Bruxelles veut protéger les forêts tropicales

Bel effort du Parlement européen cette semaine. Un essai que l’on voudrait voir transformé par la Commission de l’Union pour déboucher sur une législation. Ce texte approuvé à une écrasante majorité par les députés (616 voix pour, 9 contre, 10 abstentions), défend trois aspects. Il préconise d’"accroître sensiblement les ressources financières consacrées à la conservation et l’exploitation écologiquement responsable des forêts tropicales", d’"appuyer les initiatives visant à renforcer la gouvernance et les capacités dans le domaine environnemental" et d’"encourager les filières économiquement viables susceptibles de remplacer l’exploitation forestière, l’exploitation minière et les pratiques agricoles destructrices".

Un domaine oublié par la loi

"Ce troisième point est particulièrement important", explique Jérôme Frignet, chargé de campagne forêt pour Greenpeace France. Car "l’Europe ne possède aujourd’hui aucune législation sur le trafic de bois tropical", précise-t-il. Un cadre légal clair permettrait de contraindre les industriels à un effort de traçabilité. La seule obligation consiste, pour l’importateur, à présenter des papiers en règle pour le bois et ses dérivés (meubles, chimie du bois, etc). Une procédure bien aisée lorsqu’on connait la corruption du milieu ou les amitiés des industries forestières avec les gouvernements des pays exportateurs.

Le dernier effort mis en place, l’AIBT (Accord international sur les bois tropicaux) a été signé en 2006, un an après une résolution du Parlement. Mais la Commission ne s’est toujours pas prononcé clairement sur le sujet. Les associations espèrent voir un véritable projet de loi se concrétiser mi-octobre. Une période propice puisque se profile quelques semaines plus tard une communication du plan contre la déforestation et l’érosion de la biodiversité. Enfin, en décembre est prévue à Poznan une conférence de l’ONU sur le changement climatique

Les dangers sur la biodiversité

Le débat pâtit malheureusement d’un manque de visibilité. Les zones exploitées par les exportateurs de bois tropicaux sont souvent réutilisées pour des plantations de teck, de palmiers à huile ou autres monocultures, notamment au Brésil ou en Indonésie. Au final, un bilan carbone relativement équilibré... qui masque une importante destruction de la biodiversité. La faune et la flore subissent des dégradations irréversibles suite à cette mise en culture des anciennes forêts primaires. Premières victimes dans les pays les plus touchés par la déforestation : les grands singes comme l’oran-outang et le gorille, souvent braconnés pour leur viande par les transporteurs de bois de passage.

En 2007, le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) avait évalué à 17% la part des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation dans les émissions globales. On parle aujourd’hui de 20%. Or, cette pollution n’est pas prise en compte dans le protocole de Kyoto qui recense essentiellement les nuisances industrielles pures.