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21-10-2004
Mots clés
Finance
Europe
France

De l’or en barres ?

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Pallier le manque de moyens de la recherche, combler le trou de la Sécu, effacer le déficit public d'un coup d'éponge. Pour réaliser ce miracle, la France aurait une arme secrète : vendre ses réserves d'or. Est-ce bien raisonnable ?
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Ce pourrait être le hit-parade de l’année. Claudie Haigneré, l’ancienne ministre de la Recherche, désespérée par la cure d’amaigrissement imposée à son ministère, l’avait suggéré. Jean-Pierre Raffarin lui-même avait renchéri. Avant d’être rejoint, encore tout récemment, par Nicolas Sarkozy, flamboyant titulaire du portefeuille de l’Economie et des Finances. Pourquoi ne pas vendre une partie des réserves d’or de la France ? Les marchés boursiers gîtant sans perspective d’éclaircie et les cours de l’or ne cessant de grimper, l’idée avait de quoi séduire.

Les stocks d’or : kézako ?

Petit rappel historique. Après 1944 et les accords de Bretton Woods - du nom d’une bourgade du New Hampshire aux Etats-Unis - un nouveau système monétaire international donne une place prépondérante au dollar. Les autres monnaies voient leur cours indexé sur le sien. Les réserves des différentes banques centrales doivent alors être constituées de devises. Et non plus d’or. Les stocks aujourd’hui détenus par les pays économiquement dominants, sont un héritage direct de cet ancien régime monétaire. "Cet héritage n’est que marginal, explique Rémy Contamin économiste au Crédit agricole. L’essentiel des réserves étant aujourd’hui constitué de devises."

Vendre les bijoux de famille pour combler le déficit public ?

La France - troisième détenteur d’or au monde - dispose dans ses coffres de 3024 tonnes en lingots, dont la valeur est estimée à une trentaine de milliards d’euros. Insuffisant donc pour combler un déficit estimé au 31 août 2004 à 57,9 milliards d’euros. Pour information, les Etats-Unis gardent sous le coude 8135 tonnes du précieux métal et l’Allemagne 3249. A noter, Berlin avait en tout premier - dès février dernier - émis l’hypothèse de vendre une partie de ses stocks. Mais outre-Rhin, l’idée fut rejetée par les partis politiques.

Réaliste ?

Les réserves ne sont évidemment pas la propriété du gouvernement. Le décisionnaire est le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Cette indépendance vaut pour tous les pays de l’UE. Mais ce n’est pas la seule raison. Depuis la création de la Banque centrale européenne (BCE), les institutions monétaires européennes sont solidaires et interdépendantes. Aucune décision nationale ne peut se faire sans l’accord des autres membres de l’UE. Illustration, en mars dernier : 15 banques centrales européennes, dont celles de l’Allemagne et la France se sont entendues pour limiter leurs ventes d’or à 500 tonnes par an durant la période 2004-2009. Il est donc inconcevable de voir la France se séparer de toutes ses réserves d’un bloc, ce qui ferait brutalement chuter le cours du métal jaune.

En admettant toutefois qu’un accord soit trouvé, et que la France mette sur le marché une partie de son or, le gain pour l’Etat serait bien maigre. La plus-value dégagée de cette vente ne pourrait en effet être directement attribuée au budget de l’Etat. En caricaturant, c’est un peu comme si la SNCF se débarrassait d’une gare de triage : les liquidités ainsi obtenues ne tomberaient pas dans l’escarcelle de Bercy. C’est uniquement via les dividendes dégagés par un profit croissant de la Banque de France (car les sommes récupérées par la vente de l’or auront été placées sur des produits plus rémunérateurs) que l’Etat pourra être "servi".

Achetez de l’or !

Quoiqu’il en soit, son stockage dans des sous-sols surprotégés coûte très cher. Pourtant, certains pays asiatiques, pour se couvrir face à la baisse du dollar, accumulent de nouvelles réserves. "Une aberration", estime Rémy Contamin, qui rappelle que "l’or est un bien et n’a donc pas de rôle actif dans les échanges monétaires". Taxée de "relique barbare" par Keynes, l’or serait donc bon à remiser à la cave. "Pas pour tout le monde !", rétorquent les gérants de portefeuille. Historiquement, le cours de l’or - calculé à l’once (31,25 grammes) - grimpe en période d’incertitude, notamment avant un conflit, une élection indécise et/ou redoutée... Son prix sur le marché a été multiplié par 12 en trente ans ! Il a atteint ces derniers mois des niveaux historiques : plus de 400 dollars l’once, alors qu’il stagnait autour de 260 dollars il y a seulement trois ans (avant les événements de septembre 2001). Pour les particuliers - pour les plus riches en tout cas - l’or est traditionnellement considéré comme une valeur "refuge", sur laquelle se rabattre quand les marchés d’actions chutent.
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  • Attention : l’or n’est pas seulement une relique barbare. A la différence des actifs financiers immatériels (titres - actions, obligations, dérivés, ...), l’or a pour principale fonction de valoir quelque chose, outre son aspect décoratif et industriel. Quoi qu’il arrive, étant donné la rareté que tout le monde lui accorde et l’arrivée limitée de métal jaune sur le marché (à la différence de l’argent), l’or est la réserve ultime de valeur. La "mère de toutes les valeurs". L’or vaut, et c’est tout. Mais par les temps qui courent, ce n’est déjà pas si mal.

    C’est d’ailleurs le principal intérêt d’avoir des réserves en devises pour les banques centrales : par réserves monétaires, on comprend également les emprunts d’Etat (ie les titres de dette publique). Chaque année, ces obligations donnent droit à l’obtention d’un coupon, expression de leur rendement. L’or, lui, ne rapporte rien. Il vaudra toujours quelque chose ad vitam, quand une action ou ue olibation peuvent très bien valoir zéro, mais c’est tout. Pas de dividende ou équivalent.

    Détenir des réserves en devises, par essence fiduciaires (ie dont la valeur est fonction de la confiance qui leur est accordée), c’est très bien jusqu’à ce que les devises en question soient pénalisées par l’émission de dettes excessives par rapport aux actifs qui la garantissent. Historiquement, toutes les monnaies fiduciaires ont fini par s’effondrer, en partie car à un moment donné, les gens qui en avaient la charge ont abusé de la confiance que leur devise inspirait. Et que cela a fini par se voir.

    Le marché des changes joue alors son rôle : il rééquilibre ce déséquilibre en jouant sur le prix. Et la valeur relative du dollar US baisse, car c’est là bas que la situation est la pire. La monnaie US perd de la valeur par rapport à la plupart des autres devises, pas seulement l’euro, et surtout par rapport à l’or.

    Si la devise internationale de réserve qu’est le dollar fait défaut, l’euro (ou le yen, le yuan…) n’est pas prêt. C’est l’or qui reprend la place que Bretton Woods lui a piqué, à cause de l’incurie de la finance américaine. (Et aussi par le soutien de fonds spéculatifs qui s’en donnent à cœur joie sur des matières premières redevenues très profitables).

    Bref, tout ça pour dire que si l’once d’or a grimpé en dollars américains (aujourd’hui, l’once cote 441 US$ l’once, contre 285 dollars il y a cinq ans : soit une hausse approx. de 55 % sur la période), en euros, la situation est très différente.

    Il y a exactement cinq ans, à Paris, le Napoléon (pièce de 20 francs-or) cotait 51,5 équivalent-euros. Aujourd’hui, il vaut 59,5 euros, soit une hausse de 15,5 %.

    Donc : la monnaie européenne a un peu perdu face à l’or, ce qui traduit une certaine dégradation de ses fondamentaux économiques. Mais bien moins que le dollar américain…

    Vendre de l’or alors que les endettements mondiaux, sous toutes leurs formes, augmentent si vite qu’ils semblent parfois échapper à toute maîtrise, me semble être la décision la plus imprudente qui soit pour l’époque. Voire de la bêtise court-termiste. Pas étonnant que Sarkozy s’en vante…

    Lorsque l’époque est sombre, mieux vaut avoir des actifs sûrs en réserve.

    Le Nonce

    *-*-*-*-*-*

    Les cours de ce qui reste du marché de l’or à Paris (CPR Or, premier courtier en or parisien, filiale du Crédit agricole) :
    http://www.cpror.com/index9.html

    Les cours de l’or en live sur le marché américain, en dollars US (courtier en métaux américain) :
    http://www.kitco.com

    23.12 à 14h29 - Répondre - Alerter
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