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27-12-2009
Mots clés
Technologie
Energies
Afrique
Reportage

Kenya : le pays où le téléphone est branché sur le soleil

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Kenya : le pays où le téléphone est branché sur le soleil
 
Safaricom a imaginé un portable qui se recharge à l’énergie solaire. Après avoir conquis les bidonvilles où l’électricité est défaillante, il s’attaque à un marché prometteur : les campagnes.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Wilmoth Kariuki peut désormais économiser les cinquante shillings kényans (50 centimes d’euro) qu’il dépensait tous les deux jours pour recharger son téléphone au kiosque de son quartier. Une somme élevée pour ce jeune « askari » (gardien) qui gagne à peine 60 euros par mois en travaillant 6 jours sur 7. Dans son 10 m2 du bidonville de Kawangware, à l’ouest de Nairobi, la capitale kényane, l’électricité se fait de plus en plus rare. Les coupures sont quotidiennes et peuvent parfois s’éterniser sur plusieurs jours. Mais désormais, il s’en passe. Un cousin lui a en effet offert un téléphone solaire. Grâce au capteur intégré à la batterie, il suffira de six heures par ciel nuageux pour lui assurer près de 45 minutes de conversation et huit heures en plein soleil pour recharger complètement l’appareil. « Le seul problème, c’est que la recharge solaire est beaucoup plus lente que sa version électrique. Et il faut faire bien attention à ne pas se la faire voler en l’exposant toute la journée en plein air ! », explique Wilmoth en souriant.

Concurrents dans les Caraïbes

Lancé par Safaricom, premier opérateur de téléphonie mobile au Kenya avec 13 millions de clients, le « simu ya solar » (« téléphone solaire » en sheng, argot urbain, mélange de swahili et d’anglais) est fabriqué à partir de matériaux recyclables. Il se vend 2 999 shillings kényans, soit environ 27 euros. Cela en fait l’un des téléphones les moins chers du marché, même s’il ne peut encore concurrencer le modèle le plus basique signé Nokia. Lors de sa présentation en août 2009, le « simu ya solar » a bénéficié d’un soutien de poids en la personne de John Michuki, le ministre kényan de l’Environnement et des Ressources minérales. A l’époque, Safaricom était la première société au monde à commercialiser ce téléphone, dont la technologie a été développée par Intivation, société néerlandaise spécialisée en énergie solaire. L’initiative a fait des émules : Digicel – présent dans les Caraïbes et en Amérique centrale – ou l’ougandais Uganda Telecom commercialisent désormais leur propre téléphone solaire. Ce produit à recharge solaire constitue, à plus d’un titre, une révolution au Kenya. La production d’électricité repose en effet à plus de 60 % sur l’hydraulique. Et a été fortement perturbée cette année par une terrible sécheresse. Sans compter que le pays est déjà au bord de la saturation avec une capacité électrique globale de seulement 1 000 MW. Des rationnements ont été mis en place trois jours par semaine. Les zones les plus affectées sont les bidonvilles, où logent près des deux tiers de la population de la capitale.

Pour la brousse

Dans un pays où seulement 20 % de la population a accès à l’électricité, le téléphone solaire a de beaux jours devant lui. Les zones rurales constituent un débouché prometteur. Selon Michael Joseph, le directeur exécutif de Safaricom, « le creuset de la clientèle » se trouve en effet en dehors des zones urbaines. Jusqu’à présent, 40 000 téléphones ont été vendus sur un total disponible de 100 000. Et la société espère écouler la totalité de son stock d’ici à la fin 2010. Dans ce magasin du centre-ville de Nairobi, sur l’avenue Kenyatta, les clients s’informent régulièrement sur le nouveau produit. « Nous vendons surtout le “simu ya solar” à des personnes vivant dans les quartiers périphériques, explique Jackie Madowo, l’une des vendeuses. Mais une population de gens aisés veulent aussi se le procurer pour l’offrir à leur famille vivant dans la brousse. Car ils doivent souvent parcourir plusieurs kilomètres à pied pour recharger leurs téléphones dans un village ayant accès à l’électricité. » L’objectif commercial est évident : les clients qui achètent généralement moins d’un euro de temps de communication, au coup par coup, seront plus souvent tentés d’acheter les cartes prépayées, disponibles dans les 1 500 points de vente du pays.

Pied de nez

Safaricom, société de téléphonie mobile la plus rentable d’Afrique de l’Est, s’offre ainsi une nouvelle clientèle potentiellement régulière dans un pays où les deux tiers de la population gagnent moins d’un dollar par jour (0,67 euro). Elle réalise également un joli pied de nez à son concurrent direct, la société de téléphonie koweïtienne Zain (ancien Celtel, rachetée en 2006). Pour 2011, l’un des objectifs sera de baisser le prix du téléphone à 1 999 shilling kényans, soit environ 18 euros. Safaricom mise également sur un développement des énergies renouvelables. Sur les 400 antennes relais du groupe, une soixantaine fonctionnent déjà grâce à l’énergie éolienne ou solaire. Et ce nombre est appelé à croître dans les prochains mois. —

L’AFRIQUE, ELDORADO DU PORTABLE

La téléphonie mobile a explosé en Afrique plus que partout ailleurs dans le monde, le nombre d’abonnés est passé de 54 millions en 2003 à 350 millions en 2008, selon un rapport de l’ONU. Dans de nombreux pays du continent, la téléphonie fixe, quasi inexistante, a cédé sans transition la place aux portables, qui bouleversent la vie quotidienne des habitants. Nombre de pays africains sont en effet à la pointe de l’innovation. Avec un SMS, on peut désormais transférer de l’argent de particulier à particulier ou payer sa facture d’électricité au Kenya. Et ce, sans détenir de compte bancaire ! En Afrique, posséder un téléphone portable, voire deux ou trois, permet aussi de se situer sur l’échelle sociale. Bien sûr, les disparités sont immenses : le taux de pénétration est de moins de 40 % sur le continent, mais de 90 % au Gabon contre 2 % en Ethiopie.

Photo : Petterik Wiggers - Panos-Rea

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