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4-12-2008

L’automobile est-elle morte ?

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L'automobile est-elle morte ?
 
Les constructeurs mondiaux vont mal. La crise fait peser le risque de faillites, notamment au États-Unis. Chômage partiel ou restructuration totale, quelles sont les solutions pour le secteur ?
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Comment se porte le secteur automobile mondial en cette fin d’année 2008 ?

Très mal. Sur le mois de novembre, la vente de voitures neuves a baissé de 14% en France par rapport à novembre 2007, de 18% au Japon et en Allemagne, de 30% en Italie, de 37% aux États-Unis et de 49% en Espagne [1] !

Les raisons sont diverses. Jean-Michel Boussemart, économiste et délégué général du Coe-Rexecode [2] invoque les prix très hauts de l’énergie, et notamment du pétrole cet été. À ce renchérissement de l’essence s’ajoutent la crise économique et la rareté du crédit : les banques ne prêtent en effet plus d’argent à cause de la récession. Or beaucoup de consommateurs empruntent pour acquérir un véhicule.

"Face à ce manque de crédit, les particuliers comme les entreprises renoncent à acheter une nouvelle voiture. Ils préfèrent prolonger la vie de celle qu’ils ont déjà", explique Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE [3].

Est-ce la fin de la voiture ?

Non, selon Henri Sterdyniak : le secteur traverse une crise "à la fois conjoncturelle et structurelle". C’est-à-dire que les évènements actuels (crise économique, prix de l’énergie) l’affectent. Le problème réside aussi dans son fonctionnement, sa structure. Ce secteur, symbole des Trente Glorieuses et de la formidable croissance économique de l’après-guerre, n’arrive plus à répondre aux exigences sociales et légales actuelles. La concurrence de l’étranger, notamment de l’Asie, et les nouvelles normes concernant les rejets polluants et la consommation d’énergie ont évolué plus vite que les innovations des constructeurs européens ou américains.

Mais la voiture a encore de beaux jours devant elle, selon Jean-Michel Boussemart : l’automobile est "le symbole de la liberté de déplacement". Il estime qu’elle doit changer, s’adapter aux exigences environnementales, mais que les BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine, donc les nouveaux géants mondiaux en terme d’industrie et de consommation - ne vont pas renoncer à s’équiper en véhicules. Ils veulent, comme l’ont fait l’Europe et l’Amérique, satisfaire massivement ce besoin de liberté.

Quelles transformations doit alors opérer le secteur automobile ?

Henri Sterdyniak estime que c’est la fin d’une époque de gaspillage en matière d’énergie. L’aéronautique devra d’ailleurs bientôt relever ce même défi d’économie des matières premières. "L’auto doit réduire sa consommation en carburant, mais aussi en matériaux de construction (métal, plastique, etc), complète Jean-Michel Boussemart. Ceux qui trouveront une vraie alternative à l’essence en sortiront gagnants".

Quoi qu’il en soit, une reconversion est incontournable. "Il faut réinventer l’auto", pense Henri Sterdyniak. "La bagnole ne peut plus rouler à l’essence", renchérit Jean-Michel Boussemart. À long terme, il faut donc revoir la technologie. Mais à court terme ? L’économiste de l’OFCE comme son homologue de Rexecode sont unanimes pour dire que la réduction de l’activité, et donc le chômage partiel ou les licenciements qui devraient avoir lieu d’ici six mois, sont inévitables. Si la demande se réduit durablement, c’est un passage obligé, disent-ils en substance.

"Les stocks coûtent très cher, explique Jean-Michel Boussemart. Les constructeurs n’ont donc pas le choix". "Pour les États-Unis, les alternatives sont simples : subventionner massivement le secteur, ce qui revient à le nationaliser, ou presque, ajoute Henri Sterdyniak, ou alors laisser tomber les Big Three - les trois grands constructeurs américains, soit General Motors, Ford, Chrysler - et attendre que la relève vienne des petits".

La crise aura-t-elle du bon ?

Dans un sens, oui. "Comme pour les gens qui fument, il faut souvent un pépin de santé pour prendre conscience de son état, compare Henri Sterdyniak. La crise a permis une prise de conscience collective des problèmes du secteur".

Jean-Michel Boussemart est plus mesuré. "La crise a certes révélé le fait que la croissance n’était pas soutenable. Mais le coût en emplois risque d’être bien trop lourd. Il faut souhaiter que l’automobile reste un fleuron national". Il ajoute qu’il souhaite que l’État subventionne davantage les sous-traitants du secteur, plus fragiles que les grosses entreprises, plutôt que le pouvoir d’achat des ménages. "Donner aux Français les moyens d’acheter une voiture sans aider les producteurs, c’est sacrifier la production nationale au profit des constructeurs étrangers".

[1] source : Rexecode

[2] Coe-Rexecode : Centre d’observation économique et de recherche pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises

[3] OFCE : Observatoire français des conjonctures économiques

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