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Arnaud Gossement : « La voiture propre n’existe pas »

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Maître de conférences en droit de l’environnement à Sciences-Po Paris, Arnaud Gossement est également porte-parole de France Nature Environnement, qui fédère 3 000 associations.
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« La voiture électrique est-elle LA solution miracle au dérèglement climatique ? A en croire les constructeurs, la réponse est oui. Conséquence, ce nouvel engin est partout : au salon de Francfort (Allemagne) et même au cœur du débat sur la taxe carbone. De Ségolène Royal à Alain Juppé, nombreux ont été ceux qui ont dénoncé l’ « écologie punition » que représente la fiscalité verte au profit d’une « écologie plaisir » que symboliserait la voiture sur secteur. Ainsi, la voiture n’est plus un problème d’une économie ivre de pétrole mais la solution. Les choses ne sont malheureusement pas si simples.

Le mythe publicitaire

La « voiture propre » est d’abord un mythe forgé par des publicitaires. Elle pollue aussi. Quelle que soit son énergie, l’automobile représente une masse de déchets en puissance : pneus, plastiques, fluides… Elle suppose des routes et des autoroutes qui fracturent les territoires. Or, l’artificialisation des sols est l’une des principales menaces écologiques de notre pays. Le rapport 2006 de l’Institut français de l’environnement rappelait que 60 000 hectares sont grignotés chaque année par les zones artificielles, surtout au détriment des zones agricoles et naturelles. Quant à l’électricité, elle n’est pas non plus une énergie propre. Le nucléaire constitue une énergie coûteuse, riche en déchets dangereux, et nécessite, de fait, des centrales thermiques en heures de pointe. De plus, qui pense que les constructeurs ne commercialiseront ce véhicule que dans les pays nucléarisés ? Quelle serait la conséquence du développement massif d’un parc automobile dans des pays, comme la Pologne, dont la production de courant repose avant tout sur le charbon, très émetteur de gaz à effet de serre ? Dans ce cas, on ne ferait que remplacer un problème par un autre, peut-être pire.

Bref, électrique ou pas, la voiture génère toujours une violence routière et écologique certaine. Elle sera peut-être un progrès mais sans doute pas une solution miracle. Un changement d’énergie ne constitue pas une réponse au changement climatique. C’est bien un changement de modèle économique qui doit être privilégié. Pour l’heure, la culture de l’industrie automobile est encore celle de la quantité. Or, dans une économie plus verte, il est plus utile de penser à l’usage des choses qu’aux choses elles-mêmes. L’objet n’est plus une fin en soi. Une voiture soi-disant écoconçue et écoconduite n’est pas pour autant écologique. Le vrai progrès réside dans un changement d’usage : autopartage, covoiturage, location… Une politique de la ville qui permet de réduire les distances parcourues entre le domicile et le travail est bien plus prioritaire que la publicité sur la voiture propre.

  La civilisation écomobile

L’engouement pour la voiture électrique n’est pas de la seule responsabilité des industriels. Il pose aussi une question d’ordre culturel à chacun d’entre nous. Certes, certaines personnes ne peuvent se déplacer autrement, mais la voiture exprime aussi des valeurs, un statut social, voire une identité. Résultat, son usage n’est pas toujours rationnel. Accepter de la prendre moins souvent, d’en prendre une moins lourde et pour des trajets moins longs impose un changement de culture et de comportement. C’est peut-être par là qu’il faut commencer pour passer de la civilisation automobile à la civilisation écomobile. »

Photo : Sébastien Godefroy


ARNAUD GOSSEMENT EN 6 DATES

1976 Naissance à Paris

2001 Thèse de doctorat en droit sur « le principe de précaution »

2003 Devient avocat au Barreau de Paris

2005 Porte-parole de France Nature Environnement (FNE), fédération de 3 000 associations

2007 Porte-parole de FNE aux négociations du Grenelle de l’environnement

2009 Maître de conférences en droit de l’environnement à Sciences-Po Paris.

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Avocat, spécialiste du droit de l’environnement.

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  • monsieuryaya : Arnaud Gossement a raison

    La voiture électrique n’est pas voiture qui ne pollue pas mais qui (on peut l’espérer) pollue moins. Ces automobiles font appel pour leur fabrication à des matériaux rares :il faut une énorme quantité de lithium, situé parfois dans des zones naturelles (qui seront détruites)nécessitants beaucoup d’énergie pour leur extraction et leur transformation. Les batteries qu’elles utilisent pour stocker l’énergie sont ainsi un fléau environnemental. Ceci autant à cause des matières premières nécessaires à leur fabrication que lorsqu’elles deviennent des déchets hautement toxiques.

    Pour lutter contre le réchauffement climatique qui risque de faire souffrir nos descendants, ce qu’il faut travailler, c’est avant tout le comportement. Pourquoi prendre sa voiture pour faire quelques km quand à vélo ça prend deux fois moins de temps, que ç’est économique et bon pour la santé. En un an de vélo, j’ai économisé
    - 1300 kg de rejet de CO2
    - environ 3000 € d’essence, d’entretien et d’usure de la voiture
    ...et j’ai perdu 25kg. Vu mon état de santé actuel, mon médecin a aussi perdu de nombreuses rencontres.

    Reste aux élus et aux collectivité d’impulser et d’accompagner ce changement : construction de routes cyclables, d’autoroute du rail ou de voies maritimes...et d’augmenter les transport en commun pour que chacun puisse facilement se déplacer en transport public.
    Quelques idées : subventionner l’achat et l’utilisation du vélo (on le fait bien pour la voiture), gratuité des transports publics, des autoroutes pour vélo (comme au pays bas)...

    Pour terminer, il faut inclure dans la taxe carbone la production d’électricité nucléaire, qui, pour compléter ce qui est dit plus haut, est aussi très dangereuse lors de l’extraction de l’uranium : 300 millions de tonnes de déchets radioactifs ont été abandonnés sans mesure de protection ou de surveillance particulière. (pour remblayer les routes ou les stades par exemple- voir ici). C’est cette énergie qu’on veut exploiter pour faire rouler les voitures électriques !

    12.10 à 22h32 - Répondre - Alerter
  • "La voiture électrique est-elle LA solution miracle au dérèglement climatique ? ... Les choses ne sont malheureusement pas si simples."

    En effet, tout est dit !

    On peut regretter que ce soit plus ardu car il nous aurait été relativement facile de résoudre un énorme problème.

    Il y a longtemps que l’on peut penser que les conditions de notre mobilité devront être aménagées et devenir différentes car les perspectives énergétiques actuelles nous conduiront probablement à un impératif d’efficacité énergétique assez élevé.

    "Une évolution linéaire de nos sociétés sur le modèle de la seconde moitié du XX éme siècle, au détail des source d’énergie près, n’est pas envisageable..." (Auto électrique ? Insuffisant ! Changer de schéma socio-économique sera indispensable) tout simplement parce-que des points d’inflexion ont été, sont ou seront atteints, et que nous serons en général contraints à suivre les courbes qu’ils nous imposent.

    L’effondrement des stocks de morue marque un point d’inflexion sur la courbe des effectifs de morue au fil du temps, pour prendre un exemple.

    Que nous le voulions ou non nous ne pouvons que que suivre cette courbe sur laquelle nous n’avons aucune influence.

    Il existe une multitude de tels points : un certain nombre d’entre eux marqueront l’impossibilité de perpétrer certains comportements, nous contraignant à les modifier de façon plus ou moins profonde.

    12.10 à 07h54 - Répondre - Alerter
  • Si je suis d’accord sur le principe d’optimiser les ressources pour lutter contre le gaspillage (principe s’appliquant d’ailleurs à bien d’autres domaines et qui pourrait sauver l’économie de notre pays), les arguments du début de l’article me semblent un peu trop léger :

    - Certes, les pneus, les plastiques des voitures polluent mais, en proportion, étant donné les efforts de recyclages opérés depuis 20 ans, beaucoup moins qu’avant, même en produisant plus de voiture. A moins de prôner un retour à la vie dans des huttes et sans technologie, tout appareil pollue sur ce principe et l’on n’y peut pas grand chose d’autre que de traiter au mieux ces "déchets".

    - A moins, une fois encore, de vivre tous dans une grande forêt avec des petits chemins de terre, on a besoin de routes donc le mot de "fracture" du territoire n’a pas grand sens.

    - Une zone artificielle n’est pas forcément une route ! C’est bien beau de dire que 60000 hectares disparaissent chaque années mais c’est le cas dès qu’on construit une maison ou un immense centre de fret routier. Il faudrait voir quelle proportion est réellement due au routes elles-mêmes.

    - Le nucléaire n’est pas une énergie coûteuse, c’est l’énergie la plus bon marché... pourquoi écrire ça ? De plus, le fait de devoir faire appel à des centrales thermiques lors de pics n’a rien à voir avec la nature en elle-même du nucléaire, c’est juste qu’on manque alors de capacités !

    - Ce qui se passe en Pologne est du ressort de la Pologne, ce n’est pas parce qu’un pays ne produit pas d’électricité correctement que la voiture électrique n’est pas écologique.

    - Il faudrait aussi rappeler que produire de l’électricité à partir de pétrole permet de réaliser beaucoup plus de kilomètres qu’en roulant à l’essence avec un moteur à combustion. Moralité, la voiture électrique est beaucoup plus écologique qu’une voiture thermique même en ayant une production d’électricité uniquement basée sur le pétrole.

    28.09 à 10h54 - Répondre - Alerter
    • C’est intéressant de voir que l’alternative à la voiture c’est la hutte sans technologie. Comme s’il était impossible de penser le déplacement autrement. La combinaison du vélo et du train par exemple permet de réduire de beaucoup l’utilisation de la voiture.

      Il est vrai qu’il faudrait investir beaucoup dans de nouvelles voies de chemin de fer et avoir une politique plus large que le TGV pour offrir une offre attirante.
      Bien sur il faut désinvestir dans la voiture et les routes pour permettre ces investissements.

      Il y a un changement à prendre, il ne faut pas pour cela avoir peur et dire que pour cela on va retourner à l’âge de pierre. Justement certaines technologies permettent d’avancer

      12.10 à 12h57 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    certes, la voiture "propre" n’existe pas, mais il en est de même de toute activité. Si on replace les choses dans leur vrai contexte : l’univers se "détériore" par augmentation de l’anthropie, avec ou sans humains !

    Toutefois, il semble que l’urgence actuelle soit la réduction de la quantité de CO2 dont la production par la voiture thermique individuelle représente un faible pourcentage mais engendre bien d’autres nuisances immédiates ayant un impact direct sur la santé (bruit-particules-etc.)
    L’électricité produite sans consommation de matériaux fossiles est une solution immédiate. Mais elle sera nucléaire, sauf à modifier trés profondément nos modes de vie et pas seulement au plan transport, car les énergies non renouvelables ne peuvent pas, à moyen terme, remplacer seules les énergies fossiles.

    L’énergie issue du nucléaire, pose 2 problèmes :
    - le traitement des déchets (qui était l’un des objectifs du surgénérateur !)
    - les risques d’accident : même aprés Tchernobyl, nous sommes des multiples catastrophes survenues dans les mines de charbon et encore de nos jours.

    Les discours politico-idéologiques n’est pas de mise. La production d’énergie est un facteur essentiel de la prospérité et fut de tous temps un souci majeur. Cette production fut d’abord humaine et engendra l’esclavage, puis animale.

    La seule solution actuelle est l’énergie électrique produite sans CO2, donc d’abord nucléaire avec, dans le même temps et à plus long terme une montée en puissance des productions d’énergie dites renouvelables (essentiellement solaire probablement).

    Enfin, la question du transport aérien et maritime n’est que rarement abordé : pourquoi ?

    Cordialement
    Luc

    28.09 à 10h15 - Répondre - Alerter
    • Olivier - ObjectifTerre : FNE se plante

      France-Nature-Environnement a publié un PDF sur la voiture électrique qui contient de lourdes erreurs. Il en résulte que les commentaires d’Arnaud Gossement, porte-parole de FNE, sur la voiture électrique ne sont pas fondés sur du solide.
      Explications ici : http://www.electron-economy.org/art...

      Voir en ligne : FNE se plante

      28.09 à 17h30 - Répondre - Alerter
    • L’énergie nucléaire est effectivement la plus chère. Sauf en France car une partie importante des coûts n’est pas supporté ni par le fabriquant ni par l’exploitant. C’est un peu comme si dans le coût de l’éolien on ne comptait pas le prix du pylône.
      De plus les frais de recyclage ne sont pas non plus intégré.
      A ce compte c’est presque gratuit. bonjour l’arnaque.

      Quand à dire que les énergies renouvelable ne sont pas la solution, l’Allemagne produit déjà 40 % de sont énergie de cette manière.

      12.10 à 12h48 - Répondre - Alerter
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