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Bruxelles douche la taxe carbone aux frontières

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Bruxelles douche la taxe carbone aux frontières
 
Taxer le carbone aux frontières de l'UE avant de faire de même dans l'Hexagone ? Trop lourd administrativement, complexe et surtout source potentielle de conflits commerciaux répond la Commission Européenne.
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Pour faire passer la pilule de l’abandon de la taxe carbone, Nicolas Sarkozy avait joué la carte de la "concurrence déloyale et du dumping qui menace nos emplois". Carte maîtresse en temps de crise. Pour protéger la compétitivité tricolore, il avait donc posé comme préalable que l’Europe fasse de même à nos frontières.

Sauf que dans un document de travail faisant le point sur les différentes possibilités en matière de financements innovants (taxes sur les transactions financières, sur les transports aériens, etc.), la Commission européenne voit "un nombre considérable d’inconvénients" à cette taxe carbone. Suffisamment pour qu’il soit justifier de la laisser au placard et en tout cas de quoi fournir au gouvernement un argument - ou un alibi, c’est selon - pour faire de même.

Possibles représailles

Que lui reproche-t-on au juste ? Le premier hic concerne la compatibilité avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le problème n’est pas insurmontable, comme l’a montré celle-ci dans un rapport avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Mais "quelle que soit la forme choisie, cela pourrait risquer de mener à des conflits commerciaux et à de possibles mesures de représailles", prévient la Commission. Bruxelles craint-elle que la mesure torpille des négociations climatiques internationales déjà compliquées ?

Une fois passés les problèmes juridiques et diplomatiques, il faut aussi s’attendre à ce que "les coûts administratifs soient très élevés puisque la taxe doit varier en fonction des émissions contenues dans les produits". En clair : combien ce jean ou cette poupée contiennent-ils de CO2 ? La France, qui traîne à mettre en place une étiquette carbone doit en savoir quelque chose sur les difficultés de la tâche. Ajoutez à cela les abattements nécessaires selon Bruxelles pour les importations de biens intermédiaires (par exemple l’aluminium chinois de votre vélo produit en France) et les exportations européennes, et vous obtenez... une usine à gaz.

D’autres pistes privilégiées

Que faire alors ? "L’approche actuelle est d’allouer gratuitement les quotas d’émissions de l’EU-ETS [le marché du carbone européen] aux secteurs très consommateurs d’énergie", explique le document. Dans son rapport sur le sujet, la sénatrice UMP Fabienne Keller propose au contraire que pour ces secteurs les entreprises étrangères soient incluses dans le marché. Mais dans les deux cas, il n’y a plus de rapport avec la taxe carbone : son but était de toute façon de s’occuper des parties non couvertes par le marché, qui ne concerne que les plus gros émetteurs comme les cimenteries ou les centrales électriques.

Ce qui ne veut pas dire que celle-ci est inutile. La Commission estime même qu’un "cadre européen" en la matière simplifierait les choses. Car les fuites de carbones ne sont pas possibles qu’entre la Chine et la France : quand en Suède la tonne coûte 108 euros, les entreprises danoises ou finlandaises la paient respectivement 20 et 12 euros. Et en France rien du tout...

L’Europe travaille sur le sujet, l’Irlande la met en place cette année et la Belgique semble prête à sauter le pas. "Cela me semble un peu frileux", a d’ailleurs lancé le secrétaire d’État belge à la fiscalité verte en réaction au recul de la France.

A lire aussi sur terraeco.net :
- Et si la taxe carbone était européenne ? (1/3)
- Taxe carbone : “Les cancres ont eu le dernier mot”
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  • Un jour risque de venir, quand nous aurons perdu toutes nos capacités de production, où, sans emploi, sans revenus, même les premiers prix chinois seront trop chers !
    Entièrement d’accord avec l’auteur de "taxe et pédagogie", sur l’aspect pédagogique de différencier l’affichage de ce qui est vertueux et ce qui ne l’est pas tant sur les aspects "environnement" ou "soci(ét)al". Mais j’ajouterais qu’il ne faut pas oublier que si nos votes ne sont pas écoutés, nos absences d’achat ou de consommation ont un poids énorme.
    En conclusion je vous livre cette phrase tiré d’un excellent livre de Dominique LOREAU, "l’art de l’essentiel" : Si simpliste que cela paraisse, l’acte de consommer moins est probablement l’engagement le plus radical qu’une personne puisse prendre à un niveau individuel pour sauver la Terre.

    14.04 à 22h20 - Répondre - Alerter
  • Au lieu de s’ennuyer avec des taxes aux frontières, des pb de représailles économiques (chinoises ?) et l’OMC, pourquoi ne pas simplement faire un peu de pédagogie au lieu de taxer ?

    C’est simple, pourquoi ne pas créer un affichage produit simple comme la performance énergétique mais consacrer à :
    - la performance CO2 et plus largement environnementale
    - la performance sociale
    - la respect ou non des droits de l’homme et de la liberté d’expression (facile une pastille blanche pour tous les produits dont le pays producteur respecte ce genre de principes).

    En bref pourquoi ne pas jouer sur une sensibilisation des consommateurs, donc de la demande pour l’orienter vers le mieux disant CO2, social, etc.
    Ah oui les couts de production ? Ben oui on ne pas toujours tout se payer, si on achète pas autre chose que du premier prix. D’ailleurs ca permettra de sauver quelque peu l’industrie française (enfin celle qui produit en France) et autres secteurs incapables de concurrencer les couts de production des esclaves chinois.

    Malheureusement, les mesures qui pourraient favoriser cela, ne sont pas encore au gout du jour, ou si peu, à commencer par l’obligation d’affichage environnementale au 1er janvier 2011, mesure issue du grenelle qu’un amendement discret va renvoyer aux calendes grecques.

    Rien ne sert de compter sur la technocratique Europe pour cette taxe carbone, qui est bien la seule à respecter les règles de l’OMC... quand on voit les USA dernièrement avec l’appel d"offres de transporteur militaire (Boeing vs. Airbus) ou la Chine avec son respect du droit de la propriété intellectuelle.

    Finalement deux solutions, soit on fait le choix de consommer mieux aux dépends de son pouvoir d’achat (d’acheter quoi au final ?), les tas de trucs inutiles qui finissent dans les vides grenier, ou pire encore en déchets triés ou pas dont le nombre ne fait qu’augmenter ?

    Encore une fois c’est le marché qui va avoir le dernier mot concernant la taxe carbone : un pétrole à 200$ va mettre tout le monde d’accord et de force.

    14.04 à 12h23 - Répondre - Alerter
  • imaginr : Serpent de mer !

    Un serpent de mer qui risque de parcourir encore de longues distances avant même qu’un accord européen puisse prendre forme ...

    8.04 à 16h46 - Répondre - Alerter
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