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Des hommes zéro impact

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Des hommes zéro impact
(Crédit photo : The New York Times - Rea)
 
Des Etats-Unis à la France, plusieurs individus se sont lancés le défi de limiter l’impact écologique de leur quotidien. Portrait et leçons.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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DAVE BRUNO

STÉPHANE LINOU

COLIN BEAVAN


DAVE BRUNO : VIVRE AVEC 100 OBJETS

C’est l’histoire d’un gars qui s’appelle Dave («  A guy named Dave »). Le garçon vit à San Diego, ville côtière et prospère de Californie du Sud, entouré de sa femme, de leurs trois filles, d’un chien, d’un chat, d’un cochon d’Inde et de trois perruches, dans une maison suréquipée et surpeuplée. Comme l’essentiel de ses compatriotes, Dave est atteint du mal du siècle : il surconsomme. Un beau jour de 2008, l’homme a eu une révélation : s’affranchir du consumérisme à l’américaine et évangéliser les foules en les convertissant, si possible, à un style de vie minimaliste.

Le défi était noble, la méthode « simple ». Dave a fait le ménage dans sa vie pour ne vivre, pendant un an, qu’entouré de 100 objets personnels. Attention, femmes, enfants et animaux ne figuraient point sur la liste des choses à éjecter… Bible, vêtements (dont 7 T-shirts et 3 paires de jeans), crayon à papier, brosse à dents, rasoir, ordinateur portable, iPhone, skate-board et planche de surf figuraient sur la liste des objets que Dave, rebelle dans l’âme mais bobo de nature, avait choisi de conserver.

L’homme dont la devise est « nous sommes des humains et pas des consommateurs » a in fine créé un mouvement sur la Toile baptisé « le challenge des 100 objets ». Il a fait des adeptes et même empoché un contrat chez l’éditeur Harper Collins. Sur son blog, il encourage les visiteurs à commander son bouquin qui ne sort pourtant qu’en décembre… Est-ce que ce sera l’objet de trop ? —

Ses 5 conseils

1) Faites un inventaire de vos possessions

2) Listez les objets dont vous ne pouvez vous passer

3) Débarrassez-vous du reste

4) Si vous arrivez trop facilement à une liste de 100 objets, fixez-vous un objectif plus ambitieux

5) Choisissez votre propre méthode de calcul.

NB : Sur la liste de Dave, sous-vêtements, chaussettes et livres sont des catégories qui ne comptent que pour un objet. Inspiré par sa démarche, le bloggeur Leo Babauta a créé sa propre liste qui ne comporte que 50 objets

ANNE SENGÈS

STÉPHANE LINOU : L’ULTRA-LOCAVORE

Pendant un an, Stéphane Linou, 35 ans, a refusé le café, décliné les soirées foot-pizza et banni le chocolat et autres clémentines ou bananes de son quotidien. Son expérience, baptisée « Mangeons local » , consistait à n’ingurgiter que des produits plantés à moins de 150 km de chez lui. Ce bon vivant, qui aime cuisinier et rassembler autour d’un bon repas, a donc pu s’autoriser huîtres de Leucate et vin des Corbières à volonté. Quelques mois après la fin de l’expérience, Stéphane Linou n’a pas remisé ses principes au congélateur. « Sans me surveiller, je dois être à 70 % de produits locaux consommés. »

Créateur de la première Amap de l’Aude dès 2004, il possède des réflexes locavores déjà anciens et une organisation bien huilée : Amap pour les légumes, la viande, les œufs et le pain, et commandes groupées pour les pâtes auprès d’un paysan pastier. « Mangeons local » n’était pas un simple défi personnel consistant à se nourrir 100 % local sans se ruiner ni la santé, ni le compte épargne (1). L’enjeu était de faire des propositions politiques. « Je voulais bien sûr faire comprendre l’aberration écologique qui consiste à acheminer des kiwis d’Israël alors qu’on en produit à Montauban. Mais j’ai surtout cherché à alerter sur notre vulnérabilité alimentaire. » Dans un monde où le pétrole va se raréfier, où Carrefour et Auchan ne disposent que de quatre jours de stocks et où les ceintures maraîchères autour des villes ont disparu, que se passerait-il en cas de crise majeure, interroge Stéphane. « Lors de la restitution publique de mon expérience, j’ai fait intervenir de nombreux experts, dont un historien qui a rappelé que l’origine du pouvoir politique en France résida jusqu’au XXe siècle dans la gestion de la pénurie alimentaire. »

