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8-01-2016
Mots clés
Energies
Pollution
Etats-Unis
Décryptage

Fuite de méthane en Californie : ce qu’il faut savoir

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Fuite de méthane en Californie : ce qu'il faut savoir
(Crédit photo : EDF - Environmental Defense Fund)
 
Les événements d'Aliso Canyon, aux Etats-Unis, sont en passe de devenir une catastrophe majeure. Mais pour qui et pourquoi exactement ? Eclaircissements.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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- Quelles sont les raisons de la fuite géante de méthane en Californie ?

La fuite massive de méthane d’Aliso Canyon, près de Los Angeles, en Californie, provient d’un site de stockage de gaz naturel géré par la société SoCalGas, l’un des plus grands des Etats-Unis. Ce site était autrefois un gisement de gaz, exploité grâce à une centaine de puits verticaux. Depuis les années 1970, les réservoirs d’hydrocarbures vides, en sous-sol, servent désormais à en stocker, à 2 500 mètres de profondeur. C’est par ces mêmes puits verticaux qu’est donc injecté sous pression, puis extrait, en fonction de la demande, le gaz, composé essentiellement de méthane. Cette réutilisation d’un site exploité dans le passé est très courante dans le monde, mais présente des risques. « Le puits, c’est la faiblesse d’une telle installation, explique Mehdi Ghoreychi, directeur des risques du sol et du sous-sol de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). Sur un tel équipement ancien, il y a parfois des dégradations du ciment qui entoure le tube protecteur du puits ou une corrosion de l’acier qui constitue ce tube, parfois les deux, mais normalement, des mesures de prévention et de surveillance existent pour prévenir ces risques. » En France, par exemple, la présence de deux vannes de sécurité est obligatoire. L’avocat des riverains d’Aliso Canyon accuse, lui, la compagnie SoCalGas de ne pas avoir remplacé une valve de sécurité défectueuse depuis 1979.


- Pourquoi cette fuite dure-t-elle si longtemps ?

La fuite d’Aliso Canyon a été détectée le 23 octobre et devrait durer, d’après la SoCalGas, au moins jusqu’en mars. Les experts ont d’abord essayé de la colmater en injectant des boues de forage dans le puits, sans succès. Ils ont donc dû se résoudre à lancer le forage de deux puits parallèles qui devraient finir par intercepter le premier et permettre le colmatage. Ces opérations lourdes prennent du temps.


- Cette fuite de méthane est-elle dangereuse pour la santé ?

Le méthane est un gaz hautement inflammable. « Le principal risque, c’est la formation de poches qui, en contact avec de l’oxygène et un déclencheur, une étincelle, explosent », explique Didier Bonijoly, directeur adjoint des géoressources du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Pour en arriver à cette extrémité, il faut atteindre une concentration de gaz dans l’air entre 5% et 15%. C’est le phénomène responsable des meurtriers coups de grisou des mines. Pour les anticiper et pouvoir fuir à temps, les mineurs de fond descendaient jadis avec des canaris dans les sous-sols. Lorsque l’oiseau suffoquait, c’est qu’une concentration de méthane était en train de se former.

Dans le cas d’une fuite sur une installation industrielle, le gaz se fraie parfois un chemin à travers les fissures de la roche. « Il s’agit alors d’une fuite diffuse qui peut s’accumuler dans des espaces confinés – caves, soubassements d’habitations, parkings – parfois situés à plusieurs kilomètres du puits », explique Mehdi Ghoreychi. En Californie, il s’agit pour l’instant d’une fuite par le puits, en forme d’éruption, car le gaz est sous très haute pression. Plus léger que l’air, il monte rapidement en altitude et se dilue dans l’atmosphère. Les maux de tête et saignements de nez qui ont justifié l’évacuation de plus de 30 000 habitants de Porcher Ranch, le quartier voisin, ont été provoqués non par le gaz lui-même mais par les additifs. En effet, le méthane, inodore et incolore, n’est pas repérable. C’est précisément pour percevoir une fuite qu’on lui ajoute, par exemple, des mercaptans, une famille de gaz soufrés, nauséabonds et toxiques pour certains, qui répandent une odeur d’œuf pourri.


- Quel est l’impact de la fuite de méthane sur l’environnement ?

