Jean-Marc Borello, pourquoi la création de ce mouvement ? Vous voulez concurrencer le Medef ?
JM Borello : Pour au moins trois raisons. D’abord car il était temps de jeter un pavé dans la mare. Il faut réhabiliter la notion d’entrepreneur. Ce terme est galvaudé, alors que cette dimension est indispensable pour créer. Et il ne faut pas se tromper : c’est la façon d’imaginer puis de gérer qui fait qu’un entrepreneur devient un bon entrepreneur ou un salopard. Rien d’autre ! La seconde motivation qui nous a poussée à créer le Mouves, c’est le fait que nous voulions un mouvement de femmes et d’hommes, davantage qu’une simple institution. On rassemble ainsi au même endroit des individus qui ont envie de créer ensemble. Enfin le dernier élément, c’est que je me moque des statuts. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les abrutis. Le Mouves est donc un rassemblement.
Vous parlez de statut, celui de coopérative est-il un idéal à vos yeux ?
Le statut ne fait en aucun cas la vertu. J’ai croisé et pratiqué des dizaines et des dizaines d’associations. Des associations de malfaiteurs aussi ! Je ne crois pas à la vertu naturelle, notamment des entreprises. je crois à l’intérêt. L’économie sociale et solidaire - ma famille - doit évoluer et comprendre que le monde a changé. Le Mouves accueillait deux ou trois dizaines de membres à sa création, j’espère que nous serons 400 cet été. Nous pourrons alors aller voir le Medef et discuter. Car l’idée n’est pas de fermer la porte et de travailler entre nous. regardez ce que fait le WWF avec les grandes entreprises - comme Danone notamment - voilà une bonne piste ! On peut parfaitement apporter de la critique et progresser dans le même temps.Et vous leur diriez quoi au Medef ?
Eh bien que l’évolution sociale passera par un cœur de pratiques disons "convenables" des entreprises. Une meilleure RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise), des finances solidaires et durables... bref une petite révolution chez ces poids lourds du Cac 40. Nous n’aurons sans doute pas de grands soirs mais le Mouves doit contribuer à organiser des petites soirées qui feront que notre monde changera. Pour cela, ma famille de l’économie sociale et solidaire doit se frotter les yeux et regarder la réalité en face. Pour faire contrepoids, pour faire bouger l’économie au sens large, nos ambitions doivent être hautes. Aujourd’hui, les salariés de l’économie sociale et solidaire ne marquent plus leur différence. Il n’y a plus de culture commune. Je vois qu’arrivent sur le marché des tas de gamins qui s’intéressent aux nouvelles pratiques et à nos structures. Or le fait est que l’économie sociale et solidaire ne sait plus les accueillir. Il faut se secouer.Jean-Marc Borello est délégué général du Groupe SOS
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