Proposition de loi

Concrètement, son action a permis à Castelnaudary, 11 000 habitants, de devenir en densité le premier lieu de consommation en Amap de France. « Rien qu’en légumes, il y a plus de 120 familles adhérentes ! », s’exclame-t-il fièrement. Après avoir donné une quarantaine de conférences dans tout le pays, Stéphane Linou interpelle désormais les parlementaires sur une proposition de loi. « Un peu comme la loi SRU avec le logement social, pourquoi ne pourrait-on imposer aux collectivités de consacrer un pourcentage de terres à l’alimentation locale ? »

Le géographe de formation fait également l’intermédiaire entre propriétaires fonciers et jeunes désireux de devenir maraîchers. « Les propriétaires préfèrent passer par mon association, l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural de l’Aude, pour être certains que leurs terres n’aillent pas à l’agriculture intensive. » Jusqu’en 2008, le terme « circuit court » était un gros mot dans le pays du Lauragais. Aujourd’hui, le Conseil général et la Chambre d’agriculture baptisent leur programme de menus pour les cantines « Manger local ». Drôle de ressemblance. — 

(1) Il a été suivi pendant un an par un médecin et une conseillère en économie sociale et familiale.

Ses 5 conseils

1) Respecter la saisonnalité des fruits et légumes

2) Cuisiner au maximum chez soi afin de ne plus recourir aux produits transformés issus de l’industrie agroalimentaire

3) Se renseigner sur la présence de producteurs locaux et se constituer en groupements d’achats avec ses amis, ses collègues ou sa famille pour les fruits et légumes (Amap), mais aussi la viande, le pain, les œufs, les pâtes…

4) Solliciter les élus pour qu’il y ait des produits locaux dans la restauration collective

5) Etre attentif et impliqué lors de l’élaboration des plans d’urbanisme locaux pour encourager les élus à attribuer des terres aux maraîchers

ALINE ROYER

COLIN BEAVAN : NO IMPACT MAN

Il y a des gens qui, au premier regard, font hurler au « cinglé ». C’est le cas de Colin Beavan, alias « No Impact Man ». Ce gratte-papier quadragénaire, plus habitué à écrire des bouquins historiques qu’à s’amarrer aux wagons nucléaires façon Greenpeace, a décidé en 2006 de réduire son impact environnemental à peau de chagrin. « Au début, je pensais écrire un bouquin qui dénoncerait l’attitude des gens. Et puis, j’ai réalisé que mon propre mode de vie contribuait aussi largement au problème. Alors, j’ai décidé de mener ma propre expérience et de la raconter sur un blog », nous confiait-il en mars, dans le salon d’un grand hôtel.

L’homme n’a rien d’un ascète barbu enterré au fond du Missouri. C’eût été trop simple. Il habite New York, avale plats à emporter et séries télé. Pendant une année, il conduit donc sa famille – femme et deux enfants – au rythme des disparitions : celle des déchets, du transport carboné, des produits importés, réduction de la consommation d’électricité et d’eau. Les quelques grammes de CO2 restants sont compensés par des gestes verts : nettoyage de rivières, de parcs…

Le dilemme du café du matin

Voilà pour la théorie. Les difficultés, elles, ont commencé au saut du lit, le premier jour de l’expérience. Ce matin-là, Colin Beavan avait le nez bouché. Devait-il saisir un morceau d’essuie-tout ou renifler jusqu’à épuisement ? Puis, il y eut les couches en tissu qu’il fallut apprendre à nouer et le dilemme du café du petit matin forcément importé. Il y eut enfin le très délicat sujet des visites aux grands-parents, loin de New York.

Au fur et à mesure, les faits sont tombés comme des couperets. « 40 % des déchets qui finissent dans les décharges américaines sont des emballages. Ça veut dire que 40 % des ressources de notre pays sont utilisées pour produire de la merde », lâche-t-il. Au détour de l’aventure, la famille Beavan a aussi connu son lot de joies : le retour de la vie sans télé et du temps libre et les kilos perdus grâce au vélo.

Aux quatre coins du monde, son blog a passionné. « Cette expérience a permis de rendre parlant des sujets très politiques. Les gens ont pu voir une connexion entre la fonte des glaces, la hausse du niveau de la mer et leur propre vie. Ils ont vu qu’ils pouvaient changer les choses. » Après le livre et le documentaire, un site – «  No Impact Man Project » – permet de retrouver tous ses conseils pour agir. —

Ses 5 conseils

1) Vivre sans télévision et sans climatisation

2) Acheter sur le marché de l’occasion

3) Faire ses courses auprès de producteurs locaux

4) Apporter sa propre tasse dans les boutiques de café à emporter

5) Compenser ses déplacements carbonés en soutenant des programmes d’énergies renouvelables dans les pays en voie de développement

KARINE LE LOËT

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Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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