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22-09-2009

Adair Turner : un ovni à la City

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Adair Turner : un ovni à la City
 
Adair Turner, le patron de l'Autorité des marchés financiers britannique, a récemment soutenu l'idée d'une taxe Tobin et scandalisé la City. Proche du Labour et chef d'une commission sur l'environnement, l'ex patron des patrons détone sur la scène politique du royaume.
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La taxe Tobin trace peu à peu son chemin. En France, elle a reçu récemment l’appui de Bernard Kouchner. En Europe, elle s’est offert la sympathie surprenante de José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Une vague de soutien s’est en fait formée de l’autre côté de la Manche, dans une maison où on ne l’attendait guère.

Le 27 août, Adair Turner, chef des Autorités financières britanniques (FSA) et ex-patron des patrons lançait en effet un premier pavé dans les mares de la City. “Si vous voulez arrêter les paies excessives dans un secteur financier hypertrophié, confiait-il dans les colonnes du magazine britannique Prospect. “Il faut réduire la taille de ce secteur ou appliquer des taxes spécifiques sur les bénéfices avant rémunération.” Des taxes Tobin en somme. Choqué, le gouvernement s’est rebiffé. “Les taxes sont l’affaire du Chancelier”, a-t-il martelé. Tandis que la FSA précisait que les propos de son président étaient “extraits d’une table ronde et n’étaient pas l’expression d’une nouvelle politique de l’Autorité”.

Dans un communiqué - “Dégonfler la finance : nous soutenons Adair Turner” - Attac France a aussitôt salué les propos du patron de la FSA. “M. Turner a exprimé à haute voix le peu de bon sens qui reste encore dans les classes dirigeantes. L’homme est suffisamment éclairé pour voir que l’avenir des peuples est menacé si on dérégule encore plus”, souligne Jean-Marie Harribey, co-président d’Attac. Une association alter-mondialiste soutenant un ex-patron des patrons ? La chose paraît invraisemblable. Sauf que Mister Turner n’est pas tout à fait un col blanc comme les autres.

Un homme qui se joue des étiquettes

Formé dans le giron élitiste de Glenalmond – une prestigieuse école privée écossaise – et de Cambridge, l’homme a fait ses classes chez British Petroleum et Chase Manhattan. Directeur de McKinsey, il grimpe à la tête de la Confédération de l’industrie britannique, l’équivalent du Medef, en 1995. Avec un CV pareil, on lui aurait bien donné la couronne de Tory sans confession. D’ailleurs il fut un temps président du club des étudiants conservateurs de Cambridge. Mais voilà. En 1981, il rejoint les rangs du parti social démocrate (SPD) avant de flirter avec le Labour, endossant même la présidence d’une commission de recherche sur les retraites pour le compte du gouvernement Blair.

En fait le bonhomme rechigne à se laisser étiqueter. “J’ai fini par réaliser que je n’étais pas utile en restant dans un parti en particulier“, a-t-il un jour confié. “Il est très ouvert d’esprit, opine John Hills, un professeur de la London School of Economics qui a travaillé avec lui au sein du comité sur les retraites. Il n’a pas de préjugés vis-à-vis de telle ou telle idéologie. Si la logique lui suggère que trop d’activité financière n’est pas bon, il le dira.” Libre, pour certains. Contradictoire pour d’autres. L’homme surnommé "Adair le rouge", pour ses accointances avec la gauche, porte aussi le titre plus raffiné de “baron Turner de Ecchinswell”.

Contre le changement climatique

Et pour achever de brouiller les cartes, il s’est trouvé une nouvelle casquette : celle d’expert en environnement. En 2008, il est nommé président du Comité gouvernemental sur le changement climatique et suggère de planter des éoliennes le long des autoroutes. De toute façon, souligne-t-il, ces paysages sont déjà défigurés. Plus tard, l’homme suggère que l’on autorise les cols blancs à tomber costumes et cravates l’été venu. Pour se jouer des conventions ? Non, pour limiter les besoins en climatisation des bureaux et réduire les émissions de CO2. “La nomination d’une personne de ce calibre à la tête du Comité contre le changement climatique est une très bonne chose, confie Keith Allott, du WWF britannique. C’est un individu très respecté par la City comme par le gouvernement et l’opposition. Grâce à lui, ce comité de conseil risque d’avoir enfin une vraie influence.”

“Il est très bon sur des sujets très délicats dont le bénéfice n’apparaît qu’à long terme. Ça a été le cas avec les retraites, c’est le cas aussi pour le changement climatique, souligne John Hills. Il est capable, par la seule force du raisonnement, de montrer aux gens que la solution alternative n’est tout simplement pas viable. C’est très impressionnant.” Mais l’homme a aussi ses contradictions, assumées. Expert sur l’environnement, il avoue émettre, avec sa famille, 30 tonnes de CO2 par an (contre 17 tonnes en moyenne pour un foyer britannique de quatre personnes). Mais promet de faire un effort. D’ailleurs, s’il a pris l’avion pour rejoindre la station de ski de Courchevel l’an dernier, il est revenu en train ! Encore un petit effort Mister Turner.

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Sources de cet article

- Le communiqué d’Attac
- L’interview d’Adair Turner dans Prospect magazine
- Photo : CBI

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