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19-01-2006
Mots clés
Environnement
Monde

Café du commerce (équitable)

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Faites discuter un écolo cathodique (mais sincère) et un partisan de la décroissance. On suppose que le dialogue va bouillonner, que les idées vont fuser de partout. Loupé...
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Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, Graines de possibles, Regards croisés sur l’écologie, Calmann-Lévy, 288 pages, 18,50 euros

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Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, {Graines de possibles, Regards croisés sur l’écologie}, Calmann-Lévy, 288 pages, 18,50 euros

A ma droite, Nicolas Hulot, gourou d’Ushuaïa, émission naguère "extrême" devenue aujourd’hui écologiste, qui a l’oreille du président Chirac et de facto quelques désillusions sur le monde politique. A ma gauche, Pierre Rabhi, paysan franco-algérien, pionnier du bio en Ardèche et ex-candidat aux présidentielles. On a eu la bonne idée de les réunir pour les faire confronter leurs points de vue et échanger les solutions. Mais là où on attend des discussions serrées, des désaccords, des idées à la pelle, on ne trouve qu’un échange poli, pas franchement exaltant. Pire : les deux zigues (Hulot, surtout) semblent plus près d’entamer une dépression nerveuse que de renverser la Ve République...

La Terre va mal et tout le monde - les politiques en tête - s’en fichent, diagnostiquent-ils. Bonjour tristesse ! Ceux qui pensaient faire le plein de solutions concrètes en seront aussi pour leurs frais : "les écolos ne peuvent pas à la fois tirer la sonnette d’alarme et trouver les solutions", défend Hulot. Mais alors, qui s’y mettra ? Les gens ! répond Pierre Rabhi, qui croit beaucoup, beaucoup trop sans doute, aux actions personnelles pour changer le monde. Les propos de Rabhi seront d’ailleurs plus intéressants pour ceux qui ignorent encore ce qu’est la décroissance, cette branche radicale de l’écologie qui prône de revenir drastiquement sur notre mode de vie dépensier et de cesser toutes nos activités polluantes.

"Economie=avidité"

Mais, comme beaucoup de décroissants, Rabhi se livre trop souvent à des raccourcis agaçants, qui frôlent la démagogie. Par exemple, parlez lui de changer les indices de mesure de la croissance ou de la Taxe Tobin, il lève les yeux au ciel et répond invariablement : "Pour moi, à tort ou à raison, c’est ce que nous appelons ’l’économie’ qui est à mettre en cause, car dans notre système, elle repose sur l’avidité sans limite". Eurêka ! Si vous avez un problème avec la mondialisation, inutile de vouloir l’amender : il suffit de faire disparaître l’économie ! Forcément moins "imaginatifs", les écolos réformateurs sont accusés par lui d’"aménag[er] la logique dominante". Face à cette démonstration pénible d’anti-intellectualisme, sachons gré à Nicolas Hulot de corriger courtoisement le tir : "Les écologistes souffrent (...) d’un handicap majeur : celui de ne pas avoir suffisamment développé, jusqu’à maintenant, de pensée économique". C’est quand même plus convaincant.
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