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28-01-2010
Mots clés
France
Reportage

Auto-entrepreneurs : des verts mais aussi des pas mûrs

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Auto-entrepreneurs : des verts mais aussi des pas mûrs
 
2009 : une année de crise qui a vu les créations d'entreprises bondir de 75%. Une prouesse due à l'arrivée de l'auto-entrepreneur (AE pour les intimes). Mais si le statut est une aubaine pour de nombreux indépendants dans l'âme qui hésitaient à se lancer (dans l'économie verte par exemple), le pays des AE n'est pas celui de oui-oui...
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Pas de parking, de vitrine ou de standard, mais une résidence tout ce qu’il y a de plus banal, avec son interphone et ses boîtes à lettres alignées. Voici le siège de l’entreprise d’Alain Orluk : son appartement du centre-ville de Marseille. Il en est le patron et l’unique salarié. Comme les 320 018 autres auto-entrepreneurs français qui se sont lancés depuis un an, doublant presque les chiffres de créations d’entreprises.

Partir sans capital

Pour ce quadra qui pense depuis plusieurs années à se mettre à son compte, le déclic a été "de ne pas avoir à verser de capital". Au chômage et récemment divorcé, "c’était impossible de créer une SA, même avec 10 000 euros", explique-t-il. Après avoir laissé de côté le secteur saturé des services informatiques, sa formation initiale, il s’est tourné vers une autre activité en plein boom : le photovoltaïque. "On m’a parlé en août d’une opportunité de rejoindre un réseau de conseillers indépendants. J’ai vérifié le sérieux de la chose et j’ai créé mon entreprise en octobre".

Une formation auprès d’Ozatys, la tête de réseau qui regroupe près de 200 de ces auto-entrepreneurs verts, et c’est parti. Depuis fin 2009, il a déjà signé trois contrats, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Parmi les pionniers du statut, les deux tiers n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires, et pour les autres la moyenne est de 1 330 euros par mois. De quoi relativiser l’euphorie. Pour Alain Orluk, l’AE n’est "qu’un tremplin", puisqu’il espère bien vite dépasser le plafond de 32 100 euros de chiffre d’affaires annuel.

Lourdeur administrative

A l’autre bout de la France, Camille Michaut, 26 ans, ne compte pas non plus s’éterniser dans ce statut. Dans son appartement d’Auray (Morbihan), elle réalise des "vêtements écolo avec des encres sans solvants et sans métaux lourds", puis les vends sur Internet et sur les marchés. Après une licence en arts plastiques "qui m’a mené à pas grand chose", puis un CAP sérigraphie, "je ne trouvais toujours pas de travail", raconte-t-elle. Elle a donc décidé de forcer le destin. Le statut d’auto-entrepreneur s’est imposé à elle en raison des "charges minimum", qui ne dépendent que du chiffre d’affaires.

Mais à l’époque l’AE et l’aide aux demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise (ACCRE) n’étaient pas compatibles. Résultat : "je paie des cotisations comme une micro-entreprise. Je pense que je vais passer en artiste libre…", soupire-t-elle. De manière générale, "tout a été tellement rapide que plein de choses n’ont pas suivi. Il n’y a pas de communication entre les organismes et il faut parfois rester une semaine au téléphone pour avoir une information", regrette-t-elle.

Et la multiplications des AE a d’autres revers. "Sur les marchés, les anciens me disent qu’il y a beaucoup plus d’exposants. Mais certains vendent un peu n’importe quoi et changent de régions toutes les semaines, rapporte-t-elle. Dans un autre secteur, les artisans voient d’un mauvais œil les bricoleurs du dimanche qui peuvent désormais facturer leurs dépannages en toute légalité. "Concurrence déloyale", crient-ils. Après le plombier polonais, voici venir le spectre du plombier retraité français, en AE…

Auto-entrepreneur ou salarié ?

Mais le phénomène le plus inquiétant est peut-être celui du salariat déguisé. Il ne faut pas longtemps pour dégoter sur Internet une annonce offrant un poste de commercial ou de communicant ni en CDD, encore moins en CDI, mais en auto-entrepreneur. Pratique : l’entreprise facture ainsi un service, évitant au passage toute cotisation patronale et tout contrat de travail. Pour l’AE, au contraire pas de cotisations sociales, pas de sécurité du travail, et des frais à sa charge.

Auto-entrepreneur dans la communication après une période de chômage, Richard Klein prend les choses avec pragmatisme. "CLIC Conseil est une jeune société, elle n’aurait pas les moyens de s’offrir un type comme moi. Des plus de 50 ans et de jeunes au chômage, il y en a beaucoup, et les employeurs ont du mal à se décider. Alors ce statut, c’est un argument supplémentaire, une façon comme une autre de remettre le pied à l’étrier", estime-t-il.

Richard Klein développe pour CLIC un concept de "publicité écologique" en fixant des affiches derrière des vélos à assistance électrique. Si ça marche, il espère que l’entreprise l’embauchera comme directeur commercial.

Sources de cet article

- le portail officiel des auto-entrepreneurs
- Légende photo : Alain Orluk, auto-entrepreneur conseiller en photovoltaïque.

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

7 commentaires
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  • Bonjour si on veut être urgence plombier la ciotat vous conseillez quelle statut ?

    9.12 à 13h30 - Répondre - Alerter
  • Le pays des AE n’est effectivement pas celui des Bisounours, mais c’est également le cas du monde du travail de façon générale... je pense qu’il faut toujours avoir un propos nuancé sur le statut d’auto-entrepreneur. Il y a du pour et du contre, et sans doute encore des failles qu’il convient de corriger mais on ne peut nier le fait que l’auto-entreprise est créatrice d’emplois. Et en ces temps économiques difficiles, ça n’a pas de prix.

    25.04 à 12h24 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Nous sommes en train de lancer l’Observatoire des Abus, une association ayant pour but de lutter contre toute forme d’abus sociétal (travail, logement, accès à la santé…). Le but de l’Observatoire est d’identifier les abus et d’obtenir réparation pour les victimes d’abus.

    Dans un premier temps nous nous concentrons sur les abus dans le monde du travail, que nous définissons comme suit :
    « une situation dans laquelle un individu ou une collectivité profite, en toute légalité ou apparente légalité, de sa notoriété, de son pouvoir, de son autorité ou de ses prérogatives pour s’octroyer des avantages ou pour proposer à des tiers des conditions financières, matérielles ou morales de vie, de travail ou de rémunération jugées inacceptables au regard de l’éthique. Il s’agit donc en premier de situations légales mais dont l’esprit déroge à l’éthique la plus élémentaire. Il peut également d’agir de situations illégales demeurant pourtant impunies. »

    Le premier cas que nous souhaitons approfondir est celui de l’auto-entreprenariat forcé. L’auto-entreprenariat est un statut qui ne concerne uniquement les personnes voulant monter leur entreprise et ne doit être en aucun cas proposé pour tout autre poste. Nous sommes tant à la recherche de témoignages (anonymes ou non) que de personnes désireuses d’échanger avec nous et nous aider à monter ce premier « cas concret » afin que l’Observatoire des Abus prennent forme.

    Si :
    -  Vous remarquez des annonces d’emploi proposant un recrutement en tant qu’auto-entrepreneur pour un poste qui devrait être celui d’un salarié,
    -  Suite à un processus de recrutement, on a proposé de vous embaucher uniquement en tant qu’auto-entrepreneur
    -  Votre employeur vous a imposé de passer en auto-entrepreneur sous peine de licenciement
    -  Vous avez été victime ou témoin de toute situation où le statut d’auto-entrepreneur était proposé de manière abusive ou imposé

    Envoyez nous vos témoignages à : contact@observatoiredesabus.com. Nous nous engageons à préserver votre anonymat si vous le désirez. Si vous souhaitez échanger avec nous sur ce thème, faites-le nous savoir.
    Le site internet est en cours d’élaboration.

    Sophie

    26.02 à 16h10 - Répondre - Alerter
  • la personne qui opte pour le statut d’Auto-entrepreneur espère plus aisément démarrer une activité, notamment pour vendre des biens ou louer ses prestations à un tarif "attractif"...
    or cela cache deux choses :
    > précarisation de l’auto-entrepreneur(e) puisque pas de cotisations et donc pas de protection sociale...
    > ouverture béante à la concurrence déloyale, au dumping commercial et donc création de chômage, précarisation de l’emploi des salariés en place, et au final sabotage de l’économie dans son ensemble, de l’emploi, et agrandissement de la pauvreté...
    C’est donc une vraie tartufferie, qui permet de baisser artificiellement le nombre de demandeurs d’emplois et de monter de même le nombre de « créations d’entreprise ». Scandaleux ! Vraiment. Ecœurant.
    On détruit le social et l’économie et on présente ce statut comme un « progrès » !
    Grrrr…

    Keynes doit se retourner dans sa tombe !
    Et même les libéraux ne peuvent approuver, car ce n’est pas de la création de marché mais la destruction du marché puisque création de concurrence déloyale.
    Bref, à force d’entretenir la théorie des « charges » qui freinent l’essor des entreprises on assiste à un renforcement des inégalités, qui est par essence contre-productive, puisque l’on scie la branche sur laquelle on est assis en faisant ce type de calcul.
    En effet, si on supprime ou si on baisse drastiquement les ressources qui permettent de constituer les ressources de la Sécurité sociale, des transports, de l’allocation chômage, sans compenser par un élargissement de l’assiette, c’est à dire sans prélever un pourcentage sur les revenus des capitaux, revenus de la spéculation monétaire, etc., bref, toutes richesses nées du travail, et travail qui grâce à la mécanisation, la robotisation, l’informatisation a bénéficié à d’énorme gains de productivité dont les fruits ne sont toujours pas revenus à ceux qui en sont les créateurs : les salariés, les travailleurs (comme disait Arlette).
    Et si l’on regarde ce qui se passe dans les pays scandinaves, d’après les éléments que j’ai à ma connaissance : impôts et cotisations élevés, mais taux de chômage bas –si on est au chômage : retour à l’emploi rapide et avec un suivi personnalisé réel et des offres qui correspondent au profil, des revenus confortables, un temps de travail bas (32h au Danemark), retraite à 61ans et de bon niveau. Ce qui montrerait que la solidarité fonctionne, et que l’impôt n’empêche pas à leur économie de marcher.

    http://www.lignes-de-reperes.com/ca...
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%...
    http://www.lefigaro.fr/impots/2009/...

    15.02 à 03h14 - Répondre - Alerter
  • Lisez ce billet, cela noircira un peu le tableau sur l’auto-entreprise...

    http://sebmusset.blogspot.com/2010/...

    28.01 à 15h59 - Répondre - Alerter
  • A-t-on une idée des gens qui viennent à l’autoentreprise par choix et pas parce qu’ils n’ont plus d’autre solution ?
    L’avenir "rêvé" de tout bon patron et de tout bon politique : plus de salariés, rien que des autoentrepreneurs (il y a quelques années, on parlait de "tâcherons artisans" ..) : plus de problèmes de "sureffectifs", plus de droits sociaux, plus de licenciements, plus de statistiques de chômeurs ...
    On y vient ; j’espère ne pas le voir, mais je n’en suis pas sûr ...

    28.01 à 14h54 - Répondre - Alerter
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