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Ce que rapporte le vélo à la France
lundi, 1er juin 2015 / François Meurisse /

Rédacteur en chef édition

Depuis une petite dizaine d’années, les Français se (re)mettent à enfourcher leurs bicyclettes. C’est une bonne idée. Car pédaler, c’est bon pour le corps (et la tête), évidemment. Mais aussi pour nos portefeuilles et notre environnement.

D’abord, une bonne bécane. Ensuite, un casque pour les prudents. Un antivol fiable, ça va de soi. Sans oublier du courage quand les cieux ne sont pas cléments, les muscles endormis ou les automobilistes ronchons. Pas de doute, il en coûte de faire du vélo. Mais quand il s’agit de chiffrer ce que rapporte la bicyclette, l’histoire se complique. Depuis que le biclou est devenu un enjeu de société et les politiques cyclables un passage obligé pour les villes, administrations, société civile et industriels s’accordent pourtant à dire qu’il faut se pencher sur la question. Le 5 mai dernier, l’European Cyclists Federation affirmait ainsi qu’« une bonne politique en faveur du vélo doit s’appuyer sur des données pertinentes ». Or, « concernant le vélo en Europe, on manque de faits et de chiffres », déplorait Bernhard Ensink, secrétaire général de la fédération et directeur de l’événement Velo-City 2015, à Nantes. Mais trêve de défaitisme : certains ont tout de même sorti leur calculette.

Les cyclistes assidus au turbin

C’est notamment le cas de la League of American Bicyclists, qui a déterminé en 2012 que le vélo générait 1,1 million d’emplois aux Etats-Unis et contribuait à hauteur de 117 milliards d’euros à l’économie du pays. En 2010, la revue Preventive Medicine étudiait, elle, le rapport entre pratique du vélo et absentéisme aux Pays-Bas. Résultat : 1,3 jour de plus par an au turbin pour les pédaleurs par rapport aux non cyclistes. Mais l’apport le plus complet – et remarquable – est l’œuvre des Britanniques de la London School of Economics, de l’entreprise Sky et de British Cycling. En 2010, leur « PIB vélo » frappait un grand coup et affichait 3,9 milliards d’euros ! Pas mal pour quelques coups de pédale.

Le commerce, ce Poulidor

Et dans l’Hexagone ? D’après le cabinet Atout France, le nombre de salariés du biclou s’élève à 35 000, dont près d’une moitié dans le tourisme et plus de 20% dans le commerce. Le tourisme revêt encore le maillot jaune pour ce qui concerne le chiffre d’affaires avec 1,9 milliard d’euros sur une enveloppe globale de 4,5 milliards, devant le commerce – condamné au rôle de Poulidor avec 1,4 milliard d’euros – et l’industrie.

Mais le plus encourageant réside sans doute dans les bénéfices sanitaires et environnementaux apportés par la pratique cycliste régulière. Baisse de l’obésité, des cancers et des maladies cardio-vasculaires éviteraient à nos caisses de se vider de 5,6 milliards d’euros par an. Et n’allez pas penser que ces bons chiffres sont à relativiser du fait des accidents de la route : leur nombre n’augmente pas avec la hausse de la pratique. Pour la bonne bouche, des études affirment même que les cyclistes sont moins exposés à certains polluants qu’un automobiliste dans sa voiture ! L’environnement, enfin, tire son épingle du jeu avec un bonus de 160 millions d’euros par an, dont 42 millions d’économies d’impact sur la pollution atmosphérique, 24 millions sur le changement climatique et l’effet de serre et 2 millions pour la pollution sonore. Non, vraiment, le vélo ne coûte pas ce qu’il rapporte. Tous en selle ! —


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