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24-11-2005
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Social

Amour, sexe et sanibroyeurs

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Le monde de l'entreprise salariée et de l'amour charnel vu par un VRP en "broyeurs à merde". Un premier roman économico-houellebecquien bien troussé.
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Charles Guérin Surville, Do you like your job ?, Hachettes Littératures, 240 p. 17 euros.

Charles aurait pu être beaucoup de choses, mais il est représentant en Raggy Crusher ("destructeur de Tampax" en anglais), un puissant broyeur d’excréments. Un représentant motorisé de surcroît, qui parcourt l’Europe pour exhiber ses merveilles coprophages. Avant ça, Charles a été chômeur. "Lorsqu’on a senti durant toutes ces années et jusqu’au fond de sa propre haleine la saveur âcre du chômage, il n’y a pas de sots métiers. Ou ils le sont tous". On comprend vite que Charles penche plutôt pour la deuxième solution.

"Pourquoi une entreprise met-elle des moquettes aux murs des bureaux ? Pour que les employés puissent s’y cogner la tête ?", s’interroge-t-il, en contemplant la hideur de ses bureaux. Il faut dire qu’il est l’employé de TWC, une boîte californienne aussi peu amène avec les salariés que notre héros lui-même, l’est avec les femmes.

Car Do you like your job ? parle énormément des femmes. Ou plutôt de sexe. Comme chez le Houellebecq d’Extension du domaine de la lutte ou de Plateforme, le sexe est en effet indissociable de l’activité salariale : ce sont dans les deux cas des relations humaines tronquées. Il paraît aussi ardent dans les étreintes charnelles - le plus souvent tarifées, va sans dire - qu’il est glacé par la nullité de son quotidien professionnel. Et l’on comprend qu’il s’abîme dans la gymnastique du rut aveugle après avoir accepté la fuite de l’amour (en la personne de Marie), comme il travaille pour l’argent après avoir chassé l’idée d’y prendre une once de plaisir. Dans les deux cas, on pressent qu’il aimerait "autre chose", mais c’est l’époque qui dicte ses conditions. Et l’époque est brutale.

Le plus drôle de l’histoire est évidemment que l’écrivain Charles Guérin Surville a lui-même vraiment exercé cette délicieuse profession de VRP en sanibroyeurs. Il tire de ses observations une morale à laquelle on pourra trouver un petit air de déjà-vu (l’inhumanité foncière du monde tertiaire, qui fait décidément florès chez les plumitifs). Mais ce premier roman, bien troussé et souvent drôle, est sauvé de la sinistrose et du cynisme ambiants par ces moments de doutes, ces faiblesses, ces failles qui habitent le héros. Charles est mieux qu’un cadre supérieur érotomane, frustré dans les deux cas. C’est un homme.

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