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Gro Harlem Brundtland, la grand-mère de Rio

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Gro Harlem Brundtland, la grand-mère de Rio
(Crédit photo : bettina flitner - laif - réa)
 
Il y a vingt-cinq ans, l’ex-Premier ministre norvégienne popularisait le concept de développement durable dans un rapport qui accoucha du premier sommet de la Terre. Toujours combative, elle ne compte pas lâcher son bâton de pèlerin humaniste.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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On la reconnaît à l’aréopage de cravatés qui cavalent derrière elle. En déambulant dans les travées du Palais des congrès de Montréal, au Canada, Gro Harlem Brundtland ne se dépare pas de ses airs d’impératrice surbookée. Ceinturée par un costume blanc immaculé, la papesse du développement durable est, il est vrai, très sollicitée. Elle est venue inaugurer la quatrième année polaire internationale, et tout le monde lui court après. Durant une semaine, 3 000 chercheurs et observateurs discutent de l’avenir des Pôles… et surtout de celui de l’Arctique. « Ce genre de rassemblement peut vraiment faire la différence si cela permet de mobiliser les connaissances suffisantes pour nous mettre sur le chemin du développement durable. C’est ce dont la planète avait besoin il y a vingt ans. Elle en a encore plus besoin aujourd’hui. » Mme Brundtland est une vieille routarde de l’environnement. Elle a roulé sa bosse aux plus hauts sommets. Pour les néophytes, son nom sera à jamais associé à un rapport décisif, livré en 1987, intitulé « Notre avenir à tous », qui a vulgarisé le concept de développement durable. L’expression, donc, lui doit (presque) tout, y compris d’avoir été vidée de sa substance par l’économie capitaliste. Gro Harlem Brundtland, c’est un peu une Nathalie Kosciusko-Morizet de gauche, la grâce et les talons aiguille en moins. Mue par une ambition hors du commun, elle a gravi les échelons quatre à quatre dans son pays, la Norvège.

Sa carrière démarre en flèche dans les années 1960 : militante du parti travailliste depuis son plus jeune âge, elle obtient son diplôme de médecin à 24 ans mais n’aura guère l’occasion de consulter. Un an plus tard, elle intègre Harvard, aux Etats-Unis, pour étudier la santé publique. « Je voulais m’impliquer au niveau politique, cela ne fait aucun doute. » De retour à Oslo, elle devient l’assistante du directeur de l’Office de la santé et des affaires sociales. Elle n’a pas 30 ans. Nommée ministre de l’Environnement à 35 ans, elle doit sa « reconnaissance » à une marée noire. En 1977, une explosion sur la plateforme pétrolière Bravo provoque le déversement de pétrole le plus important jamais connu en mer du Nord. Plus de 30 000 tonnes s’écoulent, sept jours durant. Dès lors, la ministre plaide pour la construction massive de barrages hydroélectriques et milite contre l’extension des forages en mer. Au passage, elle gagne ses galons de dirigeante.

Voyages et discussions

En 1981, elle devient la première femme Premier ministre de Norvège et dirige le parti travailliste d’une main de fer. Deux ans plus tard, le secrétaire général des Nations unies lui demande de présider la Commission mondiale pour l’environnement et le développement. « J’avais nettement conscience que ce n’était ni une tâche ni une obligation mineures. Je trouvais cette demande irréaliste et beaucoup trop ambitieuse ! »

Qu’importe, elle fonce et choisit une vingtaine de collaborateurs. « Je tenais à ce que la moitié d’entre eux soient issus des pays en développement car, pour moi, environnement et développement sont indissociables. » Pendant trois ans, la Commission voyage, écoute, discute. « Nous avions des points de vue et des perspectives différents, des valeurs et des croyances différentes, des expériences et des visions parfois opposées. Mais au final, notre rapport était unanime. A l’époque, on se disait que les décennies à venir allaient être cruciales. Nous voulions rompre avec les anciens systèmes… Mais c’est plus difficile que ce qu’on imagine ! »

La commission reconnaît au final qu’environnement et développement, mais aussi industrie et agriculture, forment un seul et même ensemble organique. « Je me suis rendu compte à cette époque que des politiques et des institutions séparées ne peuvent plus résoudre efficacement ces problèmes, pas plus que ne le peuvent des nations agissant de façon unilatérale », dit-elle encore aujourd’hui. Pour elle, 1992 est une année plutôt douloureuse. Certes, le sommet de la Terre se tient à Rio et célèbre en partie son travail. Mais la même année, son fils Jørgen se suicide. Elle renonce à diriger le parti travailliste. En 1994, les Norvégiens refusent d’entrer dans l’Union européenne, ce qu’elle vit comme un camouflet, elle, l’Européenne convaincue. Elle se tourne alors du côté de Genève où on l’invite à diriger l’Organisation mondiale de la santé (OMS), entre 1998 et 2003.

Pulls et méfaits de la cigarette

A 73 ans, Gro Harlem reste infatigable. Elle pourrait amplement raccrocher et tricoter des pulls pour ses sept petits-enfants. Elle préfère les mettre en garde contre les méfaits de la cigarette ou des téléphones portables. En 2002, alors patronne de l’OMS, elle étonne son monde en déclarant son hypersensibilité aux champs électromagnétiques. « Je réagis aux téléphones mobiles situés jusqu’à environ quatre mètres de distance, explique-t-elle alors au quotidien norvégien Dagbladet. Pour ne pas être soupçonnée d’hystérie, j’ai fait plusieurs tests. Des personnes ont visité mon bureau avec un téléphone portable caché dans un sac ou une poche, sans que je sache s’il était activé ou éteint. J’ai toujours réagi lorsque le téléphone était activé, mais jamais quand il était éteint. Donc, cela ne fait aucun doute. »

A l’époque, elle affronte les foudres de son collègue, le physicien australien Michael Repacholi. Responsable à l’OMS du projet de recherche international sur les champs électromagnétiques, il a souvent été accusé de favoriser les intérêts de l’industrie. Pour la Norvégienne, l’aveu au Dagbladet lui a, d’une certaine façon, coûté son poste à l’OMS. En juin, la politicienne rompue aux grands raouts se rendra à Rio + 20. Pour faire le point. Alors qu’en 1972 le rapport du club de Rome sur « les limites de la croissance » situait le début de l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle avant 2030, Gro Harlem Brundtland brandit, elle, un optimisme à toute épreuve. « Puisque nous n’avons pas encore les réponses aux préoccupations vitales et graves, il n’y a d’autre solution que continuer à les rechercher. » Encore et toujours, inlassablement. —


En dates

20 avril 1939 Naissance à Oslo, en Norvège

1963 Docteur en médecine

1965 Diplômée en santé publique de l’université de Harvard, aux Etats-Unis

1974 Ministre de l’Environnement de Norvège

1981 Premier ministre pendant dix mois. Elle occupe de nouveau ce poste de 1986 à 1989 et de 1990 à 1996

1987 Remise du rapport Brundtland, intitulé « Notre avenir à tous »

1998 Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)

16 au 22 juin 2012 Rio + 20

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

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