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29-10-2012
Mots clés
Immobilier
France

HSBC nous fait le coup du bambou

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HSBC nous fait le coup du bambou
(Crédit photo : DR)
 
Ma maison en bois, c’est enfin possible grâce au géant britannique de la banque et à ses prêts immobiliers adaptés. C’est en tout cas ce que j’ai compris de leur dernière campagne. Me serais-je plantée ?
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Ce serait beau qu’une des plus grandes banques de la planète nous aide à construire un habitat écolo, non ? « Dans le futur, votre investissement immobilier sera encore plus durable », annonce HSBC sur la page d’accueil de son site Internet et dans une publicité publiée à la rentrée dans les magazines. En illustration de sa belle prédiction, la banque britannique nous montre une ville verte faite de gratte-ciel en bambou. Ah oui, ce serait beau. Et pendant une seconde, j’y ai cru.

Stratégie

Avec 60 millions de clients dans 84 pays, HSBC Holdings est la sixième plus grande entreprise cotée en Bourse, selon le classement 2012 du magazine Forbes. Le groupe britannique atteint 102 milliards de dollars (78 milliards d’euros) de chiffre d’affaires et 16,2 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros) de bénéfices. Il vend des services bancaires, des assurances, et des prêts immobiliers.Voilà ce que propose la pub à la ville de bambou, après quelques détours : « Les écoquartiers poussent toujours plus vite dans nos villes et transforment l’habitat du XXIe siècle. Investir dans un bien immobilier reste un choix pérenne pour construire votre patrimoine et celui de votre famille. HSBC vous propose ses meilleurs taux et vous accompagne pour concrétiser votre projet immobilier : acquisition de votre résidence principale ou secondaire, investissement locatif, prêt dédié à vos travaux. Un nouveau monde émerge. Soyez-en l’architecte. »

Oh oui, je veux être Jeanne Nouvelle ! Alors je vais fouiller sur le site Internet, sûre de trouver des taux préférentiels pour mon super projet d’habitat coopératif avec panneaux solaires et récupération d’eau de pluie. Ce que je vois ? Une page « développement durable ». HSBC y affirme par exemple que « prêter et investir de manière durable guident les politiques de gestion des risques et la stratégie de développement d’affaires ». Soit. Mais sur d’éventuels avantages pour mon prêt immobilier écolo ? Nada.

Cas d’école

Alors j’appelle le numéro de téléphone indiqué sur la pub. Cela va me coûter 7,8 centimes puis 2,8 centimes par minute. Je tombe sur un charmant jeune homme à qui je raconte ma découverte de la pub super green et mon projet immobilier tout vert. Je lui demande à quels avantages j’ai droit. « Je n’ai pas les éléments de réponse. » Suit un interrogatoire sur ma situation financière, ma date de naissance, celle de ma moitié, etc. Neuf minutes et quelques dizaines de centimes plus tard, me voilà dotée d’un rancard téléphonique avec la conseillère d’une agence parisienne.

A l’heure dite, une personne tout aussi charmante m’appelle. La ville en bambou ne lui rappelle rien du tout. Jamais entendu parler. Elle s’excuse, elle revient de vacances. Elle va se renseigner… Merci d’avoir patienté, « c’est simplement un prêt classique » ! Mince alors. Qu’en dit le service de presse du siège social français ? « J’attends de plus amples informations des spécialistes pour que vous ayez un peu de matière ! Et malheureusement, ça traîne. » Puis : « Il y a une initiative-pilote, ce qui explique les délais dans les réponses. » Ouh là, ça a l’air costaud. Quand soudain : « Je n’ai pas eu l’autorisation de communiquer à ce stade. Désolée. » Pas autant que moi.

