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Ils démontent les dogmes de santé publique
lundi, 29 février 2016 / Camille Chandès

Carencés en protéines, maigres, souvent malades… Les végétariens sont parfois perçus comme étant en mauvaise santé. « Il y a vingt ans circulait même l’idée que si on devenait végétarien, on allait mourir ! », s’amuse Jérôme Bernard-Pellet, médecin nutritionniste, végane et président de l’Association des professionnels de santé pour une alimentation responsable. Certes, la viande a perdu de son aura en termes de santé : les épizooties de vache folle, grippes porcine et aviaire, et la classification par l’Organisation mondiale de la santé de la viande rouge et des viandes transformées parmi les cancérogènes « probables » chez l’homme pour la première et « certains » pour les secondes sont passées par là. Mais la promotion de sa consommation reste la norme.

3 000 études menées

« Le jour où vous annoncez que vous êtes végétarien, tout le monde se transforme en nutritionniste et donne des conseils ! », sourit Jérôme Bernard-Pellet. Comment penser autrement quand les produits animaux sont au cœur des recommandations officielles de santé ? Ainsi, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) indique que « la viande, le poisson et les œufs sont des éléments essentiels à notre alimentation. Il est conseillé d’en consommer une ou deux fois par jour ». Le Programme national nutrition santé (PNNS) reconnaît, lui, que l’alimentation végétarienne est convenable mais indique que « le suivi d’un régime végétalien à long terme fait courir des risques pour la santé, notamment pour les enfants ».

« La position française devrait évoluer prochainement, j’espère dans le bon sens pour être conforme aux données scientifiques », poursuit Jérôme Bernard-Pellet. Car, sur ce plan, les 3 000 études menées à ce jour reconnaissent les bienfaits du végétarisme et du végétalisme. « Ce type d’alimentations diminue les fléaux de santé publique. Il apparaît qu’elles augmentent l’espérance de vie. Elles ont un effet préventif sur les cancers du colon, de la prostate, du pancréas, les maladies cardio-vasculaires (surtout chez les hommes), le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et elles diminuent les risques de cataracte et d’obésité. Même si l’on sélectionne les études les plus pessimistes, aucune ne montre que le fait d’être végétalien ou végétarien soit délétère », résume le médecin.

Autorités à la traîne ?

Les autorités françaises seraient-elles à la traîne ? Apparemment. La respectée Association américaine de diététique soutient que « les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien conçues sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies ».

Le moine tibétain végétarien Matthieu Ricard observait d’ailleurs dans une tribune du Monde en septembre 2015 que les assureurs ne s’y trompent pas : « Aux Etats-Unis, Kaiser Permanente, une importante société d’assurance-maladie, avec plus de 9 millions de membres, incite les médecins à recommander une diète à base de végétaux à tous leurs patients. Au Royaume-Uni, une assurance-vie propose même 25% de rabais pour les végétariens et les végétaliens » ! —