« Fatima », cinéroïne

« Si ces femmes travaillent, c’est grâce à des Fatima, si elles font les magasins, c’est grâce à des Fatima. » Fatima, mère de famille de 44 ans, lit en arabe une page de son journal intime. Elle ne parle pas le français, mais le récit qu’elle fait, sur un cahier, de sa vision du travail, des femmes, de la société française qu’elle ne comprend pas, est littéraire et finement analysé. Pour financer les études de sa fille aînée, elle enchaîne les ménages de 6 h du matin à la nuit tombée, sous les sarcasmes de sa fille cadette, qui ne respecte pas une mère qui « ramasse la merde des autres ». Epuisée, Fatima finit par faire une chute dans l’escalier. Avec ce film, Philippe Faucon poursuit le travail de défrichage sur la jeunesse, qui occupe toute son œuvre (L’Amour, Samia, La Désintégration, etc.), mais cette fois du point de vue de la mère. Il dresse un portrait subtil de femme, fidèle aux codes religieux et sociaux de sa culture, humble femme de ménage, mais consciente de la domination qui pèse sur elle dans un pays qui lui est resté étranger. Lettrée dans une langue qui ne compte pas, conditionnée à s’oublier pour l’intégration de ses filles, elle écrit pour rester debout. —

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