? S’attaquer aux requins prédateurs que sont les institutions financières, selon les termes utilisés par son fondateur. Et les forcer à racheter leurs péchés en restructurant le plus grand nombre possible de prêts. L’objectif de ces gens venus par milliers au Cow Palace, prêts immobiliers sous le bras ? Sauver leur maisonnée et faire baisser les taux d’intérêt de leurs prêts, les banques ayant été conviées à réexaminer leurs dossiers au cours de cette grande assemblée. Partout la même chanson : des prêts aux taux faramineux, des propriétaires financièrement au bord du gouffre et des maisons sur le point d’être saisies par les banques. Et un rêve américain qui part en fumée. Ajoutez à cette ambiance morose une crise économique sans précédent et un taux de chômage record (12% en Californie).

Ressusciter l’American Dream

Pour Bruce Marks, il s’agit de réparer les dégâts et s’attaquer à l’ennemi public numéro un : les prêts à taux d’intérêts variables responsables de la crise du subprime. Ces prêts à risque, accordés à des ménages aux revenus souvent modestes, incitaient les Américains à acheter des maisons bien au dessus de leurs moyens sous couvert d’un taux d’intérêt particulièrement bas mais sur une durée bien évidemment limitée. « Combien de témoignages ai-je entendu de gens qui se sont retrouvés tout à coup avec des mensualités à 2 000 ou 3 000 dollars alors que leurs revenus ne leur permettaient au maximum que des remboursements de 1 000 dollars par mois », raconte Bruce Marks qui considère que les banques, avec leurs tactiques peu scrupuleuses, sont parvenues à détruire le mythe du rêve américain. « Mon objectif est de sauver le rêve américain qui existait avant que les investisseurs du monde entier ne décident de s’en emparer », affirme le PDG de NACA. Il estime que sa tournée Save The Dream, qui s’achèvera en décembre, aura permis de restructurer plus de 100 000 prêts.

Sa vision de l’histoire ? Le rêve américain était considéré comme un principe sacré. Investir dans l’immobilier aux États-Unis est donc devenu au cours de la dernière décennie l’investissement le plus sûr au monde sous prétexte que chaque Américain pouvait accéder à ce rêve et que le marché ne s’effondrerait donc jamais. « Très vite les investisseurs du monde entier ont voulu s’approprier une part de ce marché. Pour répondre à la demande les institutions financières ont cherché à perpétuer cette illusion en créant des crédits hypothécaires voués à l’échec », explique Bruce Marks, qui revêt volontiers sa cape de Zorro pour venir au secours des petites gens et ranimer un rêve américain mis chaos par la crise des subprime. La suite de l’histoire est connue : le château de cartes s’est effondré. « Il faut revenir aux prêts à taux fixe s’étalant sur trente ans, un concept qui a permis l’avènement de l’American Dream », martèle celui qui est devenu la bête noire des institutions financières mais qui sait cependant négocier avec les banquiers lorsqu’il a besoin d’eux. Né dans un milieu privilégié, Bruce Marks a fait des études de finances à la prestigieuse NYU, université privée new-yorkaise (réputée pour son excellence plutôt que pour l’activisme social de ses élites) avant d’accepter un poste à la Federal Reserve Bank de New York, institution chargée de réguler et superviser les institutions financières. « Pour mieux combattre son ennemi, il faut apprendre à le connaître », assure ce rebelle aux tactiques d’intimidation controversées.

Terrorisme non violent

Pour faire fléchir John Mack, le PDG de Morgan Stanley, Bruce Marks, s’est planté devant chez lui en compagnie de militants de la NACA, des méthodes qui évoquent étrangement celles du réalisateur Michael Moore. « Je prône la non violence mais le combat devient personnel car, lorsqu’il s’agit de défendre le droit à la propriété des petites gens, il faut s’attaquer au haut de l’échelle », affirme-t-il. « Lorsque nous avons manifesté devant la maison de John Mack, nous avions pour objectif de rendre son existence infernale et de faire en sorte que ses voisins le prennent en grippe. Et si mes méthodes sont critiquées par ceux qui me traitent de terroriste, je persiste et signe car ces tactiques non violentes sont les seules à porter leurs fruits », ajoute-t-il. Selon lui, 20 minutes après l’arrivée des manifestants, John Mack l’a appelé pour lui dire qu’il était prêt à écouter ses revendications.

Le PDG de Naca prévoit de finir sa tournée en hommage au rêve américain à New York. Le temple de la finance accueillera le Save The Dream Tour du 11 au 15 décembre prochain. Selon les projections des économistes, 6 à 8 millions d’Américains seront l’objet de saisies immobilières au cours des trois prochaines années. Bruce Marks, qui se compare volontiers à un pitbull, jure donc de ne pas lâcher prise.

Sources de cet article

- Le site de Naca
- Crédit photo : Grantlin Banks/NACA. Légende : Bruce Marks, le PDG de Nasa, au Cow Palace de San Francisco qui accueillait son « Save the Dream tour ». Le moment le plus gratifiant selon lui ? Celui de s’entendre dire « merci, vous avez sauvé ma maison ».

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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