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Faites le vide
mardi, 30 juin 2015 / Camille Chandès

Nous consommons les objets – matériels et immatériels – de manière effrénée, parfois jusqu’à l’overdose. 
Mais, en perpétuelle quête du bonheur, nous rêvons tous de légèreté. L’été venu, l’heure de s’alléger a sonné.

Qui n’a pas tourné de l’œil à la vue de la montagne de vêtements, de vaisselle ou de livres à empaqueter au moment d’un déménagement ? Qui ne s’est pas dit qu’il était temps d’épurer son intérieur, de vider ses placards, d’arrêter les achats inutiles et de les remplacer par une balade en forêt ? Nombreux sont ceux qui ont ressenti, à un moment de leur vie, le besoin de faire le vide. Il faut dire que nous avons laissé les objets s’immiscer dans les moindres recoins de nos vies. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, nous avons consommé un peu plus chaque année entre 1960 et 2010, si bien que le volume annuel de consommation par personne a été multiplié par trois durant cette période. Pour la seule catégorie des objets dits « connectés », le cabinet de conseil Gfk estime qu’il s’en est vendu pour 150 millions d’euros en 2014 : 6,2 millions de tablettes, 5,8 millions de téléviseurs, 2,8 millions d’appareils-photo… D’ici à 2020, chaque foyer pourrait posséder près de 30 de ces objets.

« Nous avons une relation beaucoup plus liquide aux objets que par le passé : nous les achetons, les accumulons, les oublions et les changeons très souvent », observe Valérie Guillard, maître de conférences à l’université Paris-Dauphine, spécialiste du marketing et qui a dirigé l’ouvrage collectif Boulimie d’objets : l’être et l’avoir dans nos sociétés (De Boeck, 2014). Le développement du marché d’occasion (vide-greniers, sites de vente en ligne entre particuliers…), les produits à petits prix, fruits de notre industrie mondialisée, et l’émergence de pratiques de gratuité n’y sont pas étrangers.

Exercice douloureux d’introspection

Certains aspirent pourtant à vivre différemment et à se débarrasser du superflu. Pour preuve, L’art de la simplicité de Dominique Loreau (Robert Laffont, 2005), une Française installée au Japon, et La magie du rangement de la Japonaise Marie Kondo (First, 2015) – qui prônent toutes les deux un désencombrement massif pour gagner en sérénité – sont devenus des best-sellers mondiaux. De son côté, Béa Johnson (Lire son portrait ici), Française installée aux Etats-Unis qui s’est défait de 90 % de ses biens matériels et a embrassé, en famille, un mode de vie sans déchet, suscite, elle aussi, un engouement sans précédent.

Sans aller aussi loin, les adeptes de la simplicité volontaire que vous découvrirez dans ce dossier ont choisi de se lancer dans l’exercice du désencombrement. Mais la voie vers le minimalisme est souvent escarpée et de longue haleine… car elle implique un exercice parfois douloureux d’introspection. « Nous accumulons les objets pour des raisons affectives, utilitaires, économiques qui sont elles-mêmes liées à des traits psychologiques comme l’anxiété, la nostalgie ou l’altruisme », analyse Valérie Guillard. Seulement, pour le philosophe Gilles Lipovetsky (Lire son interview ici), si nous aspirons légitimement à vivre avec moins, nous consommons au final toujours plus. Des objets mais aussi de plus en plus de loisirs et d’expériences… sans pour autant accéder au bonheur à coup sûr.

Découvrez ci-dessous le sommaire du numéro 69 de Terra eco, daté de juillet-août 2015 :

PORTRAIT Béa Johnson, les liens du sans Cette Française installée aux Etats-Unis est 
devenue l’ambassadrice du « zéro déchet ». (Re)connue mondialement, elle applique le 
minimalisme au quotidien.
TEMOIGNAGES Témoignages : leurs solutions pour
 se désencombrer Un mode de vie plus minimaliste au quotidien, c’est la solution adoptée par quelques-uns de nos lecteurs.
TEST Défi minimaliste : Une histoire de famille(s) Un mois pour changer ses habitudes et vivre plus. Sur le papier, ça fait rêver. Dans la vraie vie, avec un enfant ou à l’aube d’en avoir un, c’est plus complexe. Voici l’expérience de nos deux journalistes.
ENTRETIEN « Le culte de la légèreté est une autre figure de la quête du bonheur » Nous rêvons tous d’alléger nos vies mais sans pour autant nous détourner de la société de consommation, estime le philosophe Gilles Lipovetsky.

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