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24-08-2012
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Afrique

Afrique du Sud : les mineurs en grève n’avaient rien à perdre

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 Afrique du Sud : les mineurs en grève n'avaient rien à perdre
 
Si les mineurs sud-africains sont déterminés à faire grève, quitte à risquer leur vie comme à Lonmin, c'est qu'ils sont désespérés. Un rapport publié en août expose les conditions de vie désastreuses de ces travailleurs du sous-sol.
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L’Afrique du Sud est restée sous le choc après la mort de 34 grévistes dans la mine de platine de Marikana suite à l’intervention meurtrière de la police le 16 août 2012. Si l’incompétence des forces de l’ordre et l’instrumentalisation du mécontentement des grévistes pour fragiliser le président Jacob Zuma ont sûrement joué un rôle dans les violences, la détermination des grévistes des mines de platine montre surtout l’exaspération sociale d’ouvriers maintenus dans la misère presque vingt ans après la fin de l’apartheid. Dans la presse nationale, certains grévistes ont en effet reconnu n’avoir plus grand chose à perdre, entre mourir exploité au fond d’une mine de la compagnie Lonmin ou sous les balles de la police. Ces mineurs sont payés entre 400 et 500 euros par mois pour travailler six jours sur sept à plusieurs centaines de mètres sous terre.

Productrices de 90% du platine dans le monde, les mines sud-africaines accueillent parmi les compagnies minières les plus riches, comme Anglo Platinium. Mais l’industrie est déclinante, faute d’investissements nécessaires et face à l’instabilité des cours mondiaux. Ce contexte défavorable justifierait aujourd’hui le plafonnement des salaires dérisoires des mineurs. Selon John Capel, directeur de la Bench Marks Foundation spécialisée dans la RSE, les compagnies minières sont surtout « obsédées par le fait de réduire les coûts et afficher des opérations peu coûteuses à leurs actionnaires ». Une étude publiée en août 2012 par cette organisation sud-africaine montre la responsabilité sociale accablante de l’industrie du platine dans la région d’extraction du Nord Ouest. Le district qui concentre six grosses compagnies minières, dont Lonmin, compte une majorité de familles gagnant moins de 150 euros par mois.

Mis à la porte parce que séropositifs

L’étude arrive en effet à point nommé en comparant les conditions de vie actuelles des mineurs à celles de 2007. Les conclusions sont sévères. Sur la santé d’abord, la platinose peine à être reconnue comme une maladie du travail, alors que la recherche montre aujourd’hui clairement que les sels de platine sont responsables d’asthme et de problèmes pulmonaires graves. Cette impunité empêche en particulier la protection des malades licenciés. Des mineurs ont par ailleurs perdu leur travail après avoir été diagnostiqués séropositifs, alors que ces compagnies sont associées aux programmes de dépistage et de traitement du virus du sida. Ces injustices conduisent les ouvriers à ne plus se faire traiter dans le centre médical de la mine de peur de représailles.

Côté environnement, le bilan n’est guère plus brillant, en particulier à cause des rejets de nitrates dans les sources d’eau. Le rapport s’alarme également de l’absence d’anticipation pour la fermeture des mines avec des conséquences désastreuses pour la pollution des sols. Le pays connaît bien le problème, sa capitale économique étant assise sur une bombe à retardement : les mines laissées à l’abandon autour de Johannesburg ont durablement empoisonné les nappes souterraines et les remontées toxiques commencent à affleurer en surface. Comble du cynisme, pour éviter d’avoir à gérer la fermeture de sites, une des stratégies des compagnies consiste à céder les mines à de jeunes entrepreneurs noirs inexpérimentés, dans le cadre de la politique nationale de discrimination positive.

90% des ouvriers en sous-traitance

Outre la faiblesse des salaires, la Bench Mark Foundation pointe la dégradation des conditions de vie des ouvriers. La fermeture des résidences de travailleurs a contraint de nombreux migrants venus travailler dans les mines à vivre dans des campements informels. Cette disposition qui devait être une avancée sociale à la fin de l’apartheid s’est en effet traduite par une précarisation supplémentaire des ouvriers, incapables de se loger avec les indemnisations dérisoires qui leurs sont versées. Par ailleurs, l’explosion de la sous-traitance a encore fragilisé les travailleurs et a sapé leur organisation sociale. Dans certaines mines, la sous-traitance concerne en effet jusqu’à 90% des ouvriers.

À ce sujet, un analyste pointait dans le journal économique sud-africain Business Day que le noyau dur de grévistes de Lonmin, qui réclamaient un triplement de leurs salaires, sont des foreurs. Ces mineurs, souvent plus âgés et travaillant dans des conditions particulièrement dures, sont difficiles à remplacer. Ils comptaient sur cet avantage face à la direction. Aujourd’hui, la compagnie a fait marche arrière sur ses menaces de licenciement. Des grèves ont par ailleurs démarré dans d’autres mines.

Pour le gouvernement qui avait rassuré l’industrie minière au début de l’été sur son intention d’enterrer le projet de nationalisation des mines, les choses se compliquent. La récupération du massacre par les adversaires du président Jacob Zuma risque de remettre le débat sur le tapis.

Cet article de Magali Reinert a initialement été publié le 24 août 2012 sur le site de Novethic

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