publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’économie expliquée à mon père > « Informatique verte », le nouveau bébé-bulle
Article Abonné
28-03-2010
Mots clés
Technologie
Energies
Etats-Unis
Enquête

« Informatique verte », le nouveau bébé-bulle

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
« Informatique verte », le nouveau bébé-bulle
 
Aux Etats-Unis, Twitter, Google ou Yahoo courent après la réduction de leur empreinte écologique. Et transforment ce juteux business en nouvelle philosophie d’entreprise.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

(de notre correspondante en Californie)

Google, Yahoo, Microsoft, Apple, Facebook, Twitter : ces noms ont envahi notre quotidien. En quelques années, ces rois de l’Internet et de l’informatique nous ont transformés en drogués des technologies de l’information et de la communication (TIC), des e-mails et autres twitters. Si nos comportements virtuels ne semblent guère menaçants, songez que pour la planète, nous sommes loin d’être irréprochables. La faute aux géants mentionnés ci-dessus qui, pour répondre à cette folie du Web, doivent planter dans le monde entier des serveurs informatiques – les data centers – très consommateurs d’énergie. Une étude du cabinet McKinsey et de l’Uptime Institute publiée en 2008 annonçait que ces serveurs produisaient davantage de CO2 que l’Argentine et les Pays-Bas réunis (lire aussi Terra eco n°2, avril 2009). Mais l’« informatique verte » – la green IT – nous le promet : elle va sauver le monde. Et nos méchants vont donc se transformer en héros.

Flopée de consultants

Electrochoc de cette prise de conscience : un rapport réalisé en 2007 par l’Agence américaine pour la protection de l’environnement, l’EPA, qui concluait que la consommation énergétique des centres de données avait doublé entre 2000 et 2006, et se dupliquerait une nouvelle fois entre 2006 et 2011. Consciente de sa lourde empreinte écologique – elle est responsable de 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – et alléchée par les profits du marché du vert, l’industrie des TIC offre désormais un tas de solutions plus respectueuses de l’environnement : serveurs et ordinateurs moins gourmands en électricité, logiciels de gestion de l’énergie… « En 2005, nous nous étions fixé l’objectif très ambitieux de réduire de moitié notre facture énergétique d’ici à 2009, objectif que nous avons réalisé tout en augmentant au passage la productivité de nos serveurs », assure Doug Oathout, vice-président green IT de Hewlett-Packard, qui précise que l’entreprise ne recense aujourd’hui que 6 centres de données contre 85 hier, preuve de son exemplarité en la matière.

Dans cette nouvelle ruée vers l’or, les géants de l’informatique – Cisco, Dell, Intel et consorts – sont bousculés par de multiples start-ups et des flopées de consultants qui s’affichent comme « spécialistes de green IT ». Forrester Research évalue le seul marché du conseil en informatique verte à 4,8 milliards de dollars d’ici à 2014. Il ne pesait que 500 millions de dollars en 2008. « L’industrie informatique s’est intéressée à la facture électrique de ses centres de données uniquement le jour où elle a compris que cela lui ouvrirait des marchés », analyse Richard Hodges, PDG de Green IT, une agence de conseil informatique basée à San Francisco. Ce dernier regrette que l’essentiel des sociétés misent sur l’innovation technologique sans repenser la façon de travailler avec leurs salariés. Selon lui, une entreprise qui décide de verdir ses opérations sans offrir à ses employés une couverture médicale ne doit être considérée comme socialement responsable. Et de rappeler aussi qu’un ordinateur ne méritera vraiment une étiquette verte que le jour où il sortira d’une usine zéro CO2.

Même son de cloche chez Hareendranath Kattana, responsable green IT pour le DNA Global Network, un cabinet de consultants de la Silicon Valley. « Vouloir réduire son empreinte carbone est une intention louable, mais il est essentiel de réfléchir à des notions plus complexes comme le cycle de vie des produits fabriqués, martèle-t-il. Il est essentiel de récompenser les comportements vertueux des employés en bonus, s’ils aident l’entreprise à réduire son empreinte carbone et sa facture en électricité, en éteignant systématiquement leur ordinateur quand ils quittent le bureau par exemple. Les employés doivent aussi profiter des économies réalisées. »

L’étincelle électrique

Mais l’informatique verte, c’est quoi exactement ? « Lorsque l’on en parle, on a tendance à penser automatiquement aux centres de données », rappelle Sheeraz Haji, le président du Cleantech Forum, une assemblée d’investisseurs dans le secteur des écotechnologies. « Le fait que Hewlett-Packard ne dispose plus que de 6 centres de données au lieu de 85 est formidable, mais il ne s’agit que d’un facteur de l’équation. La convergence entre les technologies de l’information et le secteur des technologies propres est évidente, mais il est essentiel de l’exploiter. Prenez l’exemple des lampes LED. Si vous êtes une municipalité comme Lyon en France ou Palo Alto aux Etats-Unis, il est temps de passer à des technologies permettant de réguler automatiquement l’éclairage des réverbères en fonction de la clarté de la nuit », estime-t-il, enthousiaste. Et le nouveau chouchou de la Silicon Valley, le smart grid vient confirmer cette fusion entre informatique et TIC. Quésako ? Un réseau de distribution d’électricité « intelligent » qui utilise les TIC pour optimiser la relation entre les producteurs et les consommateurs d’électricité et surtout assurer la sécurité de fonctionnement du réseau même avec de petites productions d’énergie décentralisées, intermittentes et aléatoires. Voilà un outil qui pourrait résoudre une grosse partie des problèmes des acteurs de l’éolien et du solaire aujourd’hui.

Un gros fourre-tout

Gérer les déchets informatiques, réduire sa facture énergétique, fabriquer des machines puissantes mais consommant moins d’énergie, développer le télétravail ou la vidéoconférence pour réduire les déplacements… L’informatique verte, si l’on accepte cette définition fourre-tout, devient une philosophie plutôt qu’un secteur à part entière. En présentant les tendances pour l’année 2010 et en les comparant aux précédentes, les analystes du cabinet d’études Gartner ont ainsi résumé le phénomène : « Si 2009 était l’année de la green IT, 2010 sera l’année de l’IT for green. » Traduction ? On passe du stade où l’industrie des TIC se contentait de verdir ses opérations, à l’ère où l’informatique verte est brandie comme une solution au problème du réchauffement climatique. Selon le rapport Smart 2020, intitulé « L’économie bas carbone à l’ère de l’information », les émissions de gaz à effet de serre de la planète pourraient être réduites de 15 % d’ici à 2020 grâce à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. —

ALLO, LA FRANCE ?

Qui a dit : « Je suis convaincue que c’est au frottement entre les green tech et les technologies de l’information et de la communication qu’il y a les plus belles ruptures » ? Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’Etat à la Prospective et au Développement de l’économie numérique, et ex-tête pensante du ministère de l’Ecologie (1). Pourtant, les TIC sont curieusement peu présentes dans le Grenelle de l’environnement. Depuis, les rapports se succèdent sur le bureau du gouvernement, mais les connexions sont lentes à s’établir. Dernier rapport en date : « Développement écoresponsable et TIC », en septembre 2009 (2). Il promeut le développement du travail à distance (lire aussi Terra eco n° 4, juin 2009), l’utilisation des maquettes numériques par les architectes, le déploiement des « compteurs électriques intelligents » ou encore la dématérialisation des procédures administratives.

(1) Entretien dans Le Monde informatique de mars 2009.

(2) www.minefe.gouv.fr/services/...

Photo : Eros Hoagland - Redux - Rea

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas