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L’aéroport de Beauvais se brûle les ailes
dimanche, 29 novembre 2009
/ Emmanuelle Walter
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Dans sa dernière campagne, l’aéroport estampillé « low cost » veut croire qu’« un autre ciel est possible » et transforme les avions en jolies feuilles vertes. Décryptage d’une pub qui ne manque pas d’air.
Une jolie réclame pour le prochain forum altermondialiste ? Pour une église évangélique ? Que nenni. « Un autre ciel est possible », c’est le message publicitaire de l’aéroport de Beauvais-Tillé, champion des vols à bas prix de la compagnie Ryanair. Le 19 octobre, l’Association de défense de l’environnement des riverains de l’aéroport a porté plainte pour greenwashing auprès du Jury de déontologie publicitaire.
Autre gaffe : le slogan. Il laisse entendre que l’aéroport agit contre la pollution aérienne « et que l’on peut donc prendre l’avion sans mauvaise conscience », observe Elise Buckle, du WWF. Mais un aéroport n’est pas une compagnie aérienne, et Beauvais ne peut « verdir » que ses activités au sol : tri des déchets, stations d’analyse du bruit, etc. Ce décalage constitue, là encore, une entorse à la recommandation de l’Arpp, qui demande que le message n’induise « pas le public en erreur (...) sur les actions de l’annonceur ». Les « engagements concrets » développés dans le dépliant ci-contre posent également problème. « La volonté d’un développement maîtrisé » ? Depuis 2001, le nombre de passagers a été multiplié par six (2,6 millions en 2009), et le nombre d’atterrissages et de décollages par quatre. En dehors des règles d’urbanisme à respecter, aucune donnée ne nous a été communiquée qui illustrerait cette volonté de « maîtrise ».
« Respecter les normes HQE (Haute qualité environnementale) » ? L’aérogare écoconstruite n’est pas sortie de terre, et, avoue-t-on à la direction de l’environnement, « on ne cherche pas à obtenir le label HQE lui-même, ce qui demanderait beaucoup de moyens pour un petit aéroport, mais à respecter le maximum de ses principes ». Finalement, seul le dépliant, plus complet, distribué aux riverains, détaille les authentiques avancées environnementales : le tri sélectif généralisé aux commerces et aux passagers, les stations de mesure de bruit dans 5 communes riveraines, la réduction du bruit à l’atterrissage…
« La jolie traînée blanche de la publicité rend anodine la redoutable pollution en haute altitude, sous-évaluée par l’industrie aéronautique. Quant à la “maîtrise du développement”, elle consiste tout simplement à augmenter régulièrement le trafic ! Il faudrait instaurer une taxe sur le kérosène. »