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24-04-2013
Mots clés
Alimentation
France

Caroline Delboy, cool à facettes

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Caroline Delboy, cool à facettes
(Crédit photo : Philippe Quaisse pour « Terra eco »)
 
Ultraconnectée, joyeuse et ambitieuse : cette entrepreneuse est à l’image du militantisme d’aujourd’hui. Après des études de commerce, la jeune Française a trouvé sa voie en lançant les Disco Soupes dans l’Hexagone. Le but : lutter contre le gaspillage alimentaire.
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Observer la génération qui débarque est un exercice fascinant. Un nouveau paradigme prend vie. Le philosophe Michel Serres parle de « Petite Poucette » (1), « nouvel humain » qui tapote son écran tactile et vit au cœur de la mutation de notre monde. Caroline Delboy, 26 ans, est l’une de ces Petites Poucettes. En mars 2012, elle a lancé en France les Disco Soupes, des fêtes où l’on cuisine, en musique, des légumes de récup, pour militer contre le gaspillage. Quelques mois plus tard, la jeune femme a même quitté son CDI de commerciale pour créer Sense School, une entreprise qui fait appel à des étudiants pour résoudre les problématiques d’entrepreneurs sociaux. Comme beaucoup de ses « potes », sur Facebook et dans la vraie vie, Caroline incarne la partie réjouissante du basculement en cours.

C’est une brune ébouriffée que l’enthousiasme rend volubile. Œil qui pétille. Jean slim. Dégaine décontractée. Elle a poussé en banlieue parisienne, à Meudon (Hauts-de-Seine). Suivi des études dans une école de commerce parisienne – l’ESCP –, avec des pauses à Londres, Berlin et aux Etats-Unis. A 24 ans, la voilà pourvue d’un diplôme, mais pas d’une vocation. « Je savais juste ce que je n’avais pas envie de faire : audit, finances, etc. » Son stage à la régie pub de Canal Plus débouche sur un CDD. Elle reste, avec l’idée que « le métier de commercial [lui] servira, de toute façon ». Caroline gagne ensuite le Web, « là où ça se passe », chez Dromadaire, un site de cartes virtuelles. Elle y aime l’ambiance jeune, l’autonomie, l’esprit start-up. Mais le déclic tarde à venir.

Hold-up et gangsters

Il arrive quand Caroline rencontre Christian Vanizette, même âge, mêmes études. Il revient d’Asie, où il est allé à la rencontre d’entrepreneurs sociaux. A son retour, il veut connecter ces derniers à des étudiants capables de les aider. Il crée MakeSense en 2010 et invente les « hold-up d’idées » : un chef d’entreprise sociale soumet son problème et des volontaires planchent, deux heures durant, sous la houlette d’un « gangster », avec une méthodologie précise et une proposition concrète au final. Volontaires et patrons se retrouvent lors de « Sense drinks », pour boire des coups, ou de « Sense camps », pour refaire le monde. Caroline participe à son premier « hold-up » en 2011. Puis, s’envole en janvier suivant pour un « Sense camp » à Berlin.

« Là, un truc magique se passe. En un seul week-end, je me suis plus nourrie de rencontres que dans les deux années précédentes. Je me suis dit : “ C’est ça ! ” C’est avec ces gens-là que je me sens bien. J’ai aussi découvert, ce week-end-là, le principe des Disco Soupes, les “ Schnippel Disko ”, dans un marché couvert. En plus, j’ai vécu un an à Berlin et j’adore cette ville. C’était le nirvana ! Le lundi, à Dromadaire, j’étais sonnée. Je me disais : “ Qu’est-ce qui s’est passé ? ” » La Petite Poucette met un post sur Facebook, à propos des Schnippel Disko. « Et c’est parti. »

Une demi-douzaine de personnes se mobilisent. Le 10 mars 2012, la première Disco Soupe fait danser les éplucheurs à « Mutinerie », un espace de coworking parisien, au son d’un groupe folk-rock. Trois événements se succèdent dans la capitale, avec les restes de grossistes de Rungis ou des légumes abandonnés en fin de marché. Et en octobre 2012, l’équipe de Disco Soupe coorganise le « Banquet des 5 000 », sur le parvis de l’Hôtel de ville, à Paris, à l’invitation de Canal Plus. La chaîne fait ainsi la promo du docu Global Gâchis. « A partir de là, plein de gens nous ont contactés. De Bordeaux, Marseille… »

La bande est même invitée par le gouvernement dans un groupe de travail sur le gaspillage alimentaire. « Il n’y a pas de chef, ici. On fonctionne en open source. On met notre méthodologie à disposition, en demandant de respecter quelques principes de base : pas de récupération politique, ni commerciale, des légumes destinés à la poubelle, de la musique… » A ce jour, les Disco Soupes ont fait guincher, cuisiner et militer dans une vingtaine de villes de l’Hexagone. « Il y a aussi bien Martine, 51 ans, à Toulouse, que des étudiants. La plupart se bougent pour la première fois. »

Octobre 2012 : c’est le moment que choisit Caroline Delboy pour assumer sa vocation d’entrepreneuse sociale. Elle crée Sense School, avec Marine Plossu, rencontrée dans l’avion pour le « Sense camp » de Berlin. Leur idée ? « On apprend beaucoup avec MakeSense : créativité, défi, rencontres, explique Marine. On organise donc des hold-up adaptés aux salles de classe, sur deux jours. » Elles lancent aussi des « Sense academies ». Pour la première, de décembre à mars dernier, étudiants designers, commerciaux et ingénieurs se sont creusé le ciboulot pour aider Siel Bleu. L’asso propose des activités physiques adaptées aux personnes âgées, malades ou handicapées et voulait concevoir du matériel spécialement conçu pour son public.

Facebook et dinosaures

« Petite Poucette » doit « inventer de nouveaux liens », affirme Michel Serres. C’est en cours. En 2012, MakeSense a mobilisé 10 000 personnes, aidé 250 entrepreneurs, lors de 350 actions. En France, à Lisbonne, Tokyo ou Singapour. « Notre réseau se répand de manière organique, avec du temps, de l’énergie et la viralité de Facebook », observe Caroline. Le philosophe écrit encore : « Les Petits Poucets, anonymes, annoncent, de leur voix diffuse, que ces dinosaures, qui prennent d’autant plus de volume qu’ils sont en voie d’extinction, ignorent l’émergence de nouvelles compétences. »

Elles sont pourtant réjouissantes, ces nouvelles compétences : « On n’est pas là pour blablater, lance la jeune femme. Je suis entourée de gens ambitieux, qui passent à l’action. Et pratiquent la joie de vivre. Si ça ne nous fait pas tripper, on ne le fait pas. » Action, joie, réseaux sociaux : ce nouveau paradigme est-il à la hauteur de l’enjeu, colossal ? Il est, c’est là l’essentiel. Pendant que nous théorisons sur la nouvelle ère, les Petits Poucets avancent, à la vitesse d’un buzz sur Facebook. —

(1) « Petite Poucette » (Le Pommier, 2012).

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