Verdict

Mon rêve en bambou brisé, je suis allée chercher la petite bête. Et j’en ai trouvé de grosses. Une commission d’enquête du Sénat américain a révélé que HSBC a laissé transiter par ses coffres aux Etats-Unis 7 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) d’argent sale provenant des cartels mexicains de la drogue entre 2007 et 2008. Et l’association de consommateurs anglaise Ethical Consumer lui a attribué une des pires notes dans son guide des banques : 2,5/20. Pourquoi ? Parce que le groupe possède 1 527 filiales, dont 36 % dans des paradis fiscaux. Il finance aussi une mine d’or en Indonésie qui contamine le sol et une entreprise qui extrait du pétrole sur la côte birmane, écologiquement fragile. Quoi d’autre ? Il a consacré 4,432 milliards d’euros au financement de centrales et de mines de charbon depuis 2005 et 7,568 milliards d’euros pour le secteur nucléaire entre 2000 et 2009. Last but not least, il compte des investissements dans les pétroles bitumineux au Canada. HSBC a raison : « Un nouveau monde émerge », avec des écoquartiers et des maisons parfois en bambou. Mais si vous voulez en être, elle n’est pas la banque qu’il vous faut. —

- Le site de HSBC


Avis de l’expert : 1/5

Jean-Marc Gancille, directeur du développement durable à l’agence Inoxia

« Si l’on se réfère au récent guide anti-greenwashing publié par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) on en constate presque tous les ingrédients : un mensonge, puisqu’il n’y a rien d’écologique ; des mots vagues ; des informations insuffisantes sur le Web que les conseillers ne sont pas en mesure de clarifier… Par ailleurs, les preuves sont inexistantes et l’image trop suggestive. Bref, une annonce anachronique à un moment où les règles élémentaires d’une communication plus responsable sont diffusées et connues. »

- Le site d’Inoxia

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8 commentaires
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COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • Monsieur Solon, bonsoir,

    Je rejoins entièrement le constat et avis de Florent et BrunoB et sûrement de bien d’autres.
    Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’indépendance de votre Rédaction.
    Il s’agit ici d’être en accord avec ce que l’on prône dans ses articles, et de toute évidence, publier la pub d’un annonceur (parce qu’il paye et participe indirectement à cette indépendance financière très importante de Terra Eco) qui est totalement en contradiction avec les grands principes de développement durable que vous soutenez vous-mêmes dans vos divers articles, relève quasiment de la "schizophrénie" ou tout simplement remet en cause la crédibilité du journal Terra Eco et du réel objectif qu’il défend : informer, sensibiliser le grand public et les entreprises et élever la conscience écologique et la responsabilité environnementale collectives.
    Il serait sûrement fort souhaitable pour vos lecteurs et votre journal de fédérer les objectifs de votre rédaction et de votre régie publicitaire.
    Cela éviterait de donner le sentiment à certains de vos lecteurs que Terra Eco veut le beurre et l’argent du beurre ou encore crache dans la soupe qui le nourrit.

    A bon entendeur,
    Cordialement,

    22.11 à 21h43 - Répondre - Alerter
  • Je rejoins le commentaire de BrunoB.
    N’est-ce pas étrange de publier cet article (très bon article par ailleurs), et de publier 10 pages plus loin un encart tiré de la même campagne et ce même encart en pleine page sur le 2ème de couverture du supplément ?
    Ne devrait-il pas y avoir concertation entre la régie publicitaire et la rédaction avant la réalisation de la maquette ?

    5.11 à 13h55 - Répondre - Alerter
    • Bonjour et merci de nous lire,
      La règle à Terra eco consiste à séparer clairement les activités de la rédaction et du service commercial. Ce fonctionnement, érigé en principe éditorial, vise avant toute chose à servir l’intérêt du lecteur au quotidien. Les analyses et les intérêts de la rédaction, ceux du service commercial et parfois de l’entreprise Terra economica ne convergent pas toujours, loin s’en faut. Mais l’indépendance de la rédaction, qu’il nous faut parfois défendre pied à pied, est inaliénable. C’est au degré d’indépendance d’une rédaction que l’on peut mesurer la puissance d’un média. C’est dans cet esprit que je demande aux journalistes de Terra eco de servir le projet.
      A chacun ensuite de se faire son idée sur la campagne Hsbc.
      Cordialement,
      David Solon
      Directeur de la rédaction

