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« Du commerce équitable au commerce de l’équitable »

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« Du commerce équitable au commerce de l'équitable »
(DR)
 
Par Christian Jacquiau, économiste, diplômé d’expertise comptable et auteur du livre « Les coulisses du commerce équitable ».
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Le commerce équitable a connu ces dernières années, une notoriété grandissante. Comment distinguer le vrai du faux ? », s’interrogent conjointement Chantal Jouanno et Hervé Novelli, secrétaires d’État respectivement chargés de l’Écologie et du Commerce, dans le communiqué de presse qu’ils cosignent pour annoncer l’installation de la Commission nationale du commerce équitable (CNCE).

Comment ? Rien de plus simple… Il suffit de donner une définition officielle du commerce équitable a minima… et de nier l’existence de toute alternative au modèle dominant. L’article 60 de la loi du 2 août 2005, sur lequel repose la CNCE, pose avec application les limites du commerce équitable en le cantonnant aux « échanges de biens et services entre des pays développés et des producteurs désavantagés des pays en développement ». Loin, très loin des fondamentaux du commerce équitable…

De commerce solidaire à l’origine, fortement inspiré par l’humanisme des mouvements religieux, le commerce équitable a muté en commerce alternatif, reprenant à son compte les thèses des mouvements tiers-mondistes en opposition frontale avec le système économique dominant. « Nous étions et sommes toujours anticapitalistes, opposés aux transnationales », confirme sans détour le prêtre ouvrier Frans van der Hoff, cofondateur de Max Havelaar.

Mais au début des années 2000, la démarche solidaire puis alternative s’est transformée en un commerce équitable aujourd’hui largement dépolitisé. Du commerce équitable au commerce de l’équitable, il n’y avait qu’un pas qui a été allègrement franchi avec l’arrivée dans la sphère des marchands d’équité de puissantes entreprises transnationales telles qu’Accor, Dagris, McDonald’s, Nestlé, Starbucks, Lidl, Leclerc (et les autres géants de la distribution) auxquelles s’est jointe tout récemment la compagnie low cost de transport aérien Transavia… toutes arborant triomphalement des produits aux couleurs de la marque Max Havelaar.

C’est cette évolution que le pouvoir politique, après cinq années d’hésitation, vient de consacrer avec la mise en place de la fameuse Commission nationale du commerce équitable (CNCE). Pour être reconnus par elle, les demandeurs devront satisfaire aux exigences d’un référentiel (fortement inspiré des pratiques de Max Havelaar) portant sur six critères : l’amélioration des conditions de vie des producteurs défavorisés des pays en voie de développement, l’indépendance, la transparence, la présence auprès des producteurs défavorisés, les contrôles auprès des importateurs, l’accompagnement et sensibilisation.

A la condition pour eux de savoir convaincre la Plate-forme pour le commerce équitable (dont Max Havelaar est un membre influent), la Fédération Artisans du monde (concessionnaire Max Havelaar), le Comité catholique contre la faim et pour le développement (adhérent de Max Havelaar), Agronomes et vétérinaires sans frontières (membre fondateur de Max Havelaar.), Jean-Pierre Blanc, directeur de Malongo (concessionnaire de la marque Max Havelaar) et bien sûr l’association Max Havelaar… tous membres - aux côtés de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (porte-parole des Aldi, Auchan, Carrefour, Lidl et autres distributeurs de produits estampillés Max Havelaar...) - de la CNCE.

Comble d’ironie, c’est à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes - qui avait épinglé Max Havelaar pour usage abusif du terme label - que revient aujourd’hui la tâche délicate de garantir le respect de ce « nouveau label », largement inspiré pour ne pas dire copié-collé de celui qu’elle déniait il y a peu encore… à Max Havelaar !

Dans son casting, la CNCE a oublié la biodiversité des mouvements du commerce équitable (Oxfam, Minga, Ingalañ et les autres). Aucun représentant des « petits producteurs désavantagés du Sud » n’y siégera. Et pas davantage leurs salariés qui devront se contenter du « respect des règles de l’Organisation internationale du travail » si peu exigeantes qu’elles n’engagent à presque rien.

Faut-il vraiment s’étonner qu’une démarche étatique s’en remettant au Dieu marché pour réguler le désordre mondial s’empresse d’exclure les approches filières (le commerce équitable du producteur au consommateur, en passant par les salariés des paysans, des transformateurs, des transporteurs… jusqu’à ceux des commerçants), le plaidoyer, le militantisme, l’universalisme du périmètre du commerce équitable, alors que ses pères fondateurs y voyaient tout au contraire, un outil de transformation de la société, affichant ostensiblement leur opposition aux entreprises transnationales ?

