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31-10-2007
Mots clés
Santé
Développement Durable
France

Dans les poubelles de l’hôpital

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Vorace en énergie et en produits toxiques et jetables, l’hosto a des airs d’« ogre » environnemental. Mais fidèle au précepte d’Hippocrate « d’abord ne pas nuire », il tente de concilier santé et développement durable. Visite exclusive au Centre hospitalier de Douai (Nord) de Douai (Nord).
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Il est 7 heures du matin. Cathy Herbaut, infirmière anesthésiste, se plie au rituel. Elle prépare le bloc opératoire pour les interventions de la matinée. Elle dispose les plateaux stériles, regroupe les seringues, prépare la salle d’opération et place les poubelles. A chaque opération, c’est tout un stock de matériel à gérer et presque autant de déchets au final. Car l’établissement est très gourmand en équipements spécifiques et doit se plier aux dispositions réglementaires. Du coup, c’est souvent l’usage unique qui est privilégié : cathéters, seringues, tubulures, gants, mais aussi alèses, conditionnements divers… Pour la seule année 2006, l’établissement de 788 lits a consommé quotidiennement près de 2 400 de ces dispositifs médicaux non stériles. « Au bloc opératoire, où les contraintes d’asepsie sont extrêmement fortes, entre 70 et 80 % du matériel ne sert qu’une seule fois et doit être jeté après utilisation », estime l’infirmière.

On comprend mieux l’innombrable quantité de déchets que l’hôpital engendre – 3 tonnes au quotidien – tous secteurs confondus pour cet établissement qui draine un bassin de population de 257 000 habitants. A titre de comparaison, un particulier produit près d’un kilo de déchets par jour. Une fois l’opération au bloc terminée et le patient transféré en salle de réveil, les déchets sont immédiatement évacués, à l’intérieur de sacs facilement identifiables par leur couleur, vers un local dédié à leur stockage.

51 830 litres de détergents

Au second étage du bâtiment, côté maternité, la matinée est en partie occupée par les soins aux nouveaux-nés et aux jeunes mamans. Ici, point d’opération ou de soins à haut risque, mais une sensibilisation au tri des déchets. Laurence Heddebaut, sage-femme, en explique les motivations : « Nous côtoyons des patients, mamans et bébés, qui se trouvent dans des conditions saines, sans infection généralement. Nous avons donc estimé qu’il était intéressant d’inclure chaque patiente à notre culture de tri des déchets. En effet, dans ce service, les mamans génèrent deux types de déchets uniques produits par elles-mêmes et leurs bébés du fait de l’accouchement. Tout ce qui est taché de sang rejoint directement le circuit des DASRI (déchets d’activité de soins à risques infectieux) ; le reste, y compris les couches du nouveau-né, reste du domaine du déchet de type ménager. » Les draps et alèses sales rejoignent le même local que les déchets, dans l’attente de leur lavage.

La matinée appartient aussi aux femmes de ménage. A elles, la responsabilité du nettoyage des sols et des surfaces. Les chambres de la maternité et de l’hôpital tout entier sont lavées à l’aide de 142 litres de détergents, chaque jour. Midi, direction le logipôle, l’un des centres névralgiques de l’établissement, où se trouve le restaurant du personnel. 300 à 350 repas y sont servis quotidiennement. Pour cela, une quantité phénoménale de denrées périssables et surgelées est utilisée. Ils rejoindront in fine une filière de valorisation énergétique.

