publicité
haut
Accueil du site > Blogs > Les blogs > Climat : la longue route vers un accord mondial > Emissions de CO2 : pourquoi il est déjà trop tard

Climat : la longue route vers un accord mondial

Par Thomas Matagne
6-12-2010
Mots clés
Géopolitique
Climat
Monde
Décryptage

Emissions de CO2 : pourquoi il est déjà trop tard

Emissions de CO2 : pourquoi il est déjà trop tard
(Légende : aurore boréale en Alaska. Crédit photo : Beverly & Pack/Flickr)
Nous nous sommes plantés : nos envois de carbone dans l'atmosphère ne baisseront pas avant 2020. Reste à compter sur les rebondissements de l’histoire et à garder le cap.

L’atténuation des émissions n’était pas un chapitre sur lequel nous attendions à Cancún des avancées majeures ; au huitième jour des négociations, il semble que quelques progrès sont en cours (c’est-à-dire que la situation n’est pas totalement bloquée), mais ils sont mineurs. Les discussions de réduction des émissions se font dans différentes arènes, au sein du protocole de Kyoto, et dans le groupe LCA (Long-term cooperative action). Dans le cadre de Kyoto, les pays seraient en train de s’accorder sur une année de référence et sur la longueur de la seconde période d’engagement (cinq ans, de 2013 à 2017). Mais la grande inconnue, majeure, est de savoir qui va participer (le Japon affirme refuser, la Russie et le Canada sont ne sont pas chauds), avec quels objectifs. Sans compter qu’il faut régler les problèmes du protocole (réformer le système de mécanisme de développement propre, et se séparer des émissions en surplus de la première période d’engagement). Du côté du LCA, les discussions se focalisent sur comment prendre en considération les engagements de l’accord de Copenhague. Faut-il les rapatrier au sein de la Convention (puisque l’accord a été établi en dehors) ? Sous quelle forme (registre, annexe) ? En somme, on peut dire que les discussions avancent quelque peu…

Mais le problème n’est pas vraiment là. Le problème est que les engagements de réduction des émissions sont tout à fait insuffisants. On le savait déjà, mais un rapport publié il y a peu par le Programme des Nations unies pour l’environnement nous rappelle l’ampleur de l’enjeu. Afin d’avoir des chances raisonnables de ne pas dépasser un accroissement de température de 2° C en 2100, il faudrait limiter nos émissions à 44 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 équivalent en 2020. Le scénario tendanciel nous pousse à 56 Gt CO2 eq. Une application des promesses de Copenhague permettrait de descendre entre 49 et 53 Gt CO2 eq. suivant leur application (règles de comptabilité strictes ou laxistes, haut ou bas des fourchettes d’engagement). Il y a donc un manque de réductions compris entre 5 et 9 Gt CO2 eq. Vu que les promesses permettraient des réductions de 3 à 7 Gt CO2 eq., cela signifie que nous prévoyons de faire moins de 50% de ce qui serait nécessaire.

Le diagramme ci-dessus indique des chemins d’émissions (ordonnées) dans le temps (abscisses). Les différentes couleurs indiquent à quel niveau de température chaque chemin nous mènerait. Le carré noir indique où l’accord de Copenhague nous situerait (les barres au-dessus et en dessous donnent les niveaux extrêmes suivant les hypothèses retenues).

Or il n’y a aucun espoir de voir les promesses augmenter à Cancún ; ce n’est même pas sur la table. Les perspectives pour les années à venir ne sont pas non plus très réjouissantes. La situation se dégrade depuis Copenhague : certaines promesses ne sont plus aussi certaines. Le contexte domestique aux Etats-Unis est devenu encore plus climato-sceptique : il n’y aura pas de régulation globale de l’économie avec les prochaines élections présidentielles. Mais il faudra aussi compter sur la situation au Canada, au Japon, en Russie. Et que l’Australie n’ait pas retourné sa veste d’ici là.

Bref, la prochaine fenêtre de tir pour un accroissement radical de la réduction des émissions n’est pas avant 2014. Or, il faut que les émissions mondiales aient atteint leur maximum en 2020. Le temps de ratifier un accord international, de mettre en place le système, qu’il ait un effet, 2020 sera passé. Il faudrait que les pays émergents prennent le leadership en matière d’atténuation ; mais cela serait inéquitable (les gros pollueurs historiques continuant de polluer). Et politiquement très difficile pour les gouvernements de ces pays.

En l’état actuel des choses, on ne voit pas vraiment comment on pourrait aller sur la route des 2° C, et encore moins des 1,5° C. Alors que l’on sait en même temps qu’au-delà, nous pouvons passer des seuils pouvant s’avérer très dangereux.

Objectivement, rationnellement, on s’est planté. Il nous faut compter sur les rebondissements de l’histoire, les sursauts. Et d’ici là garder le cap, continuer d’avancer, comme le dit (en pleurs) Christiana Figueres, secrétaire de la Convention. Avancer chaque année un peu, ne pas s’arrêter.

Plus d’info sur les objectifs de température, les conséquences, les réductions d’émissions… dans ce billet.