« Un défaut sur un puits de pétrole, ça se traduit par une marée noire, ça tue des poissons et des oiseaux, mais on peut la circonscrire. Avec le gaz, c’est très différent : c’est incontrôlable une fois qu’il est diffusé dans l’atmosphère », note Didier Bonijoly. Le gaz fait donc pfuiiiiit ! Le problème, c’est que ça va vite. Plus de 80 000 tonnes se sont volatilisées dans l’air depuis la fin du mois d’octobre. Et le méthane dispose d’un pouvoir réchauffant 25 fois supérieur à celui du CO2. La Californie, bon élève climatique des Etat-Unis, voit donc déjà son bilan d’émissions de gaz à effet de serre annuel s’alourdir d’un quart.

Et la SoCalGas annonce toujours des pertes de 30 tonnes de méthane par heure. « Sur cette base, et si la fuite durait une année entière, cela représenterait à peu près 1% des émissions totales de méthane des Etats-Unis : ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas une catastrophe absolue à l’échelle de la planète », nuance Philippe Bousquet, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Chez l’oncle Sam, la moitié des émissions de méthane annuelles sont à imputer aux ruminants et un tiers aux fuites des mines, réseaux, transports et utilisations gazières diverses. Même si les chiffres sont parfois flous. « On attend, par exemple, les premiers bilans des petites compagnies qui exploitent le gaz de schiste aux Etats-Unis : il est probable que la rigueur des installations ne soit pas optimale », explique Philippe Bousquet. Alors que le méthane est responsable de 20% du réchauffement induit par les gaz à effet de serre, sa durée de vie n’est que de dix ans. « Des efforts de réduction sur ce gaz sont donc visibles à l’échelle d’un mandat électoral », souligne Philippe Bousquet. Sur les 550 millions de tonnes émises chaque année, le chercheur estime que l’on pourrait assez facilement réduire la facture de 20% à 30%. En développant massivement la récupération et la transformation du méthane issu des décharges et des déchets agricoles, en optimisant les techniques de riziculture inondée et la ration alimentaire du bétail. Et en colmatant les fuites industrielles.

A lire aussi sur Terraeco.net :
- Fuite de gaz en Californie : l’ampleur des dégâts

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  • Très bel article. Je peux vous dire aussi que pour participer encore à la sauvergarde la planete en achetant il sera utile de vous procurer un sac écolo.

    15.03 à 15h26 - Répondre - Alerter
  • Je viens de tomber par hasard sur cet article qui a été publié il y a quelques années. Je l’ai trouvé très intéressant car même des années plus tard, les problématiques soulevées dans cet article sont encore d’actualité. Très bon article merci ! sacisotherme.com

    22.06 à 12h41 - Répondre - Alerter
  • Je viens de tomber par hasard sur cet article qui a été publié il y a quelques années. Je l’ai trouvé très intéressant car même des années plus tard, les problématiques soulevées dans cet article sont encore d’actualité. Très bon article merci !

    — Webmaster d’un site internet prônant des modes de vie plus écologique. En optant pour un contenant réutilisable et zéro déchet Healthy Lunch, vous donnez un second souffle à notre planète : sac isotherme, gourde isotherme et lunch box —

    10.01 à 05h36 - Répondre - Alerter
  • je vous recommande fortement aujourd’hui en vu des catastrophes naturelles, de profiter de beaux grimoire vierge qui pourrait être profitable si tout le monde portait un souhait sur le sien...

    10.11 à 14h52 - Répondre - Alerter
  • @Laurent : Il s’agit d’un gaz, pas de pétrole ! Les moyens ne peuvent être semblables...

    11.01 à 11h34 - Répondre - Alerter
  • Au Moyen-Orient, pour éteindre un puits, ils utilisent des explosifs dont le souffle éteint le feu. J’ai du mal à croire que les ingénieurs pétroliers n’aient pas de solution à ce problème, je pense qu’ils font au moins coutant.

    Au moyen de l’analyse sismique grâce à laquelle leur géophysiciens obtiennent des représentations 3D jusqu’à 10 000 mètres de profondeur afin de savoir s’ils peuvent trouver du pétrole, ils connaissent la structure géologique du sol. Alors pourquoi ne pas faire exploser le puits à une profondeur suffisante ?

    — 

    Cela fait plusieurs fois que ces pétroliers souillent la nature et pas qu’un peu, alors qu’ils font des bénéfices dantesques. Et pour la simple et bonne raison qu’ils font des économies et font probablement aussi prendre des risques à leurs personnels. C’est du terrorisme écologique.

    10.01 à 06h11 - Répondre - Alerter
  • Parce qu’ils ca représente beaucoup d’argent peut etre. Voila ou nous mènent cette ploutocratie

    9.01 à 15h23 - Répondre - Alerter
  • Et pourquoi ils ne condamnent pas définitivement le site en l’ensevelissant ?

    9.01 à 07h10 - Répondre - Alerter
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