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Une appli à l’écoute des sourds
mercredi, 17 juin 2015 / Cécile Cazenave

Quand on est sourd, appeler un service client est un casse-tête. Pour faciliter la vie des malentendants, l’entreprise sociale Deafi a créé une plateforme d’appel spécialisée dans la langue des signes.

« Bonjour, Pôle emploi à votre service, pour accéder à nos services, appuyez sur la touche étoile, composez maintenant les deux chiffres de votre département, tapez 1 pour confirmer, tapez 2 pour modifier… » La ritournelle à la voix numérique vous donne des boutons ? Pourtant, vous avez de la chance : au moins, vous l’entendez ! Ce qui n’est pas le cas des quatre millions de personnes sourdes et malentendantes en France.

« Aujourd’hui, toutes les opérations de la vie quotidienne avec son assureur, sa banque, La Poste… passent par le téléphone : pour les sourds, c’est une source majeure d’exclusion », explique Jean-Charles Correa, fondateur du centre d’appel spécialisé Deafi. La société, créée en 2010 pour favoriser l’emploi des personnes malentendantes, vend un service de traduction aux entreprises qui se préoccupent de ces clients particuliers. Un abonné SFR sourd peut, par exemple, cliquer sur un onglet spécifique sur le site de l’opérateur téléphonique. Il est alors orienté vers les conseillers vidéo de Deafi, maîtrisant la langue des signes et formés spécifiquement par l’opérateur à la relation client. Par l’intermédiaire d’une webcam, le dialogue peut commencer et les soucis, récriminations et questions être traités comme pour n’importe qui. Le succès est tel que Deafi vient de mettre en service une application pour smartphone, la Deafiline, téléchargeable gratuitement, qui propose les mêmes bons offices. « C’est tout bête, mais ça n’a jamais été fait avant et les sourds sont comme vous et moi : ils veulent gérer leur vie depuis leur téléphone », explique Jean-Charles Correa.

Reconnue entreprise adaptée, sa plateforme affiche crânement 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires et 35 salariés. « Et chez nous, il n’y a pas de smicard, ce n’est pas parce qu’on emploie des personnes handicapées qu’on les sous-paye », note Jean-Charles Correa. Une position d’autant plus judicieuse que le métier d’interprète en langue des signes est une perle rare. Il n’y en aurait que près de 400 en France. Cette pénurie a généré des idées. Jusqu’à présent, un sourd, pour faire des examens à l’hôpital ou accomplir une démarche en mairie, devait se faire accompagner d’un interprète. Grâce à l’application Deafiline, étendue aux institutions qui rythment notre vie quotidienne, il lui suffirait alors de cliquer sur son smartphone pour que celui-ci apparaisse à l’écran et traduise en direct, mais à distance. De quoi révolutionner la vie des sourds si les services publics daignent s’y intéresser…


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