Retrouvez les textes de Thomas Matagne sur « Adopt a negociator »

Mots-clés : Géopolitique | Climat
COMMENTAIRES ( 1 )
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Salut les amis,

    non il n’est jamais trop tard, comme le disait Aznavour ce matin sur Europe 1, "quand on veut on peut" et il ne faut jamais rien lâcher, jamais, surtout quand il s’agit de climat et de notre avenir co2mmun ! le principal problème à ce jour pour régler le "problème" CO2 en partie, c’est sa bonne co2mmunication, sa promotion efficace et sa co2mpréhension facile par tous. C’est souvent un problème de spécialiste "donné" à des néophytes qui la plupart du temps ne pige pas les enjeux assez co2mplexes, par manque d’empathie, de temps... Nous sommes archi convaincus ici que le CO2, "il faut aussi le voir pour le croire" et avoir des références "en face"... nous avons mis au point une méthode unique et innovante de co2mmunication visuelle avec des dizaines de supports explicatifs que nous sommes entrain de faire connaitre et diffuser. Mais c’est à double tranchant aussi... car on entre dans la réalité, le monde réel, celui savamment occulté par la COM et le marketing classique, sans doute involontairement aussi, la plupart n’avaient pas forcément co2nscience jusqu’alors du "poids" CO2 de tout ce que l’on co2nsomme... Mais surtout il faut être honnête sur cette question centrale et lucide du CO2, "traiter" le problème CO2 ne se fait pas sans co2nséquence non plus car il faut forcément évoluer, changer, arbitrer, choisir, co2mptbiliser et co2mparer pour pouvoir enfin co2nsommer en co2nscience... c’est donc à nos co2nsommateurs éveillés d’accélerer le phénomène et de demander exiger partout la transparence éco2 logique de tout ce qu’on co2nsomme, de demander la traçabilité environnementale ; et comme en toute logique de bons sens éco2 logique, LOCAL = LOW CO2, ça augure de sacrés remises en question au niveau commerce apatride notamment vis à vis de ceux qui en ont et en profitent encore le plus ; donc tout n’est pas perdu, loin de là, on voit le retour du Made in France, de l’industrie soit LOCAL = LOW CO2 mais il faut que le mouvement soit bien plus important et massif = retour de l’emploi, etc... et fin du "tout commerce" actuel... et là, au vu des enjeux, les intérêts privés et particuliers de courts terme vont "freiner" et freinent pour se protéger et protéger leurs intérêts, alors qu’on ne doit privilégier partout que les intérêts co2llectifs et universels versus le climat qui nous concerne tous sans aucune exception ! donc il faut mener cette évolution collectivement partout et la démocratiser, ce sont des choix sociétaux et politiques aussi à faire ; le système libéral globalisé dérégulé apatride a été beaucoup trop loin pour des raisons de profits essentiellement, et trop fort, la décarbonisation actuelle du système signe en partie la déglobalisation, c’est une évidence et du bon sens et somme toute assez logique aussi, et internet accélère prodigieusement le phénomène partout notamment dans le commerce... internet permettant enfin de relier producteurs aux consommateurs en zappant enfin les très grands intermédiaires rentiers du commerce souvent à l’origine de beaucoup de nos problèmes sociétaux et environnementaux par leur gigantisme et leur pression constante sur les prix, sur les hommes, sur l’environnement... plus on est "gros", plus on a de "charges", plus on "charge" la barque de la collectivité... et encore plus si on a une pression constante des actionnaires, c’est mécanique et c’est le cercle infernal... nos amis indiens pronent eux à Cancun la transparence eux aussi en matière de co2mptabilité des pays notamment, et ils ont raison et ils sont malins étant "en retard" par rapport à nous occidentaux en matière de co2mptabilité, c’est du bon sens et ça va mettre toutes les organisations enfin devant leurs vraies responsabilités ! c’est à dire qui et où peut t’on faire des éco2nomies et dans quelles proportions ?! fonction des priorités aussi des états, des entreprises, des individus, pas simple tant il y a d’oppostions et de contradictions partout... alors, ayons tous du courage, ne capitulons pas, au boulot, je ne vois pas tant d’organisations que ça ici en France se "précipiter" à faire de la co2mmunication sincère et responsable, qu’est-ce à dire, qu’on a plus "à perdre" que les autres, ayant été bien plus loin que la moyenne ? sans aucun doute, c’est une utopie que de croire le contraire... ou de faire croire le contraire... à bons entendeurs, salut !
    Bien co2rdialement Olivier TROTTA, l’inventeur de la transparence éco2 logique soit la CO2M.

    7.12 à 10h06 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

A PROPOS

Etudiant en sciences et politiques de l’environnement. « Tracker France » pour le site "Adopt a negociator", qui vise à donner accès à la société civile aux négociations sur le climat à travers le regards de jeunes venus du monde entier.

publicité
2
publicité
3
  • Se connecter
  • Créer un compte
  • NEWSLETTERS
    Cochez les cases pour vous abonner à vos newsletters
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas