Depuis quelques semaines, nous sommes tous journalistes de Politis. Non que cet hebdo « indépendant et engagé » ait racheté à lui seul toute la presse française, mais par solidarité. Vous l’avez lu dans nos colonnes, huit personnalités [1] et le directeur de la publication de Politis, Denis Sieffert, ont été mis en examen suite à la plainte en diffamation déposée par Claude Allègre pour la publication d’une tribune il y a maintenant plus d’un an. Je ne reviendrai pas sur le fond de l’affaire. La justice, clairvoyante, s’exprimera prochainement.
Mardi 15 juin, au théâtre de l’Est parisien, près de 300 personnes étaient réunies afin d’évoquer le cas Allègre. A l’origine de la rencontre, Politis, Mediapart et Terra eco. Dans la cible : les mensonges du personnage, ses fautes, ses amis de tous bords, bref son imposture. Inutile de revenir une fois encore sur tous ces travers.
En revanche, deux choses me viennent à l’esprit à l’évocation du cas Allègre. D’abord, le fait que ce Monsieur est un homme du passé. Non pas eu égard à son âge, mais à sa vision de notre monde. M. Allègre semble convaincu que notre civilisation basée sur l’accumulation est durable, et qu’il faut continuer droit devant business as usual. Cette thèse est irresponsable et nuisible à la nécessaire prise de conscience que notre système ne tourne pas rond et qu’il nous envoie dans le mur.
Et puis, M. Allègre et sa place dans les médias montre combien nous, les journalistes, avons péché. Par ignorance, par paresse et par avidité d’audience, de trafic ou de notoriété.
M. Allègre et sa marionnette ne se sont pas construits tous seuls. Nous, les médias, leur avons bien entendu considérablement facilité la besogne. Faire le procès d’Allègre et de ses allégations est certes une chose utile, mais il serait trop confortable de condamner sans préalablement s’interroger. Osons, nous les médias, nous livrer à l’autocritique. Et souhaitons que la grande famille scientifique – la communauté – elle aussi fasse le ménage dans ses rangs. A commencer peut-être par son Académie des sciences, dont M. Allègre est un membre éminent.
Terra eco a tenté à de nombreuses reprises l’organisation d’un débat entre M. Allègre et le Giec, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. La réponse de l’auteur de l’Imposture climatique a été cinglante. A ses yeux, « Cette proposition de débat n’a aucun intérêt, ce dialogue de sourds ayant déjà été tenté ». Mais nous sommes tenaces. Notre proposition de débat tient toujours. Il ne tient qu’à vous M. Allègre.
La pétition de soutien à Politis
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