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23-03-2012
Mots clés
Biodiversité
Point De Vue

« Faire de la biodiversité une des voies de sortie de la crise »

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« Faire de la biodiversité une des voies de sortie de la crise »
(woodleywonderworks - Flickr)
 
Le patrimoine naturel français est menacé. Mais des solutions existent et celles-ci peuvent être sources d'emplois et de lien social assure le think tank Terra Nova, qui publie un rapport sur le sujet.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Malgré l’urgence dénoncée par de nombreux acteurs associatifs et politiques, les questions environnementales sont les grandes oubliées de la campagne pour l’élection présidentielle. Alors qu’elles avaient bénéficié d’une prise en charge politique en 2007 - la signature du Pacte Ecologique proposé par Nicolas Hulot2 -, alors que le Grenelle de l’Environnement fut l’occasion de nombreuses propositions innovantes, alors que l’année internationale pour la biodiversité en 2010 a rappelé la situation de crise écologique face à laquelle nous nous trouvons, les candidats restent muets, ou, pire, dénient l’intérêt de la question.

Nous sommes de plus en plus citadins et oublions progressivement notre dépendance, directe ou indirecte, à la nature. Pour l’opinion publique et les décideurs politiques, la biodiversité est donc difficile à appréhender. La complexité de ce mot et la difficulté d’en donner une mesure ou de le lier aux actes de la vie courante en font un élément trop souvent ignoré dans le débat public. Mais la France est dépositaire d’un patrimoine naturel d’une grande richesse, qui s’appauvrit de jour en jour ! Comme une aile d’avion dont on enlèverait un à un les rivets, c’est tôt ou tard l’ensemble du système qui s’écroule.

Ne nous voilons pas la face, cette détérioration des conditions mêmes de notre bien-être et de notre développement est directement liée à l’activité humaine : surexploitation des ressources (pêche intensive, commerce d’espèces protégées, etc.), pollutions (de l’air, de l’eau et des sols), fragmentation et destruction des milieux naturels (étalement urbain, infrastructures, défrichement et déforestation sont quelques exemples), introduction d’espèces envahissantes (accélérée par la mondialisation des échanges) et changement climatique. Il y a urgence. Nous sommes à l’aube d’une rupture fondamentale de la vie sur la planète avec le risque de perdre 70 % à 90 % des espèces vivantes en quelques centaines d’années. Et à menacer notre propre survie.

Un premier pas encourageant

La priorité est de mener des négociations internationales sur le modèle des négociations climatiques. La biodiversité est bien public mondial et seule une action coordonnée globale pourra la préserver. Les négociations climatiques ont été lancées grâce à l’éclairage scientifique des enjeux, apporté par le GIEC. Un « GIEC de la biodiversité » a été constitué par les Nations Unies : International Panel on Biodiversity Conservation (IPBC). C’est un premier pas encourageant.

Mais nous pouvons aussi agir en France. Les pistes pour enrayer la perte de biodiversité et en faire un atout économique et social pour la France existent. Dans son rapport « Prendre soin de la biodiversité, un investissement pour l’avenir », Terra Nova en propose plus de quarante pour relever quatre défis.

- Mesurer l’impact des activités humaines sur la biodiversité. Sans une inscription pérenne de la biodiversité à l’agenda politique, nous ne pourrons mobiliser l’ensemble des acteurs, publics comme privés, pour faire face à l’urgence écologique. Afin de rendre visibles les efforts de chacun, nous devons disposer d’un système de comptabilité de la biodiversité simple, transparent et partagé. Nous proposons de mettre en place une telle comptabilité, tant pour les entreprises et les associations que pour les collectivités locales et les services de l’Etat, à partir d’une unité non pas monétaire (celle-ci induisant des biais de calculs importants) mais foncière, sur le modèle de l’empreinte écologique. Chaque entreprise, chaque collectivité pourrait ainsi calculer son impact sur la biodiversité et le valoriser lorsqu’il est positif.

-  Renforcer et prendre en charge les solidarités écologiques. Il existe une dépendance réciproque de plus en plus étroite entre l’homme et la nature. La solidarité écologique - concept proche de celui de « care » développé en sciences sociales - conduit à prendre soin de la nature, où qu’elle soit et quelle que soit la valeur qu’on lui reconnaît, en s’appuyant sur cette dépendance réciproque. Pour réduire les inégalités écologiques, nous proposons notamment de moduler le montant de la dotation globale de fonctionnement des communes, selon qu’elles sont ou non incluses dans un document de planification locale prenant en compte les dynamiques de la biodiversité. La solidarité écologique s’exerce aussi vis-à-vis des pays étrangers. Il s’agit donc d’attribuer une part croissante de l’aide publique française au développement à des projets de protection et de gestion durable de la biodiversité et de diminuer l’impact sur la biodiversité des autres projets de développement.

