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Les livres à lire avant la COP21
mercredi, 28 octobre 2015 / Simon Barthélémy

A quelques semaines du sommet contre le changement climatique (COP21), il fallait bien un sceptique dans le flot éditorial. C’est le présentateur météo de France 2, Philippe Verdier, qui s’y colle. Son Climat investigation (Ring, 2015) n’a d’enquête que le nom. Dans cette charge brouillonne contre le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les Nations unies et les écolos, le journaliste ne craint ni les contradictions ni les retours de bâton – sur les théories de pause du réchauffement ou d’influence du soleil, régulièrement démontées par les spécialistes – ni même le ridicule – comme il est agréable de profiter des terrasses en décembre, « le réchauffement n’est pas un ennemi et ne nécessite aucun combat ». Derrière son titre provocateur, Le Climat qui cache la forêt (Rue de l’échiquier, 2015) est autrement intéressant. Loin du climatoscepticisme, son auteur, Guillaume Sainteny, est un économiste au fait des enjeux écologiques. Il montre ici comment les questions de climat et d’énergie en vampirisent d’autres au moins aussi importantes, telles que l’extinction des espèces ou l’érosion des sols. Pire : au nom de la réduction des émissions de CO2, la France mène des politiques nocives pour l’environnement, à l’image des lignes à grande vitesse, que l’on continue à construire malgré leur impact sur l’artificialisation des terres et leur effet hypothétique sur le report modal. Sans parler du nucléaire… L’ancien directeur des études économiques au ministère de l’Ecologie attaque une « perception contestable : celle qui considère, de plus en plus, le changement climatique comme une cause majeure des autres problèmes d’environnement, alors qu’il en est, d’abord, la conséquence ».

Cécité de nos élites

Pourtant, les ONG voient dans l’action pour le climat un levier de changement global, indissociable de la lutte contre la mondialisation, notamment le projet Tafta (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement). L’ouvrage – et l’appel – collectif Crime climatique stop ! fédère, lui, des contributions de personnalités (Desmond Tutu), d’experts (Jean Jouzel) et de représentants de mouvements (Attac, 350.org…). A l’image du boycott de l’Afrique du Sud pendant l’apartheid, ils exigent la fin des subventions et des investissements profitant aux énergies fossiles. Tout comme le député écolo Yannick Jadot dans Climat, la guerre de l’ombre (Le Passager clandestin, 2015), ils plaident pour des actions citoyennes tous terrains. Tous actent en tout cas de l’échec prévisible de la COP21, et visent le coup d’après. Pour comprendre l’origine de la cécité de nos élites et d’une majorité de citoyens, lisez Face à Gaïa (La Découverte, 2015) du sociologue et philosophe Bruno Latour. Gaïa, la déesse Terre dans la mythologie grecque, c’est « la très juste et mondaine finitude. (…) Elle exige des Modernes qu’ils cessent de se croire de l’autre côté de l’Apocalypse. »



Crime climatique stop !, ouvrage collectif (Seuil, 2015). 320 pages, 15 euros









Face à Gaïa, de Bruno Latour (La Découverte, 2015)











Le climat qui cache la forêt, de Guillaume Sainteny (Rue de l’échiquier, 2015). 272 pages, 18 euros









Climat : la guerre de l’ombre, de Yannick Jadot, dessins de Léo Quievreux (Le Passager clandestin, 2015).


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