« Nous voulions un commerce alternatif où les producteurs eux-mêmes auraient accès au marché directement, (…) un marché démocratique, mais les entreprises du Nord ne sont pas favorables au fait que les petits paysans aient leur mot à dire dans les décisions commerciales. C’est une grosse erreur de penser que les multinationales peuvent être sociales, car par définition elles ne le sont pas. Les multinationales sèment déjà le désordre et la confusion sur le marché international, nous devons les empêcher de venir sur le marché du commerce équitable car ça leur permet d’être encore plus néfastes ! », déclarait récemment encore Frans van der Hoff. C’est pourtant ce commerce équitable-là que la mise en place de la CNCE vient de légaliser !

Gageons que les promoteurs d’un commerce équitable s’appliquant tout au long des filières, au Sud comme au Nord, ne tarderont pas à réagir – à l’image de ce qui vient de se produire pour l’agriculture biologique avec l’initiative Bio Cohérence – en organisant la reconnaissance et la promotion d’un commerce reposant sur des critères éthiques, d’équité et de respect de l’environnement beaucoup plus exigeants et véritablement universels.


Économiste, diplômé d’expertise comptable, Christian Jacquiau a écrit Les coulisses de la grande distribution, publié chez Albin Michel en mai 2000 (neuf éditions successives à ce jour) et plus récemment Les coulisses du commerce équitable - mensonges et vérités sur un petit business qui monte, publié chez Mille et une nuits en mai 2006 (trois éditions à ce jour).

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  • Je pense que la première chose à faire pour le bien de la planète, c’est de ne pas utiliser pour tous déplacements une voiture.....

    2.11 à 18h31 - Répondre - Alerter
  • Francine EMAMI : Modestement, ...

    Modestement, mais sereinement, je fais ce que je peux pour consommer au plus près des hommes et de la planète.
    * D’abord, je m’informe : je lis des livres et des articles, je vois des documentaires ...
    * Ensuite je prends conscience du pouvoir que j’ai, en tant que consommatrice. Je renforce mon esprit critique .... et pratique le boycott
    * Enfin, j’ai les yeux bien ouvert au moment de l’acte d’achat. Très pragmatique, en ménagère de plus de 50 ans, je modifie tous les jours un peu mes habitudes, en fuyant la grande distribution, en m’abonnant à une AMAP, en participant à des échanges d’idées et de bonnes adresses pour consommer "local" et en réduisant les intermédiaires. Cela génère, par effet induit, de multiples modification dans mon mode de vie.

    Forcément tout est lié !
    J’ai le sentiment de faire peu, à mon niveau. Mais je le fais. Et même parfois de manière ostentatoire.
    Un grand merci à Christian JACQUIAU de m’avoir ouvert les yeux avec beaucoup de pédagogie, lors d’une conférence, puis avec ses livres, ses interviews à la radio.
    J’ai bien réalisé également, que le commerce équitable, c’est aussi à pratiquer chez nous, et que tant de choses restent à faire. Je ne baisse pas les bras. Je soutiens cette démarche, pour que les hommes (où qu’ils soient) puissent vivre dignement de leur travail.

    5.08 à 11h46 - Répondre - Alerter
  • J’ai eu le plaisir de lire "Les Coulisses du Commerce Equitable" et j’ai constaté, entre autres combien chaque affirmation était documentée. Tout est inscrit dans les notes en bas de page.
    Il est à noté d’ailleurs que le livre n’a pas été attaqué en diffamation, comme c’est le cas d’un article mensonger, écrit par un journaliste sans scrupule, plus concerné par son ego que par un travail sérieux et responsable (cela arrive parfois dans ce beau métier).
    Et Max Havelaar n’a pas hésité à trainer Christian Jacquiau en justice.

    Si donc ce qu’il dénonce avec une précision extrême dans ce livre n’était pas vrai, il y a fort à parier que l’association de commerce "équitable" se serait fait un plaisir de faire mettre au pilori ce "brulôt".

    Mais en dénonçant toutes les dérives avérées de ce business qui nous permet d’avoir "bonne conscience à bon compte, christian Jacquiau oeuvre au contraire pour un véritable progrés du commerce équitable, et il nous donne également les solutions pour qu’il devienne de plus en plus éthique et véritablement efficace.

