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6-06-2012
Mots clés
Technologie
Etats-Unis

Des geeks américains au secours des villes fauchées

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Des geeks américains au secours des villes fauchées
(Credit : Code for America)
 
A travers Code for America, des as de la programmation développent gratuitement des applications pratiques pour les villes. Salvateur en ces temps de disette économique !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Vous êtes un web-développeur de génie ou un designer hors-pair mais vous vous ennuyez grave dans la société pépère qui vous emploie ? Vous devriez penser à rejoindre notre bande. Ensemble, nous aidons les gouvernements à mieux faire grâce au web et aux nouvelles technologies. » Telle pourrait être l’annonce passée par le programme Code for America. Son objectif ? Mettre l’expertise de programmeurs talentueux au service des gouvernements locaux américains. Et développer des applications à même de résoudre les problèmes pressants auxquels ces autorités locales et le public font face. Car le gouvernement fédéral, qui se débat pour régler les problèmes au plus haut niveau de l’Etat, n’a pas les moyens de s’intéresser aux villes qui en paient le prix fort. Frappées par la crise économique, elles emploient moins de personnel, laissent les nids de poules s’agrandir sur leurs routes, les mauvaises herbes envahir leurs parcs et la police déserter les rues.

Une appli pour adopter des bouches à incendie

En 2011, Code for America a sélectionné 19 boursiers - parmi 364 postulants - qui sont allés secouer les services publics de 4 villes américaines. En 2012, ils sont 550 à avoir envoyé leur dossier, et les meilleurs iront eux aussi trafiquer les codes des serveurs mais de 8 villes cette fois-ci. A la clé, des applications, parfois toutes simples, mais qui changent les relations entre les gouvernements et leurs administrés. A Boston, les chutes de neige hivernales donnent par exemple régulièrement des sueurs froides aux pompiers locaux : en cas d’incendie, ils perdent de précieuses minutes à retrouver les bouches à incendie recouvertes sous un épais manteau blanc, puis à les dégager. Un des geeks de Code For America a alors eu l’idée de développer l’application « Adopt-A-Hydrant » (J’adopte une bouche à incendie). Sur cette plateforme en ligne, tout volontaire peut désormais s’inscrire, s’engager à déneiger la bouche à incendie de son quartier et à renseigner son statut sur le site.

L’idée a été reprise à Chicago et a aussi séduit... Honolulu. Rassurez-vous : la capitale de l’Etat d’Hawaï n’est pas victime du changement climatique. Point de chutes de neige ici, mais des menaces de tsunamis. Des sirènes installées sur l’archipel permettent normalement de prévenir du danger... mais leurs batteries sont régulièrement volées. D’où l’idée de décliner l’application « J’adopte une bouche à incendie » à « j’adopte une sirène anti-tsunami » ! D’autres villes, elles, ont aussi adapté l’application à leurs besoins, lançant « Adopt-a-Storm-Drain » (J’adopte un caniveau), pour maintenir les réseaux d’écoulement d’eau des rues en état, ou encore « Adopt-A-Tree » (J’adopte un arbre), pour entretenir les espaces verts locaux.

Les bus scolaires suivis en temps réel pendant les tempêtes de neige

Boston, toujours, a adopté une autre application phare. Lors des snowpocalypse, comme on nomme certains de ces jours trop enneigés, les bus des écoles restent coincés dans les rues de la ville... et les lignes téléphoniques de la municipalité se retrouvent encombrées par les appels des parents. Les personnels de la ville, chargés de communiquer la situation géographique du bus, ne parviennent pas à répondre à toutes les demandes. « On peut régler le problème ! », ont alors lancé les programmateurs de Code for America. La municipalité n’a pas facilement accepté que des bidouilleurs de codes utilisent ses données GPS, mais une fois convaincue, le site « Where is my school bus ? » (Où est mon bus scolaire ?) est né, et avec lui, l’inquiétude des parents est descendue d’un cran : ils peuvent désormais suivre en temps réel le cheminement du bus de leurs bambins.

