En matière de cinéma, la palette de rôles à disposition de l’Union européenne est plutôt large. Depuis la coproduction d’Astérix aux Jeux olympiques, dont le tournage va bientôt débuter, jusqu’à la subvention d’urgence de l’unique salle du Kosovo, l’Europe intervient à tous les stades de l’industrie. Objectifs : doper les productions d’équipes transnationales et encourager la circulation des œuvres sur le Vieux Continent. Mais les moyens ne semblent pas à la hauteur de ces ambitions. Avec un peu plus de 100 millions d’euros en 2005, le budget - maigrichon - du principal programme de l’Union européenne, Media, équivaut à celui d’un seul blockbuster américain.
Le navet ou le gouffre
Maigrichon, mais parfois décisif. "Nous intervenons dans le développement des films, c’est-à-dire tout ce qui intervient avant la production proprement dite, indique Françoise Maupin, représentante de Media en France. Repérages d’un documentaire, écriture d’un scénario, montage financier... "Les Américains peuvent se permettre d’abandonner un projet mal engagé, poursuit-elle. Ici, des studios préfèrent tourner des films ratés plutôt que perdre de l’argent."Quand ils peuvent tourner... Car les banques exigent de plus en plus la souscription préalable d’une "garantie de bonne fin". En clair, une assurance permettant de rembourser les frais en cas de fiasco. "Media a par exemple payé une partie de la garantie du film d’animation Renaissance", explique Agathe Pinchon de Onyx Film. La société productrice de ce film sorti en mars dernier va bénéficier d’une nouvelle enveloppe européenne pour ses projets futurs. "100 000 euros, ce n’est pas énorme au regard du budget total d’un film - Renaissance en a coûté 14 millions - mais ils sont bienvenus car ils tombent en amont."
Pas d’enveloppe en revanche pour Renaissance de la part d’Eurimages, le second dispositif mis en place à Strasbourg et financé par le Conseil de l’Europe. Ce mécanisme dont le budget s’élève environ à 20 millions d’euros en 2006 accorde pourtant son soutien à des films associant des producteurs de plusieurs pays européens. Depuis 1988, il fait de l’assistance respiratoire au cinéma d’Europe de l’Est, ruiné par la fin des aides d’Etat. Le film No Man’s land du réalisateur bosniaque Danis Tanovic, Oscar 2002 du meilleur film étranger et produit en France, n’aurait pas vu le jour sans la participation financière d’Eurimages.
Mais l’Europe ne serait pas l’Europe sans son administration. Tout le monde en convient : les dossiers de financement ont des airs de Brazil. Des usines à gaz, dans lesquelles les grosses productions sont l’objet de marchandages politiques.L’impulsion est malgré tout réelle, les "petits" pays de cinéma bénéficiant de l’appui des gros : selon le rapport 2005 du Centre national de la cinématographie (CNC), "le nombre de coproductions dans lesquelles la France est partenaire minoritaire est en progression de 17 films et atteint 53 longs métrages, niveau jamais atteint depuis vingt-cinq ans".
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