    Aussi je vous encourage à lire son livre et à user de vôtre pouvoir ce consommateur pour faire réellement bouger les lignes et pour progresser vers un monde vraiment meilleur !

    21.05 à 10h21 - Répondre - Alerter
  • je suis déçu d’un tel debat car dans notre groupe local lorsque nous faisons des animations nous parlons surtout de consommation responsable et que le CE est une maniere de le faire nous avons des contacts avec les AMAPP et nous diffusons ou elles sont presentes c’est un peu un travail de fourmis ok pour dire que tout n’est pas parfait et notre role de groupe local et de le dire haut et fort Moi aussi je prefererais me passer des grandes surfaces et autres mais dans les villes moyennes et à la campagne comment faire vivre une boutique solidaire ?

    20.05 à 17h48 - Répondre - Alerter
  • Dans l’affaire qui oppose l’écrivain journaliste Christian JACQUIAU à la marque de commerce équitable MAX HAVELAAR, on observe que MAX HAVELAAR n’attaque ni le FAUX JOURNALISTE qui s’est dissimulé sous la fausse identité de Daniel AUDION pour mener l’interview bidonnée, ni le journal, ce qui est une grande première juridique en matière de recours en diffamation.

    Pourtant l’illustration de l’article du même Daniel AUDION, figurant sous la rubrique peu flatteuse, s’agissant de MAX HAVELAAR, de « ESCROC-LOGIE » du même numéro aurait de quoi l’énerver bien plus encore que son café.

    Ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère à café équitable à L’Echo des savanes !

    " Comment se fait-il que le chatouilleux MAX HAVELAAR ne trouve rien à y redire ? ", demande ironiquement Bellaciao.
    Bonne question !
    Quelqu’un dans la salle a-t-il la réponse ?

    19.05 à 18h06 - Répondre - Alerter
  • C.Jacquiau a au moins le mérite de nous sortir de l’angélisme dans lequel baigne le consommateur en achetant sa bonne conscience par l’acquisition du produit équitable en tête de gondole.
    Et effectivement Max Havelaar et Cie s’accomodent très bien des lois du marché grâce aux techniques de marketing contemporaines (voir le budget comm.) En pactisant avec le diable -la grande distribution- cette niche économique a perdu son âme en refusant d’accepter l’idée que le commerce équitable pouvait s’appliquer aux paysans du Nord. Le loup capitaliste est dans la bergerie de l’équitable !
    Au secours, il faut remettre de l’éthique dans nos pratiques de consommation, droits sociaux et transparence !
    Qu’on ne nous berne pas plus longtemps en nous faisant croire qu’un produit puisse être équitable sur toute la chaine (voir les conditions du transport notamment et l’empreinte écologique).

    Cela fait maintenant 10 ans que Jacquiau ou Action Consommation avec leurs faibles moyens (comparativement) nous informent des dérives commerciales des transnationales. Il faut définitivement politiser l’acte d’achat par des alternatives à l’empire de la grande distribution. Vite ! Engagez-vous !

    16.05 à 21h25 - Répondre - Alerter
  • Eh oui, bien d’accord avec vous ; mais nous sommes à l’ére de la "communication où tout réside dans le trompe l’oeil. Donner à l’athée un habit de moine afin que le bon citoyen continue de donner à la quête croyant œuvrer pour son salut quand il précipite en réalité sa perte.
    Cordialement
    PhD

    16.05 à 11h33 - Répondre - Alerter
  • La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n’a jamais " épinglé Max Havelaar pour usage abusif du terme label ", dites vous ?
    Est-ce le terme « épinglé » qui dérange ? " Dénoncé " vous aurait-il paru plus approprié ?
    J’ai déjà longuement développé tout cela dans Les coulisses du commerce équitable et vous le savez.
    A moins que vous ne l’ayez pas lu ?
    Ce serait dommage pour la qualité de cet échange et l’honnêteté due à l’égard de ceux qui nous lisent ici.
    Pour vous rafraîchir la mémoire permettez-moi donc de vous en citer quelques extraits...

    DGCCRF
    « Constante dans son analyse, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) est formelle : « Le terme label figure sur les publicités et les documents commerciaux de l’association Max Havelaar, alors qu’il s’agit d’une marque commerciale et non d’un label agricole au sens de l’article L. 643-1 du code rural ». La DGCCRF énonce les sanctions encourues par quiconque use frauduleusement du mot label allant jusqu’à deux ans de prison et/ou 38 112 € d’amende. Sanctions dont elle n’a jamais demandé l’application...

    " IL Y A LABEL ET LABEL ", rappelle le journaliste Michel Ebran dans les colonnes du mensuel Que Choisir [Commerce équitable - Juge et partie - Que Choisir n° 408 - octobre 2003].
    « L’administration française est très en avance en la matière. Elle donne une définition très précise du terme label, exigeant :
    - a) un cahier des charges,
    - b) la mise en place de contrôles indépendants,
    - c) le recours à un organisme de certification lui-même indépendant et agréé par les pouvoirs publics.
    Aujourd’hui, le secteur du commerce équitable est loin d’obéir à toutes ces exigences malgré ce qui est écrit sur les produits », confirme le journaliste.
    Ce qui était vrai en octobre 2003, l’est toujours aujourd’hui, comme le confirmera un rapport parlementaire qu’on ne saurait pourtant qualifier d’hostile à Max Havelaar.
    Dans un encart rédigé en partenariat avec d’importantes associations de consommateurs, le quotidien La Croix, donne une définition précise de la notion de marque collective privée : « Nom commercial qui fait référence à un cahier des charges fixant les caractéristiques d’un produit. Il peut être utilisé par plusieurs marques ou opérateurs ».
    Pour être tout à fait précis, le quotidien catholique ajoute, sans ambiguïté : « Max Havelaar et Bio-équitable sont des marques collectives ». On ne peut être plus clair…

    Antoine Herth, député du Bas-Rhin et rapporteur de la Mission parlementaire sur le commerce équitable auprès de Christian Jacob
    On ne saurait reprocher à Antoine Herth, député du Bas-Rhin et rapporteur de la Mission parlementaire sur le commerce équitable auprès de Christian Jacob, de ne pas avoir été suffisamment complaisant avec Max Havelaar. Ses propositions sont un véritable copier-coller des desiderata de la marque.
    Pourtant, le rapport qu’il a publié en mai 2005, règle définitivement le sort du « label » Max Havelaar.
    « Il convient (…) de souligner que le terme « label » est utilisé par Max Havelaar pour qualifier son logo de garantie. Ce mot est généralement réservé aux produits alimentaires et aux produits agricoles selon les articles L.643-1 à 643-8 du code rural. Les articles L. 115-21 et L. 115-27 du code de la consommation définissent respectivement la certification des produits agricoles et alimentaires et la certification des services et des produits autres qu’alimentaires.
    Selon ces dispositions, la certification atteste la conformité d’un produit ou d’un service à des caractéristiques contenues dans un cahier des charges ou un référentiel.
    Le contrôle de ces critères doit être effectué par un organisme certificateur compétent et indépendant.
    En outre, il est à noter qu’un agrément préalable par arrêté est exigé pour tout organisme œuvrant dans le domaine des labels agricoles et de la certification alimentaire », explique le député Antoine Herth dans ses « 40 propositions » faites au ministre.
    « C’est pourquoi, dans ce rapport, nous parlerons de… logo Max Havelaar », ajoute le parlementaire afin de lever définitivement toute ambiguïté !

    (textes extraits du chapitre 6 « un vrai faux labels ? » des Coulisses du commerce équitable - Mille et une nuits - 2006)

    15.05 à 18h29 - Répondre - Alerter
  • Pourquoi vous cacher, cher Titoune, comme d’autres Dames Michu ou Pinocchio masqués le feraient derrière le confort hypocrite d’un pseudonyme anonyme, pour nier à quiconque tout droit de regard sur le petit monde secret d’un certain commerce équitable ?

    Je sais combien mon statut - atypique j’en conviens - d’économiste et d’expert-comptable dérange certains amis de Max Havelaar.
    Ne vous en déplaise, pour être tout à fait exhaustif vous ne devriez pas oublier que je suis aussi.. Commissaire aux comptes (personne n’est parfait !) et qu’à ce titre j’ai de nombreuses années de pratique dans les métiers de l’audit.

    Est-ce la conjonction de ces trois fonctions cumulées - pas aussi éloignées les unes des autres contrairement à ce que vous pouvez en penser - qui m’a valu nombre d’éloges quant à la rigueur de mon enquête sur le monde du commerce équitable ?
    Mais aussi... les pires attaques de la part de ceux - à court d’arguments comme vous semblez l’être puisque refusant tout débat au fond - qui se sont réfugiés dans l’outrance, la dénonciation calomnieuse et même pire encore... mais ce n’est pas l’endroit et de cela... nous reparlerons.

