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27-03-2014
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Ville
Espagne

Comment Bilbao s’est remise aux pas

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Comment Bilbao s'est remise aux pas
(Crédit photo : denis doyle - the new york times - réa)
 
Etouffée par le tout-voiture et un passé industriel omniprésent, la cité basque a su se réinventer en ville idéale pour les marcheurs. Récit d’une métamorphose.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Bienvenue à Bilbao, musée des horreurs écologiques. » Carlos Cuerda, alors étudiant, se souvient de ce graffiti, à l’entrée de la ville. C’était en 1986. Des militants exprimaient alors leur colère contre la cité basque, contaminée par une industrie greffée en son cœur. Aujourd’hui, l’image cauchemardesque a laissé place à une tout autre réalité : rues piétonnes, parcs et itinéraires de promenades sont devenus l’ADN de Bilbao. La métamorphose a débuté dans les années 1990. A l’époque, les grandes usines sidérurgiques, de construction navale ou de métallurgie, comme Altos Hornos de Vizcaya ou Euskalduna, faisaient face à une crise profonde, qui avait plongé la ville dans une grave dépression socio-économique.

Chemin de fer cannibale

Les adultes d’aujourd’hui natifs de Bilbao évoquent le souvenir d’une ville de béton d’abord pensée pour l’activité industrielle et la voiture. Une ville dépourvue d’espaces pour jouer, marcher ou courir. Sans parler de rouler à vélo. Uribitarte et Abandoibarra, quartiers industriels il y a encore deux décennies, étaient à l’abandon. On se retrouvait nez à nez avec des conteneurs rouillés, des machines-outils d’un autre siècle. La zone était défigurée par une ligne de chemin de fer qui cannibalisait les eaux douteuses et pestilentielles de la ria du Nervión, qui s’écoule jusqu’à la mer Cantabrique. Pour Bilbao, c’était l’heure du choix.

Directeur général de l’association Bilbao Métropole (1), créée par les principales institutions et entreprises de l’aire urbaine et destinée à revitaliser la ville, Alfonso Martínez Cearra estime que « la ville basque était, à l’époque, le résultat d’un urbanisme incohérent et indigne d’une métropole européenne qui se respecte. Elle n’avait pas d’autre solution que de changer ». Les Bilbainos du monde économique et institutionnel vont alors transformer « leur » Bilbao en une cité moderne, consacrée aux services et à ses habitants, sans industrie lourde, ni pollution.

Carola, dernier témoin

Verrues du centre-ville, les usines sont démantelées. De grandes avenues, des parcs et des parcours de promenade sont percés. C’est là, au milieu des effluves de la mer, que trône aujourd’hui le musée Guggenheim. A ses pieds, plusieurs kilomètres de sentiers viennent caresser la rivière, où les promeneurs peuvent désormais pêcher, naviguer et même piquer une tête ! Seule Carola, la grue géante et rouge, témoigne du passé industriel de la cité. Même scénario sur les hauteurs de la ville. Federico de Echevarría, capitaine d’industrie, y possédait au XIXe siècle une immense aciérie. Elle a cédé la place au parc Echevarría, ses nombreux chemins et espaces verts. Seule la cheminée, appendice d’un autre temps, survit encore.

Le cœur historique, le Casco viejo, totalement noyé sous les grandes inondations de 1983, a, lui, bouté la voiture hors de ses rues. Il est un fief 100 % piéton. On peut y déambuler des heures, jusqu’à ce que la faim et les parfums des trésors gastronomiques locaux fassent enfin plier les marcheurs les plus acharnés. « Ce ne sont pas tant les grands travaux qui ont changé la ville que les milliers d’opérations microchirurgicales dans les quartiers et les arrondissements, comme les ouvertures de parcs, l’accent mis sur l’accessibilité, la piétonnisation, la création d’ascenseurs dans les zones les plus élevées... », juge Carlos Cuerda, l’étudiant devenu responsable d’un bureau d’études en développement durable. Le développement du réseau de transports en commun a, lui aussi, été crucial. En 1995, la première ligne de métro ouvre ses rames et fait le lien entre la ville et l’agglomération (873 000 habitants en 2011). Le maillage en lignes de bus s’étend et le tramway fait son apparition en 2002. Bref, la voiture n’est plus la bienvenue.

Surnommée El Botxo (le Creux), Bilbao est lovée au pied des montagnes. En 2013, la ville est officiellement reconnue comme sentier de grande randonnée ! Flanqués de rouge et blanc, les panneaux du GR228 jalonnent la ville à travers onze itinéraires différents et permettent de se perdre sur les flancs de l’Artxanda, du Pagasarri, du Monte Avril, d’Arnotegui ou de l’Arraiz, les montagnes protectrices.

Passer au « réseau »

Mais si Bilbao la renaissante a beaucoup progressé, il reste du chemin à parcourir. En quinze ans, la cité basque est passée de 6 m2 d’espaces verts par habitant à 24. Encore insuffisant. José Enrique Antolín, professeur de sociologie à l’université du Pays basque et spécialiste de la piétonnisation de Bilbao, estime qu’il est temps de « passer à la notion de réseau ». Il explique ainsi que les espaces piétons sont encore cantonnés à la présence d’activités commerciales et d’hôtellerie et sont de ce fait « fragmentés ». Il est donc nécessaire « de considérer le piéton comme une mobilité à part entière et ainsi de créer un réseau interne pensé pour les déplacements à pied ». Pour cela, il faut convaincre les habitants. « Le voisinage se plaint que soient supprimées des places de stationnement quand sont engagés des chantiers de piétonnisation. Or, dès que le chantier est terminé, il est le premier à récupérer l’espace de la rue et à se l’approprier ! » Carlos Cuerda pousse un peu plus loin le débat : « Il s’agit de flécher toutes les infrastructures centrées sur la “ voiture reine ” pour les réorienter vers le citoyen, en créant un écosystème soutenable. » Pas à pas donc. —

(Traduction : David Solon)

(1) www.BM30.es


Pour les transports, c’est le pied

D’après le gouvernement basque, le mode de transport le plus utilisé à Bilbao est… la paire de jambes (47,8 %), suivie, de loin, par la voiture (31,1 %). La ceinture verte couvre, elle, près d’une centaine de kilomètres accessibles à pied depuis le centre-ville, jusqu’aux montagnes surplombant la cité basque. —

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