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30-05-2010
Mots clés
Société
France
Interview

«  Les manières d’habiter évoluent, mais moins vite que les modes de vie  »

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« Les manières d'habiter évoluent, mais moins vite que les modes de vie »
(Lucie et Simon - Picturetank)
 
Marion Segaud, sociologue, professeur à l’université du Littoral Côte d’Opale.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Habiter », est-ce une manière de vivre qui se modifie facilement ?

L’«  habiter  » est tout d’abord une notion anthropologique. Nous avons tous une relation à l’espace qui se manifeste par différentes pratiques du quotidien : faire la vaisselle, mettre des rideaux aux fenêtres, ranger sa chambre… Ces pratiques sont concrètes, mais aussi symboliques. L’habiter est finalement une relation au monde. Cette question est devenue un objet de recherche scientifique dans les années 1960, lorsque des voix d’habitants mécontents ont commencé à s’élever. En France, les innovations de l’époque ont parfois modifié l’organisation de l’espace, mais les études ont montré que cela ne marchait pas très bien. Les manières d’habiter évoluent donc, mais bien moins vite que les modes de vie. Comme notre relation à l’espace est basée sur des modèles culturels, il y a de très grandes réticences à accepter de modifier ces référents.

Quel sens donner, aujourd’hui, à la prolifération d’émissions qui fourmillent sur l’aménagement et la transformation de son logement ?

La société de consommation a compris que le logement est le dernier espace de liberté, l’endroit le plus intime. Dans son logement, l’habitant a tout pouvoir, il peut s’y exprimer, même si c’est à travers les modes. Ces propositions commerciales ont du succès parce qu’elles permettent de mettre en valeur une certaine compétence. L’habitant sait comment il vit. Pas les architectes.

Les gens vont-ils modifier leur relation à l’espace en fonction de cette nouvelle dimension qu’est l’environnement ?

Oui, mais de manière anecdotique : avoir plusieurs poubelles, mettre des panneaux solaires sur le toit… Mais cela ne va pas modifier profondément leur relation à l’espace. L’espace du logement a une signification, qui peut être l’espace du sale par rapport à l’espace du propre, ou l’espace du privé par rapport au public. C’est un espace symbolique parce qu’il engage l’habitant vis-à-vis des autres. On ne peut pas le modifier comme ça.

Si le logement est le lieu où l’individu exerce son pouvoir, on imagine que quelqu’un de convaincu par l’urgence écologique le répercutera sur son habitat. Et les autres ?

Il n’existe pas encore d’enquête sur la réception des techniques de construction dites écologiques, ni sur les représentations de l’environnement chez les habitants. Mais je viens de lire une thèse d’étudiant sur les « éco-logis » qui donne des pistes. Elle distingue un groupe de gens militants qui ont l’opportunité de construire pour eux-mêmes et d’appliquer leurs principes de vie, en accord avec l’environnement. Ce groupe, à part, peut faire exemple. Mais les autres, plus nombreux, n’ont pas le choix. Ils sont contraints. Si on leur dit qu’on leur attribue un logement à Haute Qualité Environnementale, ce sera mieux que là où ils habitaient jusqu’à présent et c’est tout.

Quand les pouvoirs publics parlent de performance énergétique des logements, de pollutions intérieures, quel est l’impact réel ?

Les gens commencent, par exemple, à avoir conscience que certains produits polluent l’air intérieur. Mais si vous leur demandez d’isoler leur logement, cela devient un problème économique : ils ne voient que l’avantage immédiat. Les évolutions seront très longues. Ces contraintes touchent à la propriété individuelle. La dimension écologique est un objet nouveau. Le rôle des pouvoirs publics est de donner aux habitants la possibilité de se l’approprier. Il faut leur fournir des équipements, mais aussi les laisser gérer comme ils l’entendent. Les gens commencent à avoir des conduites responsables quand ils ont intégré les problématiques. Pour socialiser les innovations, il faut les rendre compréhensibles collectivement. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain. —
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