Dans ces cuisines sont préparés également 1 600 déjeuners pour rejoindre directement le chevet du patient. Ce dernier, consommateur passif en puissance, génère dès son entrée dans l’hôpital une grande part des déchets qui y sont produits. C’est en partie pour lui que l’hôpital consomme plus de 400 000 bouteilles d’eau par an. Plus de 10 millions d’unités de vaisselle jetable, près de 900 000 dispositifs médicaux non stériles et une quantité astronomique de gélules, pilules, comprimés, solutions injectables… Mais l’addition n’est pas terminée : 21 095 litres de lessives et de désinfectants sont nécessaires au lavage du linge utilisé dans les murs de l’hôpital. Au sein de la blanchisserie, une vingtaine de personnes s’activent jusqu’en fin d’après-midi pour gérer les énormes quantités de textiles utilisées – 4 000 kg par jour, l’équivalent du poids de quatre voitures Twingo. Les draps, alèses, chemises et serviettes suivent ensuite un circuit précis. Collectées puis triées, ces pièces de linge sont inspectées avant de rejoindre un circuit de lavage spécifique selon le type de tissu, de tâches, etc.

L’hôpital a ensuite recours à de la soude, des bactéricides, de la lessive, des adoucissants, des agents de blanchiment pour rendre le linge réutilisable. Tous ces produits ont un impact sur l’environnement. Sans compter l’eau requise pour ces opérations : en moyenne, 10 litres par kilo de linge. Compacteur à carton et bennes à ferraille Mais des solutions visant à neutraliser les effets néfastes de ces produits sur l’environnement existent. A Douai, par exemple, l’eau rejetée par la blanchisserie est traitée par injection de dioxyde de carbone, ce qui lui permet de retrouver sa neutralité première. Et la réglementation concernant les rejets d’effluents liquides est drastique pour les hôpitaux : le circuit d’eau ne doit jamais être souillé par un rejet nocif. L’hôpital de Douai a relevé ce défi. Une étude indépendante vient en effet de montrer que le rejet global du centre hospitalier s’apparentait in fine à un rejet de type domestique.

Linge et déchets arrivent sur leur lieu de stockage par le même petit convoi. Aux wagons de linge sale succèdent les wagons de déchets pré-triés. « Sauf pour les DASRI, précise David Rivière, responsable environnement au sein de l’établissement. Pour ces déchets à risque, une fois qu’ils ont rejoint des bacs spécifiques, le personnel hospitalier ne les manipule plus. Ils sont collectés directement tous les deux jours par une entreprise qui gère leur enlèvement, puis sont acheminés vers l’incinérateur. » Tous les autres déchets, triés dans chaque service, parviennent aux collecteurs placés à l’extérieur. On y trouve un compacteur à carton, qui permet d’espacer l’enlèvement et donc le transport par route, réduisant ainsi les émissions atmosphériques polluantes.

Il y a également des bennes pour la ferraille ou le bois, qui faciliteront leur recyclage et des bacs pour les déchets de types ménagers. Ces derniers seront ensuite valorisés pour produire de l’énergie par le biais d’un enfouissement technique : les biogaz issus de leur fermentation pourront servir à chauffer des appartements par exemple. La boucle est presque bouclée. Reste la question de l’énergie : un point que l’hôpital entend améliorer. La construction d’un nouveau bâtiment aux normes Haute qualité environnementale devrait permettre d’y répondre en partie. —


Une empreinte au scanner Un outil de diagnostic vient d’être créé pour les établissements de santé. A l’initiative du Comité développement durable en santé (C2DS), entité existant depuis un peu plus d’un an, ce nouveau dispositif se présente sous la forme d’un questionnaire. L’établissement peut y mesurer son empreinte écologique et son degré d’engagement dans une démarche durable. Ambition du C2DS : inventer l’agenda 21 propre à la communauté hospitalière. Voici quelques-uns de ses « rêves » : un centre de lutte contre le cancer construit avec des matériaux... non cancérigènes, une maison de retraite nettoyée à l’aide de produits moins nocifs, une clinique qui saurait évacuer de façon saine tous ses effluents, recycler les quantités colossales d’eau qu’elle consomme, un centre de rééducation fonctionnant avec des énergies respectueuses, un hôpital qui s’appliquerait à rendre ses patients acteur de leur propre santé à travers l’éducation, la prévention en santé et le dépistage, une maternité apprenant aux mamans à recycler leurs biberons jetables.

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