Autre exemple. Pour ouvrir un commerce à Santa Cruz, en Californie, il faut remplir des formulaires dans près de 10 services différents et les demandeurs ne savent jamais à qui s’adresser, dans quel ordre ni quels documents remplir. Les programmeurs de Code for America sont en train de s’attaquer à cette bureaucratie pure et dure pour rationaliser les démarches et simplifier le processus. La municipalité aurait certes pu le faire elle-même, mais cela aurait pris des mois, voire des années, et coûté une coquette somme. Avec des geeks au volant, les démarches devraient rapidement s’alléger.

On peut régler les problème

Le capitaine du bateau Code for America se nomme Jennifer Pahlka. Il y a quelques mois, elle était encore une star des jeux vidéos. Dans ce monde-là, elle organisait des conférences et dirigeait le magazine Game Developer ou le site Gamasutra. A peine lancée dans l’aventure Code for America, la voilà nommée en octobre 2011 parmi les Game Changers par l’Huffington Post, qui élit chaque année « les 100 innovateurs, visionnaires et leaders qui changent la façon dont nous regardons le monde et la manière dont nous y vivons ».

A cette occasion, elle rappelait l’essence de son organisation. « Une génération a grandi en étant capable de remodeler et de bricoler tous les systèmes qu’elle rencontre. Ces personnes peuvent ainsi développer des relations d’un genre nouveau avec les gouvernements et leur apporter une idée neuve, celle qu’on peut régler [les problèmes]. Cela instaure une nouvelle relation entre les gouvernements et la communauté « technologique », mais c’est aussi la voie à suivre pour des gouvernements qui sont désormais plus utiles et qui s’engagent dans la vie quotidienne de leurs concitoyens. »

Lors d’une Conférence TED en mars dernier, Jennifer Pahlka a explicité son concept du web utile :

Des programmes au cœur des réalités

Dans ses interviews, Jennifer Pahlka tient à le rappeler : les programmeurs de Code for America ne sont pas des geeks déconnectés de la réalité qui s’amusent à créer des applications sans aucun sens pour la communauté. Chacun d’entre eux doit en effet aller au charbon. Entendez : passer quelques 100 heures à interviewer les habitants des villes dans lesquelles ils travaillent et à identifier et comprendre ce dont ils ont besoin. Les applications qui naissent de ces brainstormings communautaires n’en sont que plus utiles. Installée sur son mobile, « Snapfresh » permet ainsi de savoir quels sont les cinq commerces les plus proches qui acceptent les coupons alimentaires et fournissent des produits de qualité. La plateforme « Councilmatic » rend quant à elle les informations sur les projets de lois discutés à Philadelphie aussi faciles à consulter que de « vérifier ses e-mails ou de lire un blog ». « ReRoute » permet de faire le choix entre vélo, bus, marche à pied, taxi ou voiture pour ses déplacements : en temps réel, cette application compare toutes ces options de transport en analysant temps, coût, impact sanitaire et environnemental.

Quid du financement pour faire tourner la machine Code for America ? Ce sont des donateurs qui s’y collent. Dans le trio de tête, Google a offert 1,5 million de dollars (1,2 million d’euros) Omidyar Network, 1 million de dollars (800 000 euros), la Knight Foundation, 750 000 dollars (600 000 euros). Les grands de l’internet n’hésitent d’ailleurs pas à laisser « partir » temporairement leurs éléments : plusieurs jeunes employés de Google, Apple ou Microsoft ont pris une année sabbatique pour participer à l’aventure Code for America. Une façon de mettre leur talent au service de leurs concitoyens, mais aussi d’améliorer le monde avec lequel ils interagissent désormais eux aussi, lorsqu’ils paient leurs impôts et remplissent des formulaires administratifs.

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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  • J’aime bien cette implication citoyenne. Ca me fait penser à l’article de Bruno THERET sur le hors série N°4 du Sarkophage (A cause du peuple), dont le titre est "Démocratie participative et monnaie-temps". L’auteur propose qu’une part de l’impôt se fasse en temps d’activité citoyenne.
    A première vue ça ressemble à la moyen-ageuse "corvée". En regardant de plus près, ce peut être un formidable outil de répartition des richesses et une monnaie complémentaire exempte d’inflation (une heure = une heure, pour tous et tout le temps !). Et il y a bien d’autres retombées positives que je vous laisse découvrir dans l’article.

    7.06 à 08h46 - Répondre - Alerter
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