- Investir pour la restauration et le développement de la biodiversité. Trop peu d’argent public est consacré à la biodiversité et celle-ci ne dispose que de peu de mécanismes de financement propres. Pire encore, de nombreuses subventions et dépenses fiscales ont des effets néfastes sur la biodiversité4. Cela n’est plus acceptable. Nous souhaitons qu’une réflexion de fond soit engagée pour basculer une partie de la fiscalité du travail vers une fiscalité du patrimoine naturel. Il s’agit d’imaginer de nouvelles incitations fiscales permettant de limiter la consommation de ressources, tout en les compensant par une diminution de la fiscalité du travail. Nous demandons que les produits de cette nouvelle fiscalité soient affectés, au moins pour partie, à des actions concrètes de lutte contre l’artificialisation des terres, afin de diminuer de moitié le rythme d’artificialisation d’ici à 2020.

- Rendre compte aux citoyens. Assurer un suivi précis de la biodiversité pour évaluer les résultats concrets des actions et la cohérence des politiques est une condition indispensable à une action efficace et pérenne. Nous proposons notamment l’organisation d’« États généraux de la nature » : un millier de débats à l’échelle locale, partant d’exemples très concrets issus du territoire et de la vie quotidienne, auront pour objectif de faire émerger des propositions innovantes, formulées par les citoyens, les entreprises et les décideurs.

Les mesures à prendre sont beaucoup plus nombreuses que les quelques exemples cités ici. Le défi est maintenant de faire de la biodiversité une des voies de sortie de la crise, et donc une composante essentielle de toute voie progressiste : soyons proactifs dans la gestion des questions environnementales ; appuyons nous sur la biodiversité comme source d’emplois, d’innovations, de croissance, de bien-être ; et restaurons une biodiversité qui soit aussi créatrice de lien social.

- Retrouvez l’intégralité de ce rapport sur le site de Terra Nova.

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  • Contrairement à l’élection présidentielle de 2007, les problématiques environnementales sont particulièrement absentes du débat électoral, pourtant l’urgence est plus criante que jamais.
    Eva Joly, est la seule candidate qui a un engagement pour l’environnement fort et propose des mesures concrètes pour la préservation et la reconquête de la biodiversité :
    "Mettre en œuvre un grand chantier de remise en nature du territoire : opposabilité des trames vertes et bleues, renaturation des grands fleuves (Rhône, Loire, Seine et Rhin), rétablissement de la perméabilité des grandes infrastructures linéaires aux flux biologiques."
    Les trames vertes et bleues désignent les continuités écologiques non bâties où les espèces animales et végétales peuvent se développer et circuler. Les rendre opposables signifie qu’elles seront juridiquement contraignantes lors de l’élaboration des documents d’urbanisme, ce qui n’est pas le cas, sauf exceptions. Or, la fragmentation des espaces naturels et boisés par les infrastructures de transport et par l’étalement urbain cloisonne la nature dans des îlots où la biodiversité dépérit. Restaurer ces continuités et les préserver est donc une mesure indispensable.
    - "L’objectif zéro artificialisation nette du territoire d’ici 2025. Un observatoire de la consommation foncière publiera chaque année les chiffres de l’artificialisation, et une fiscalité spécifique sera créée (...) L’artificialisation des terres agricoles sera fiscalement découragée."
    En s’artificialisant à tout va, sans aucune réflexion sur la gestion des risques et les conséquences pour le vivant, notre territoire est aujourd’hui fragilisé et particulièrement vulnérable aux aléas météorologiques comme en témoignent les conséquences de la tempête Xynthia.
    En 2009 en France, selon une enquête Eurostat, 5% de la couverture du sol était considéré comme imperméabilisé et 12 % était exploité pour le commerce, les services, le logement, l’industrie et le transport. Or l’artificialisation du territoire se poursuit, notamment en Ile-de-France où, selon l’IAU-idf, plus de 21% des sols sont déjà artificialisés, tandis que les forêts et cultures régressent. Cette tendance ne devrait pas s’inverser puisque le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF), adopté par les députés le 31 mai 2011, prévoit de renforcer l’attrait de la région capitale et donc son nombre de logements, d’équipements et d’infrastructures...

    8.04 à 17h32 - Répondre - Alerter
  • Ce que TERRA NOVA oublie de dire c’est que le moteur de cette érosion de la biodiversité c’est l’économie "brides sur le cou" qui ne respecte plus rien et fonce droit au mur pour le profit d’une minorité, c’est l’ultra libéralisme que leurs collègues du PS se refusent de condamner.
    Ce que TERRA NOVA ne veut pas voir, c’est que dans l’incurie des oligarques qui "dirigent" l’économie, toute réduction des charges sur le travail permettra d’enrichir encore plus les actionnaires.
    C’est l’histoire d’un think tank qui nous ressort pas grand chose d’original et qui se retient de penser plus profond pour de vraies solutions en rupture... Dire qu’ils sont censés représenter "l’alternative". On n’est pas encore sortis du tunnel à ce rythme.

    23.03 à 21h41 - Répondre - Alerter
    • Il me semble que le but des auteurs est surtout de faire prendre conscience à une échelle nationale et de faire des propositions concrètes.
      Ce que vous dites est vrai bien sûr, mais vu l’urgence du problème je trouve aussi plus important de s’unir pour nous faire entendre plutôt que se lancer dans des attaques pour savoir qui pense le plus profond.

      24.03 à 20h37 - Répondre - Alerter
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