Ceci est une invitation

N’est-elle pas fringante, cette Marianne qui fait la Une de Terra eco ? Fringante et culottée, elle est à l’image des questions d’écologie. Longtemps cantonnées à quelques cercles d’experts et de militants, elle touchent aujourd’hui toutes les strates de la société. On sent incontestablement venir une métamorphose de la société. Mais n’allons pas trop vite. Car notre monde reste traversé d’injonctions contradictoires. Au pays du Grenelle de l’environnement, on lance encore des projets d’autoroutes. A Copenhague, la France revendique un devoir de solidarité avec les pays du Sud sur la question climatique. Dans le même temps, notre aide publique au développement atteint péniblement 0,46 % du PIB, alors que nous nous sommes engagés à en verser 0,7 % depuis des années.

Puisqu’on parle du PIB, tout le monde a bien compris que celui-ci mesure très mal nos richesses, « oubliant » de prendre en compte l’épuisement des ressources ni l’état du tissu social. Et pourtant, chaque mois, pour ne pas dire chaque semaine, on ausculte son pouls, guettant sa moindre variation, comme si l’avenir des cinq générations à venir en dépendait. On sait qu’il faut d’urgence faire émerger d’autres indicateurs, capables de matérialiser les enjeux du développement durable. Ce n’est que lorsque ces nouveaux indicateurs s’imposeront comme nouveaux référents que nos repères changeront positivement. Ces nouveaux repères nous aideront alors à changer la finalité de nos actions. Puisque ces nouveaux indicateurs peinent à émerger, Terra eco ose ce mois-ci poser un autre regard sur la richesse de nos régions. Avec quelques outils, que nous avons empruntés à leurs créateurs, nous vous proposons une nouvelle façon de « considérer la richesse » chez nous, pour paraphraser l’excellent Patrick Viveret. Nous imaginons bien les débats que suscitera notre dossier, et nous y reviendrons certainement dans nos prochaines éditions et sur notre site Internet. En attendant vos réactions, sachez que ce magazine que vous tenez entre les mains célèbre son premier anniversaire en kiosques. Nos premiers lecteurs se souviendront qu’avant Terra eco, il y avait Terra Economica, et que nos débuts remontent en réalité à janvier 2004 : déjà six ans ! Six ans, c’est – déjà – l’âge pour évoluer, nous réinventer. Et c’est l’invitation que nous vous faisons : réinventons Terra eco ensemble. C’est le sens du projet « lecteurs responsables » que nous vous présentons ici. Nous espérons que vous accepterez nombreux notre main tendue et que vous ferez connaître notre initiative. Nous sommes convaincus que l’histoire de Terra eco ne peut s’écrire qu’avec vous et votre implication active. —

Photo : Flore-Aël Surun - Tendance floue