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30-08-2011
Mots clés
Société
Emploi
France

Crise : pourquoi ce sont les pauvres qui trinquent ?

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Crise : pourquoi ce sont les pauvres qui trinquent ?
(Crédit : Clément Laberge/flickr)
 
Le dernier rapport de l'Insee est formel : la crise a malmené le niveau de vie des plus modestes tandis que celui des plus riches a continué d'augmenter légèrement. Mais le pire est peut-être à venir, avec une explosion de la pauvreté.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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L’Insee a rendu un rapport sur les niveaux de vie en 2009. Et tiré une conclusion alarmante. La crise a creusé encore les finances des 10% les plus modestes, baissant leur niveau de vie de 1,1%. Elle a du même coup renvoyé derrière le seuil de pauvreté 8,2 millions de personnes soit 0,5% de plus qu’en 2008. Pendant ce temps, le niveau de vie des plus riches s’est légèrement accru (de 0,7%). Mais pourquoi les plus pauvres trinquent-ils ? Explications d’Eric Heyer, directeur adjoint au département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Terra eco : Pourquoi les pauvres sont-ils plus touchés par la crise ?

Eric Heyer : Selon l’Insee, la pauvreté a augmenté notamment parce que le chômage a fortement progressé. Or, celui-ci a touché principalement les secteurs d’activité des quatre déciles les plus modestes. Et lorsque le chômage touche ces déciles-là, les indemnités versées sont faibles. Elles ne permettent pas de maintenir les personnes au dessus du seuil de pauvreté (fixé à 60% du revenu médian soit 954 euros mensuels en 2009, ndlr). La crise a par exemple particulièrement touché l’industrie et le bâtiment. Dans ces secteurs, la productivité est faible et les salaires sont indexés sur cette productivité. Résultat : les gens ont basculé dans la pauvreté quand ils ont perdu leur emploi. Inversement, les hauts revenus ont non seulement eu une probabilité plus faible d’être touchés par le chômage et s’ils l’ont été, les indemnités versées ont été plus conséquentes.

Mais n’oublions pas que le rapport de l’Insee porte sur les chiffres de 2009. La situation sera peut-être différente pour 2011. Car on observe aujourd’hui une explosion du chômage de longue durée. Des chiffres publiés (par le ministère du travail, ndlr) la semaine dernière montraient, sur une année, une augmentation de 27,7% des personnes au chômage depuis plus de 2 ans. Or, les indemnisations versées ne dépassent jamais plus de 24 mois. Ces chômeurs-là vont commencer à tomber dans les minima sociaux. Qu’ils soient riches ou non, ce sera la même chose. L’impact de la crise sur les différentes classes sera peut-être ainsi mieux réparti. Mais on ne verra cette réalité que dans deux ans, quand les chiffres sur 2011 seront publiés.

Le gouvernement a mis en place des amortisseurs au moment de la crise : crédit d’impôt pour les plus faibles revenus, prime de « solidarité active », prime de rentrée scolaire... N’ont-ils pas suffi ?

Certes, il y a eu des mesures ponctuelles qui ont fait partie du plan de relance. Elles ont permis de limiter la hausse de la pauvreté mais de façon insuffisante. Pour l’Insee, elles ont simplement permis de diminuer le taux de pauvreté de 0,2 point en 2009. Et surtout depuis, elles ont disparu. Pour 2011 tout va aller en sens inverse. Les personnes au chômage de longue durée commencent à perdre leurs indemnités et le plan de relance s’est transformé en plan d’austérité. On peut dès lors craindre une explosion de la pauvreté et ce, même sans explosion du chômage. C’est pour cela qu’il ne faudra pas se contenter d’une stabilisation du chômage. La stabilisation n’a d’intérêt que s’il y a une rotation des chômeurs et que tout le monde peut bénéficier des allocations chômage.

Que faut-il faire alors pour enrayer la pauvreté ?

Il faut augmenter les minima sociaux. On peut le faire de façon pérenne ou sous la forme d’une prime. Dans ce dernier cas, on augmenterait les minima en période de crise et on les stabiliserait en période de reprise. C’est une solution pour ceux - notamment parmi les proches du gouvernement – qui pensent qu’augmenter les minima sociaux de façon pérenne a des inconvénients. Que ça n’incite pas au retour à l’emploi. Ou que cette augmentation risque de peser lourd sur les caisses de l’État. Le principe de la prime lève toutes les critiques.

Et l’augmentation des minima sociaux permettrait aussi de ne pas tomber dans une croissance molle. On sait aujourd’hui que la propension marginale à consommer (la part du revenu d’un ménage consacrée à la consommation, ndlr) est plus forte quand on a peu d’argent que quand on en a beaucoup. Si on donne 100 euros à une personne qui touche un revenu modeste, elle va consommer 99 euros. L’effet sur la relance est donc élevé. En revanche, si on donne 100 euros à des personnes situées dans les hauts déciles, elles vont consommer 65 euros et épargner 35 euros. Alors si on estime que la croissance est fragile et qu’on n’est pas sorti de la crise, il faut aider l’activité et augmenter les minima sociaux.

Et donc augmenter les prélèvements obligatoires ?

Oui, on pourrait par exemple s’attaquer à la niche fiscale sur les heures supplémentaires. A la lecture de l’étude de l’Insee, on voit bien que cette niche est injuste. Les personnes qui sont restées dans l’emploi ont une deuxième chance, celles de faire des heures supplémentaires. Or, à celles-ci on fait un nouveau cadeau en défiscalisant ces heures. On pourrait dire qu’en temps de crise, on cesse cette défiscalisation et on donne le produit de cette économie à ceux qui ont perdu leur emploi à travers l’augmentation des minima sociaux. Cela coûterait zéro à l’Etat et ça permettrait de soutenir l’activité de façon plus conséquente, d’avoir une rentrée fiscale supplémentaire et donc de réduire le déficit. Le jour où l’activité repart, on pourrait revenir sur cette défiscalisation.

On pourrait aussi augmenter la fiscalité des plus riches ?

Oui, en créant un impôt supplémentaire ou une tranche supplémentaire d’imposition. En tout cas, l’idée selon laquelle il faut adapter les mesures fiscales me paraît être la bonne. Le problème c’est que les niches fiscales ont souvent un sens économique quand elles sont adoptées par les gouvernements mais qu’elles peuvent devenir inefficaces dans une conjecture différente. Cela fait vingt ans qu’on crée 20 niches fiscales par an et qu’on les garde toutes. Or certaines ne sont plus du tout d’actualité comme la défiscalisation dans les DOM ou les heures supplémentaires. Alors revenons dessus ! Le problème c’est qu’en période électorale, les hommes politiques veulent tenir leurs promesses coûte que coûte même si celles-ci n’ont plus de sens.
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  • C’est sur que les pauvres de pourrons jamais faire de la défiscalisation car généralement il faut gagner plus de 5000€ d’impôt pour avoir accès à ce luxe !

    19.05 à 15h55 - Répondre - Alerter
  • A "Perplex" : que vient faire l’immigration dans cette galère ?! D’abord que veut dire immigration de 2e ou 3e génération : quand on est né en France, on est Français ! Et sauf à vouloir faire croire comme Le Pen père et fille que la France est un petit îlot à préserver alors que tous les pays riches (et donc surtout les riches de ces payés) pillent les ressources naturelles des pays pauvres, on est obligé de reconnaître que les pauvres de ces pays cherchent à survivre - la plupart se déplaçant de pays pauvres en pays pauvres et d’autres parvenant à atteindre nos pays riches - et qu’avec les réfugiés climatiques ce phénomène s’amplifiera. Le problème des inégalités - d’un pays à l’autre et à l’intérieur de chaque pays - et de l’accaparement des richesses et ressources de la planète (et donc leur épuisement) ne se résoudra pas en tentant de mettre des barbelés autour de nos frontières !!
    A Salamolive : le pb de la déficalisation des heures sup c’est qu’elle encourage le patronat à recourir aux heures sup plutôt que d’embaucher : en période de chômage, c’est une mesure contre-productive !

    5.09 à 15h21 - Répondre - Alerter
  • Les "minima sociaux pérennes" portent aussi le nom de "revenu universel". Pour ceux qui ne connaissent pas, le principe est d’attribuer inconditionnellement un revenu mensuel permettant de payer le minimum requis pour vivre (logement, nourriture).

    Pour plus de détails, voir Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu... ou ce site http://www.creationmonetaire.info .

    3.09 à 19h59 - Répondre - Alerter
  • Perplex : Article incomplet

    Pourquoi pas un mot sur l’immigration et la démographie ? Quelle est la part des personnes d’origine étrangère parmi les pauvres ?

    Il y a environ 200.000 nouvelles entrées (!) chaque années sur le territoire français. Toutes ces personnes sont très peu ou pas du tout qualifiées. Or le nombre de postes de travail disponibles n’est pas extensible à l’infini. Ils est donc logique que le chômage augmente fortement, et que ces populations se maintiennent dans la pauvreté. On se félicite également de l’augmentation de la démographie française. On la doit principalement aux population allochtones qui font plus d’enfants que les autochtones. Or il y a beaucoup de chômage chez les jeunes issus de l’immigration de 2ème et 3ème génération qui pour un certain nombre n’ont jamais vu leur parents travailler. Il faut stopper le flux migratoire d’urgence afin de pouvoir s’occuper correctement de ceux qui sont déjà là. Il n’est pas ici question de ne plus accueillir personne, mais de constater qu’il n’est pas possible de gérer un nombre aussi important de nouveaux arrivants dans faire crouler le système social du pays (et ce constat n’est pas spécifique à la France).

    Ce sujet est éminement tabou par les temps qui courent, ce qui explique certainement que cet article est incomplet, simpliste, se basant uniquement sur les chiffres de l’Insee, qui est bien connu pour occulter certaines données"sensibles".

    3.09 à 11h58 - Répondre - Alerter
  • les "riches" ne sont pas ceux qui font des heures suplémentaires, eux aussi "consomment" avec ce revenu défiscalisé. vous noterez que les heures sup déficalisée profitent uniquement aux ouvriers et employés modestes, pas aux cadres ni aux professions libérales encore moins aux secteurs des banqueset des assurances....... cet article est trop simpliste, superficiel, qui sont les riches dont on parle ?
    par exemple mon mari et moi nous travaillons tous les 2, on a un bac +2 et 38ans, on gagne 2000 e nets chacun et je ne me sens pas "riche", on n’épargne pas, on a 1/3 de notre revenu en crédits divers..... ce n’est pas les gens comme nous qu’ils faut taxer d’avantage, ce que nous avons nous le gagnons honetement et on paye des impots dessus, à mon avis les "riches " sont d’autres gens qui gagnent d’avantage, les politiques, les sportifs, les banquiers, les assureurs, les entrepreneurs.....

    31.08 à 07h30 - Répondre - Alerter
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