    Mais votre questionnement mérite réponse et je ne suis pas de ceux qui fuient les débats.

    L’économiste a une vue globale, Générale. Beaucoup plus « macro » le plus souvent.
    L’approche de l’Expert-comptable est évidemment davantage « micro ». C’est un homme de terrain.
    La vision de l’un complète celle de l’autre.

    L’un analyse le commerce équitable dans sa globalité, ses théories, ses différentes écoles, ses évolutions et ses dérives aussi.

    L’autre mesure à partir de données très concrètes - vérifiables et vérifiées - chiffres incontestables à l’appui, l’impact réel des promesses du commerce équitable.
    Son regard peut être utile pour comprendre notamment la réalité de la répartition de la richesse entre acteurs du Nord et bénéficiaires au Sud.


    Il faut être expert comptable, j’en conviens volontiers
    , pour diviser les 50 millions d’euros (une grosse somme dit comme cela !) revendiqués par Max Havelaar par le million de " PPDS " (petits producteurs défavorisés du Sud) auxquels l’association vient au secours.
    C’est que 50 000 000 € divisé par 1 000 000 ne fait plus que 50 €... par producteur et par an !
    Soit à peine plus de 4 € supplémentaires par mois pour chacun des producteurs.
    Mais il y a pire encore car contrairement à ce qui est prétendu, ici ou là, ces 4 € bien symboliques ne reviennent pas directement aux producteurs mais... aux coopératives qui ne reverseront la quote-part revenant aux petits paysans qu’après avoir prélevé leurs propres frais de fonctionnement. Et pas seulement...
    La rémunération annoncée comme revenant au « petit producteur » n’est en fait qu’un prix Free on Board (FOB) ne correspondant en rien à la rémunération nette du paysan. Il faut en effet déduire de ce prix, non seulement les frais de fonctionnement additionnels de la coopérative, mais aussi ceux de l’usine de tri des grains (la trilladora), le coût du transport amont, la rémunération de l’exportateur, celle de son transitaire, etc.


    Vous aimeriez qu’un expert-comptable - ou tout autre sachant lire les chiffres - n’ait pas à se mêler de citoyenneté. C’est raté !

    Et qui d’autre pour expliquer que les 0,06 € par paquet de 250 grammes de café, prélevés par ces redoutables voyous d’intermédiaires locaux, surnommés méprisamment « coyotes » par Max Havelaar, ont été supprimés [avec les intermédiaires et au passage leurs familles qui vivaient des prestations fournies aux producteurs (cf : détails et témoignages dans le chapitre 4 de mon livre " Les coulisses du commerce équitable "] - et que cette économie a permis de verser à la place 0,05 € à la marque Max Havelaar® ?

    Faut-il être expert comptable pour démontrer, graphiques à l’appui (annexe n° 2 page 468) qu’en 2002 Max Havelaar revendiquait trois fois plus pour les petits producteurs en équitable que pour n’évoluant pas dans sa sphère, quatre fois plus en 2003 mais... seulement deux fois (autrement dit moitié moins qu’en 2003) plus en 2005 ?
    Certes non. Mais cela peut aider.

    Alors évidemment ça fâche !
    Je peux le comprendre.

    Christian Jacquiau

    15.05 à 18h15 - Répondre - Alerter
  • Ha tiens ! C’est intéressant votre approche... Vous considérez les militants associatifs comme des "propagandistes"... mais n’en êtes-vous pas un ?

    Pourquoi Nicolas, qui a l’honnêteté de dire qu’il fait partie de Max Havelaar, vous met-il tant en colère ?
    Car je suppose que les termes "bande d’hypocrites", "faute d’argument solide", "dénigrement", "la marque de lessive Max Havelaar", "produit dérivé du capitalisme consumériste" sont guidés par la colère et non par une réelle réflexion sur l’impact positif des actions engagées par Max Havelaar sur le terrain.
    A moins que ce qui vous mette en colère, ce soit la cohérence de son discours et de ses actions ?

    Non, à mon avis, nous voyons ici juste la différence entre deux approches, l’une pragmatique et active (MH) et l’autre révolutionnaire et contestataire.

