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29-04-2004
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Société
Europe

L’Italie tourne à l’ordinaire (suite)

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Trop peu

...Ce sentiment de contrainte est ressenti par bon nombre d’Italiens, obligés de se débrouiller avec des salaires trop bas face à des prix trop hauts. En février dernier, l’institut de sondage SWG révélait ainsi que les fiches de paye d’un actif sur cinq ne dépassent pas le cap symbolique des 1000 euros. Moins discutable qu’un institut de sondage, la banque suisse UBS s’est penchée sur l’anomalie salariale italienne à travers la réalisation d’une vaste enquête sur le pouvoir d’achat réel des Européens. Il en ressort qu’un ingénieur électronicien français jouit d’un pouvoir d’achat 60% supérieur à son homologue italien. Et que dire du différentiel de 88% qui existe entre un instituteur du bel paese et son collègue allemand ? Deux professions qui jusqu’alors délimitaient la classe moyenne - de l’enseignant à l’ingénieur - et qui partagent désormais la même angoisse du lendemain que les six millions d’individus constituant la classe ouvrière.

Verdict sans appel

Mais c’est le journal Il Corriere della Sera - pas particulièrement marqué à gauche - qui a jeté le plus gros pavé dans la mare, en publiant une cartographie salariale détaillée. Le journal a trié un million de fiches de paye et calculé leurs augmentations sur les trois dernières années. Etalée en Une, la conclusion du quotidien est sans équivoque : "On peut adopter la politique de l’autruche, on peut parler d’autre chose, mais le verdict est sans appel : la question salariale est devenue explosive. Les salaires de toutes les catégories de travailleurs ont clairement perdu la guerre contre l’inflation".

Classe moyenne fragilisée

C’est un fait : pour la première fois depuis 20 ans, l’inflation court plus vite que les salaires et frappe en priorité la classe moyenne. Selon cette enquête, les employés ont perdu 13,3% de leur pouvoir d’achat, les ouvriers 9,3%, les dirigeants 6,8% et les cadres 4,9%. Une situation préoccupante qui touche également les jeunes (selon SWG, trois travailleurs de moins de 24 ans sur quatre perçoivent un salaire inférieur à 1000 euros) et les femmes (une femme active sur deux touche moins de mille euros). Pas de chance pour Cristina qui cumule finalement les deux "handicaps". 24 ans, les yeux clairs, blonde vénitienne, elle sourit peu, ne fume pas, fréquente les discothèques, parle beaucoup et dans toutes les langues, mais n’aime pas qu’on lui pose trop de questions.

990 euros de salaire mensuel

Elle vit avec ses parents à Bergame, "malheureusement pas dans la vieille ville", et découvre les joies de la vie active. "Après ma maîtrise de lettre, j’ai voulu travailler dans la communication. J’ai fait des petits boulots de traduction, de secrétariat et puis j’ai trouvé cette agence de publicité qui m’a donné un vrai contrat... enfin, à durée déterminée, mais c’est déjà pas mal !" se réjouit-elle. Il lui manque pourtant l’essentiel. "Mes 990 euros de salaire mensuel ne me permettent pas d’envisager de vivre seule. Le moindre studio m’en prendrait la moitié". Alors, comme Antonio, elle reste chez ses parents en attendant des jours meilleurs. Une solution serait l’expatriation dans un autre pays d’Europe. À moins qu’elle ne déniche la perle rare qui l’aiderait à quitter le nid familial, "un jeune homme beau, riche et intelligent... le rêve quoi !". Mais le rêve peut attendre. Pour l’heure, les parents sont là.

Famille trop chère

"Ce n’est pas toujours facile d’être parent". Mario, napolitain de naissance et romain d’adoption, a un souhait. Avec sa femme Marina, ils voudraient simplement avoir un second enfant. "Nous y réfléchissons depuis cinq ans, mais on se dit toujours qu’il vaut mieux attendre, que ce n’est pas le moment. Puis l’année dernière ma femme a perdu son emploi, ce qui a provisoirement éliminé tout espoir. J’ai commencé à découvrir la vie avec un seul salaire, les traites de notre maison, celle de la voiture, les factures d’électricité, les frais de ma fille... alors avec deux enfants, je ferais comment ?".

Pas de quotient familial

À 44 ans, ce technico-commercial peine à contenir son agacement face à l’absence de politique familiale dans le pays. Il ne faut pas lui parler des aides de l’Etat, "d’à peine 30 euros par mois...", ni même de la prime gouvernementale de 1000 euros offerte à tous les parents d’un second enfant. "Ce n’est pas suffisant ! En Italie, que vous soyez deux ou six dans une famille, ça ne change rien au niveau des impôts". Le système fiscal ne prend effectivement pas en compte le calcul du quotient familial pour l’imposition sur le revenu, comme cela est pratiqué en France. D’après Mario, il ne faut pas s’étonner ensuite que l’Italie ait le plus faible taux de fécondité d’Europe (1,2%).

Berlusconi ne nie plus

Disparu, le temps des nombreux bambins autour de la vénérée Mamma. Hormis le pape, qui exhorte les Italiens à procréer dans le cadre des liens sacrés du mariage, rien n’encourage à sauter le pas. Mais le gouvernement a souhaité préciser que la mesure de calcul du quotient familial était à l’étude, et qu’elle serait probablement adoptée à l’unanimité si elle était présentée... Seulement tant qu’il n’y a pas de signes de reprise économique, les caisses de l’État ne peuvent assumer un tel manque à gagner. La ritournelle est connue. En attendant, élections européennes obligent, le gouvernement Berlusconi, après avoir nié purement et simplement les problèmes, s’intéresse un peu plus à "l’Italie ordinaire", celle qui s’interroge sur ce qu’elle transmettra demain à ses enfants.

Les tiers états

Son diagnostic est classique et partagé par ses homologues français ou allemands : la conjoncture est mauvaise et les commerçants abusent du taux de change. En revanche, son traitement est plus insolite. Quoique. Pour s’en sortir, il faut améliorer la productivité et la flexibilité du travail en supprimant quelques jours de congés. En deux mots : travaillez plus ! Pour le syndicat majoritaire italien CGIL, c’est le modèle de répartition des richesses qui a muté, "il y a encore dix ans le risque était d’avoir un tiers d’exclus. Aujourd’hui, il semble que cette pyramide se soit renversée : un tiers vit bien, pendant qu’un autre tiers est pauvre et le reste, au bord de la précarisation". Pour Angela, la concierge à la langue bien pendue, "la vie se résume à travailler pour payer des factures, et l’Europe n’y change rien, bien au contraire".

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