      5.11 à 23h55 - Répondre - Alerter
      • Monsieur Solon, bonsoir,

        Je rejoins entièrement le constat et avis de Florent et BrunoB et sûrement de bien d’autres.
        Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’indépendance de votre Rédaction.
        Il s’agit ici d’être en accord avec ce que l’on prône dans ses articles, et de toute évidence, publier la pub d’un annonceur (parce qu’il paye et participe indirectement à cette indépendance financière très importante de Terra Eco) qui est totalement en contradiction avec les grands principes de développement durable que vous soutenez vous-mêmes dans vos divers articles, relève quasiment de la "schizophrénie" ou tout simplement remet en cause la crédibilité du journal Terra Eco et du réel objectif qu’il défend : informer, sensibiliser le grand public et les entreprises et élever la conscience écologique et la responsabilité environnementale collectives.
        Il serait sûrement fort souhaitable pour vos lecteurs et votre journal de fédérer les objectifs de votre rédaction et de votre régie publicitaire.
        Cela éviterait de donner le sentiment à certains de vos lecteurs que Terra Eco veut le beurre et l’argent du beurre ou encore crache dans la soupe qui le nourrit.

        A bon entendeur,
        Cordialement,
        Ingrid

        22.11 à 21h38 - Répondre - Alerter
  • Le greenwashing est vraiment très à la mode, on en trouve partout !
    Là ou je suis surpris, c’est de lire cet article dans le N° 41 du mois de novembre et de constater que la pub en question est publiée en page 2 du N° 40 de mon magazine préféré...
    Et en page 2 du supplément au N° 41, on retrouve une autre pub greenwashing d’HSBC...
    Est-ce que ça ne serait pas "greenwashing" de publier une pub dans terraeco ?

    4.11 à 16h51 - Répondre - Alerter
  • Les anglo-saxons sont TRES forts dans la survente...
    De nombreux décideurs se sont et se feront encore berner, notamment en France.
    Que cela serve de leçon aux particuliers que nous sommes : seules les banques ’Coopératives’ sont dignes de confiance... et transparentes.

    4.11 à 12h53 - Répondre - Alerter
    • "Seules les banques coopératives sont dignes de confiance". Affirmation gratuite et ... fausse !
      Le Crédit Agricole a perdu des sommes colossales à vouloir "se diversifier sur de nouveaux marchés" (Grèce notamment) ; les banques populaires possèdent 13 filiales dans des paradis fiscaux dont 2 aux iles Vanuatu !!!!!! ; le Crédit Agricole (encore lui !) en possède ... 104 !!!!! et il assure le financement de projet peu "éthiques" comme des fabricants d’armement (ATK), les mines en Indonésie ou le pétrole en Birmanie... Et cette banque communique avec le slogan "le bon sens a de l’avenir".... Sans eux assurément !!!!!!!
      Et je ne parlerai pas des sociétés d’assurances "mutualistes" dont l’unique intérêt à ce statut était (ce n’est plus le cas) de se soustraire à l’imposition normale...
      Pensez-vous sincèrement que vous ayez votre mots à dire dans ces entreprises ? Avez-vous pu discerner dans votre quotidien de client particulier, une quelconque différence de traitement entre une banque dite "mutualiste" et une (vilaine) banque "capitaliste" ? Aucune : pour les deux vous êtes le pigeons à plumer !
      Lisez donc le rapport des Amis de la Terre, et nous verrez qu’en dehors de la NEF et du Crédit Coopératif, il n’existe pas de banque "recommandable" en France...
      En dehors des associations et de certaines SCOP, il n’existe (quasiment) pas d’entreprises dignes de figurer dans l’annuaire de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) ; et certainement pas des banques, des assurances ou des coopératives agricoles qui ont rejoint depuis longtemps le secteur marchand pur et dur !

      6.11 à 10h28 - Répondre - Alerter
  • En France la marque s’est vendue comme très haut de gamme, peu accessible. Du coup, je m’en suis toujours mefié. Visiblement j’avais bien fait. Merci pour cet article instructif et enrichissant (si j’ose dire).

    3.11 à 19h58 - Répondre - Alerter
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