    Vu de l’extérieur, cependant, j’ai peur que les révolutionnaires qui ne proposent pas grand chose, n’aboutissent qu’à faire perdre beaucoup d’énergie à tout le monde, eux les premiers, alors que la tâche semble longue et ardue pour plus d’équité...

    Les objectifs étant communs, pourquoi se déchirer ?

    Cette hargne me dépasse…

    15.05 à 12h17 - Répondre - Alerter
  • a ceux qui ont loupé la campagne de Greenpeace sur l’huile de palme.

    http://www.greenpeace.org/belgium/f...

    a lire le dernier communiqué de minga
    http://www.minga.net/spip.php?article350

    14.05 à 16h58 - Répondre - Alerter
  • Depuis plusieurs années, M. Jacquiau crache son venin contre Max Havelaar et contre les acteurs du commerce équitable qui interviennent dans la grande distribution. Cela appelle 3 remarques de ma part : 1°) il y a 2 ou 3 ans, lors d’un débat entre Tristan Leconte et Christian Jacquiau, le PDG d’Alter Eco avait demandé à ce dernier s’il était déjà allé dans le Tiers-Monde voir une coopérative de petits producteurs faisant du commerce équitable. Jacquiau avait bien dû reconnaître qu’il n’y avait jamais mis les pieds...

    2°) ce monsieur qui crache contre les grandes surfaces vend cependant ses livres à la FNAC !

    3°) Surtout, quand on sait que le commerce équitable représente moins de 1% du commerce mondial, on ne peut s’empêcher de penser que M. Jacquiau ferait mieux d’utiliser son temps, son argent et son énergie à lutter contre les 99% inéquitables plutôt que de critiquer méchamment ceux qui, avec sans doute parfois des imperfections mais avec beaucoup d’honnêteté, de dévouement et d’efficacité, cherchent à construire un monde un peu plus solidaire

    14.05 à 10h59 - Répondre - Alerter
  • Incroyable de lire autant de contrevérités...
    Jeter le discrédit sur le commerce équitable ainsi est scandaleux. Certes tout n’est pas parfait mais comment refuser de voir tous les impacts positifs dans les coopératives bénéficiaires du système...
    Finalement, crier à la théorie du complot en écrivant des livres qui critiquent aveuglément est un gagne-pain comme les autres...
    Je doute fort que le million et demi de producteurs qui bénéficient du système partagent votre opinion. Mais vous devriez peut être faire l’expérience de le leur demander !
    Or là où l’honnêteté intellectuelle vous ferait reconnaître que la très large majorité d’entre eux ont amélioré leurs conditions de vie, vous ne relèvriez probablement que le cas d’une coopérative certifiée voilà un an et dont les bénéfices du commerce équitable ne sont pas encore visibles.
    Si au moins vos critiques étaient constructives !!!
    Ah et je ne vois toujours pas comment un diplôme d’expertise comptable peut justifier le titre "d’économiste"...

    12.05 à 12h51 - Répondre - Alerter
  • Voici donc le retour de notre "Économiste, diplômé d’expertise comptable" qui continue de faire feu de tout bois contre Fairtrade / Max Havelaar et les autres mouvements historiques du commerce équitable. A mesure de ses descriptions, pour servir la rhétorique, la manière de présenter les choses change. Selon les besoins de l’argumentation, la fédération Artisans du monde passe du statut d’"alternative" qui s’opposerait au label (voir son bouquin) à celui de "concessionnaire Max Havelaar".

    Précisons que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n’a jamais "épinglé Max Havelaar pour usage abusif du terme "label".

    Précisons aussi que les réflexions en cours dans le cadre de la CNCE incluent l’expérience des plus grands acteurs français en matière de commerce équitable, et il se trouve que, le mouvement du commerce équitable étant plutôt cohérent, tous ont pu avoir des liens ou des relations les uns avec les autres : Artisans du Monde, Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, le CCFD, la PFCE qui elle-même représente de nombreux acteurs de plus petite dimension... Quant à Minga, il refuse de prendre part à quoi que ce soit.

    Non, le commerce équitable n’est pas un mouvement où les démarches s’opposent et se déchirent. Les réflexions dans le cadre de la CNCE démontrent au contraire qu’il est un mouvement composite, avec différentes sensibilités, différentes approches, mais d’accord sur l’essentiel : permettre à des producteurs désavantagés se renforcer collectivement afin de faire leurs propres choix de développement.

    Nicolas, de l’association Max Havelaar France

    12.05 à 10h34 - Répondre - Alerter
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