Patrick Le Lay, Brigitte Lahaie, Yahoo : de ces trois noms, lequel n’a pas bâti son fonds de commerce en divulguant gratuitement toutes sortes d’images, même les plus osées ? La bonne réponse est Brigitte Lahaie : l’actrice du X a bien sûr été rémunérée pour jouer dans ses films. Pour le patron de TF1 et le site Internet Yahoo, les données sont différentes. Le premier offre gratuitement Bataille et Fontaine à son public, et le second permet aux Internautes de tout acheter. Ils espèrent séduire l’audience la plus large possible dans un seul but : attirer les annonceurs en nombre.
Et l’enjeu est de taille. Le marché publicitaire sur la toile est en plein boom. Les investissements ont grimpé de plus 72% depuis 2004. Avec une nouvelle star : les liens contextuels ou commerciaux, qui ont fait passer les recettes publicitaires des portails ou des moteurs de recherche devant celles des fournisseurs d’accès à Internet.
Un clic et des dollars
Dans ce secteur, Google a un train d’avance sur ses concurrents. Ce moteur de recherche rapide et pertinent attire un nombre considérable d’internautes, ce qui lui permet de vendre à des entreprises des mots-clés qu’elles achètent aux enchères. Un lien vers le site de l’entreprise apparaît à droite ou en haut de l’écran dès qu’une recherche comprend le mot-clef en question. Google est ainsi rémunéré à chaque clic sur le lien sponsorisé, et celui-ci n’apparaît plus quand le budget journalier déterminé par l’annonceur est épuisé. Une mine d’or.
Les liens sponsorisés représenteraient en France 30% des investissements publicitaires sur Internet, soit 267,5 millions d’euros pour 2005. Ce chiffre pourrait être multiplié par trois d’ici à 2010. On comprend mieux les efforts consentis par les concurrents MSN ou Yahoo pour mettre au point des moteurs de recherche plus rapides et pertinents. Ils proposent aussi aux propriétaires de sites ou aux auteurs de blogs (sites personnels sur le Web) d’afficher des liens commerciaux sur leurs pages contre rémunération.
Big Brother
De son côté, Google offre désormais aux utilisateurs de Gmail, son service de messagerie électronique, 2 giga-octets de stockage d’informations. Soit une base de données énorme pour (et sur) chaque utilisateur, ainsi qu’un moyen performant de caser des liens commerciaux avec chaque courrier expédié. Cette intrusion de la publicité dans la vie privée a d’ailleurs fait réagir des clients américains et des associations comme Google-Watch.
Motif d’inquiétude : le pouvoir grandissant de la firme, et les liens de certains de ses dirigeants avec l’administration de Washington. "Nos règles de confidentialité sont très strictes", se défend-on toutefois au service presse de Google France. "Le contenu des sites et des messages est scanné par des robots, comme nos antispams et ceux de nos concurrents le font déjà".
"La recherche de nouveaux territoires pour diffuser la publicité", selon les termes de Matthieu Lerondeau, du Forum des droits sur l’Internet, n’est sans doute pas étrangère à l’émergence de projets de bibliothèques d’ouvrages numériques comme Google Print, ou son homologue chez Yahoo. Ces initiatives offrent en effet des perspectives de trafic inestimables et d’accords commerciaux juteux... si les éditeurs décident de collaborer. La géographie de ces nouveaux territoires n’est d’ailleurs pas seulement virtuelle. Google, encore lui, a posé sa candidature pour la création d’un réseau Internet sans fil destiné à la ville de San Francisco. Et veut s’offrir ainsi une position imprenable sur le marché de la publicité locale et ciblée.
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