publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > Au Chênelet, racines sociales et branches rentables
Article Abonné
29-10-2012
Mots clés
Bois-forêts
Solidarité
France

Au Chênelet, racines sociales et branches rentables

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Au Chênelet, racines sociales et branches rentables
(Crédit photo : le chênelet)
 
La santé économique garante de l’insertion des salariés précaires : un credo logique pour une boîte atypique.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Dans sa vie d’avant, il creusait des tunnels. Sous la Manche, sous Lyon, sous Copenhague. Dans son existence d’aujourd’hui, il construit des maisons. En terre-paille, en argile, en bois. D’hier à aujourd’hui, il a divisé par 3,5 son salaire mais gonflé son existence d’un souffle de sens. « A l’époque, avec ma femme, on menait une vie de petits-bourgeois. J’avais une sensation de lourdeur. » Sous l’immense charpente de la cantine, Pierre Gaudin conte son métier de responsable de construction au Chênelet, une des multiples branches de cet arbre enraciné dans le Pas-de-Calais. Des histoires comme la sienne, il y en a d’autres ici : Caroline Farhi, diplômée de la grande école de commerce de l’Edhec, aujourd’hui chargée de financement ; Paul Balesme, un temps employé d’un resto étoilé au Michelin, maintenant maître des cuisines, etc. Que sont-ils venus faire là ? Dans cette boîte où le salaire du pédégé est 2,5 fois plus élevé que celui de l’ouvrier en insertion ? Ils ont trouvé place dans un écosystème au précieux équilibre.

Arborescence

L’aventure naît en 1992, dans l’esprit fertile d’une communauté catholique. Il s’agissait alors de donner du travail à des jeunes à la rue. « On s’est dit : “ Il faut qu’ils aient un statut et un salaire pour pouvoir nous dire merde s’ils ont besoin. Donc on va monter une entreprise ”. On n’y connaissait rien. On était quatre ouvriers. On a cherché un métier fatigant, volumineux, et qui faisait du bruit. Parce que c’est la règle de base : si les mecs voient pas qu’ils bossent, s’ils n’en tirent rien et si on les fatigue pas, très vite, c’est eux qui nous fatiguent », ironise François Marty, patron du Chênelet, en déambulant, pipe aux lèvres, dans les chemins boueux de Landrethun-le-Nord.

A un jet de pierre de là, à Audruicq, il crée, en 1995, l’entreprise d’insertion « Scieries et palettes du littoral » qui deviendra leader en France de la palette papetière. La boîte pousse. Ses branches déclinent des filières et forment une arborescence à l’implacable logique. Faire des palettes, c’est bien ; extraire le bois de la forêt alentour en utilisant la force des animaux puis le couper dans une scierie, c’est mieux. En envoyer une partie pour monter des maisons écoconstruites destinées aux plus pauvres, c’est top ! Dans celles-ci, on pourra lancer les premiers écogîtes solidaires du Nord-Pas de Calais et poser sur la table les légumes cultivés à Landrethun par des employés en insertion. Le Chênelet, c’est tout ça : un brin d’asso, une poignée de Scop, une pincée d’entreprise d’insertion et un zeste de foncière à vocation sociale. Une recette de rentabilité pour 200 personnes, apprise par François Marty sur le tard… sur les bancs d’HEC. « Il y a des méthodes pour qu’un projet avance, marche, connaisse des échecs, se relève, etc. Nous, on venait d’un milieu où on disait : “ La preuve que je suis pur, je suis totalement incompétent. ” On s’est décontractés là-dessus ! »

Eviter les pépins physiques

L’organisation a un seul objectif : la durabilité. « On fait le montage juridique qui nous permet de continuer notre aventure », poursuit François Marty en dessinant l’organigramme du groupe. On y chouchoute salariés et salariées. Pour elles, les postes de l’atelier ont été aménagés et les palettes séchées pour les alléger. Pour celles qui doivent limiter leur semaine de travail à trois jours pour raisons familiales ou de santé, on fait – et on paye – comme si elles travaillaient cinq jours. Pour chacun enfin, on a instauré un échauffement en atelier, histoire d’éviter les pépins physiques. « On nous dit : “ Votre truc, c’est bien pensé. ” Mais on a juste regardé les gens abîmés et on n’a pas pu faire autrement que de les aider », confie François Marty. —

Quand la société y gagne

Les entreprises sociales sontelles rentables ? Elles peuvent l’être assez pour assurer leur subsistance mais aussi pour faire économiser de l’argent à la société. C’est grâce à un outil – le « retour social sur investissement » – que le cabinet de conseil McKinsey a scruté les comptes de dix entrepreneurs sociaux soutenus par le réseau Ashoka. Il a soustrait les subventions étatiques aux bénéfices rendus. Et c’est le jackpot ! Actavista, entreprise d’insertion par la réhabilitation de bâtiments historiques, affiche ainsi un gain de 6 900 à 10 500 euros par contrat signé.

Sources de cet article
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas