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8 000 foyers sur la ligne de départ des économies d’énergie
lundi, 23 novembre 2015 / Cécile Cazenave

C’est reparti pour un tour. Dans une semaine, le Défi familles à énergie positive proposera de nouveau à ses participants de s’affronter par équipes sur un terrain inédit : la sobriété énergétique.

A vos marques, prêts, économisez l’électricité ! Le 1er décembre, huit mille foyers, répartis partout en France, se lanceront dans un drôle de concours : réduire au minimum leur consommation énergétique, sans renoncer à leur confort, uniquement en effectuant des gestes du quotidien. L’objectif lancé par le Défi familles à énergie positive est d’atteindre une baisse d’au moins 8% de consommation énergétique pendant les cinq mois d’hiver, de décembre à avril, soit le seuil fixé par le protocole de Kyoto. « En réalité, la moyenne des dernières éditions était même de -12%, les équipes gagnantes ayant atteint des scores de -30% ou -40% d’économies d’énergie », souligne Pascaline Pin, coordinatrice du Défi. Lancé par l’association haut-savoyarde Prioriterre en 2008, le challenge se relève par équipes de voisins, de collègues ou de copains afin de s’entraîner les uns les autres dans les efforts à accomplir. « Il y a quelques années, on parlait encore peu de la sobriété énergétique et le discours en général sur la planète était très culpabilisant. En gros, on accusait les gens de participer à la mort inéluctable des ours polaires, explique Pascaline Pin. Le concours a été une manière ludique d’aborder la question de l’impact des usages. »

« Dans un logement, il y a une centaine d’écogestes possibles »

Au départ lancé à 200 familles, le défi a réuni en sept éditions plus de 23 000 ménages de 2 600 communes françaises, avec un mot d’ordre : faites des économies ! C’est ainsi que Carole Pringot, une habitante de Faverges, en Haute-Savoie, a monté une équipe avec ses collègues de la grande surface dans laquelle elle travaille. « On nous avait dit qu’on pouvait gagner 200 euros par an et ça a marché pour la plupart d’entre nous, rien qu’avec des gestes auxquels on ne pense pas d’habitude », assure-t-elle. Carole Pringot avoue volontiers qu’elle était fière quand son équipe a terminé en deuxième position du département, devant une équipe montée par un hôpital ! Car mettre un couvercle sur une casserole d’eau qui bout, fermer les volets la nuit, débrancher les chargeurs de portable finit par alléger substantiellement le compteur. Ces gestes qui semblent anodins pour certains ne le sont pas pour tout le monde. Et pèsent en tout cas lourd sur la facture en fin de mois.

« Dans un logement, il y a une centaine d’écogestes possibles : la plupart des gens en font déjà un tiers, ils ne peuvent ou n’accepteront pas d’en faire un autre tiers et il en reste toujours un tiers à mettre en application », souligne Thibaud Dhiel, conseiller info-énergie à l’Agence locale de l’énergie et du climat Nancy-Grands Territoires qui coordonne chaque année le Défi familles à énergie positive pour sept équipes, représentant une trentaine de familles sur une vingtaine de communes. Son rôle est de conseiller les joueurs, souvent à leur demande, et de mesurer leurs progrès à mi-parcours et à la clôture du challenge. Dans sa besace, les trucs et astuces qui font gagner le plus de kilowattheures : la limitation du débit du robinet d’eau chaude, le sablier pour prendre conscience de la durée de la douche, la mise hors-tension de la box Internet la nuit et la diminution de la température du logement, même s’il s’agit d’aborder ce dernier point « avec des pincettes, car le sujet peut être conflictuel ».

L’équivalent de 660 voitures retirées de la circulation pendant un an

Dans le public suivi par Thibaud Dhiel, tous les profils se côtoient : des écolos militants, des personnes âgées, des usagers de centres sociaux… Ces derniers participants ont même toutes leurs chances pour accéder au podium. « Le public en situation de précarité énergétique a parfois beaucoup à apprendre, de grandes marges de progrès à faire, et souvent réellement besoin de ces conseils pour mieux gérer les dépenses », explique le conseiller info-énergie. A Ambarès-et-Lagrave (Gironde), Nadine Rougier a ainsi hâte de commencer le challenge avec son équipe. Pour cette habitante de logement social, les factures de gaz et d’électricité représentent un budget conséquent. « Je vis avec de petits moyens, je fais déjà très attention et je suis curieuse d’apprendre quels gestes je peux encore faire pour aller plus loin », explique-t-elle, persuadée que ses efforts serviront à la fois son porte-monnaie et la planète. Car si le désir fou de participer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre n’est pas le premier moteur des joueurs du Défi, il finit généralement par poindre le bout de son nez. « Pour la plupart des familles qui participent, le nerf de la guerre, c’est le portefeuille, insiste Thibaud Dhiel. Mais ensuite, l’année suivante, si la famille rejoue, les questions de CO2 et de climat arrivent. »

En mesurant les performances des joueurs, le Défi permet à chacun de prendre conscience que l’addition des écogestes finit par alléger aussi l’atmosphère. L’édition 2014-2015 a ainsi économisé 8,5 millions de kilowattheures et évité l’émission de 1 400 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 660 voitures retirées de la circulation pendant un an. Dans les communes qui compose le Grand Nancy, Thibaud Dhiel croise parfois d’anciens participants. Certains ont fini par abandonner l’aquarium jugé trop énergivore, d’autres vivent désormais dans une maison à 18°C et trouvent cela confortable. A Faverges, Carole Pringot en est persuadée : « Une fois qu’on a adopté les bons gestes, on ne les lâche plus. Et ça donne même l’idée de faire d’autres choses », lance-t-elle. Pour elle et sa famille, ce sera du compost. Il est des équipes où le Défi dépasse ses objectifs. 

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