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Chéri(e), j’ai augmenté bébé !
jeudi, 28 mai 2015 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Il est assez amusant de plonger dans les archives des années 1980 et d’y feuilleter les clichés que la société véhiculait alors, dès qu’il s’agissait d’imaginer le futur. Nos conversations de comptoir faisaient surgir ici une flotte d’automobiles volantes, là des armées de robots piquant leur job aux êtres humains, ailleurs des bébés vendus en supermarché.

Pour les automobiles volantes, on repassera. Pour les robots, les conséquences sur l’emploi restent difficiles à évaluer, mais la vague semble irrésistible : nos chaînes industrielles sont truffées de ces petites bébêtes et personne n’y trouve à redire. Quant aux bébés vendus en supermarché, nos fantasmes avaient juste raté le phénomène Internet. Demain, après-demain, un jour certainement, nous pourrons choisir une à une les caractéristiques génétiques du « bébé idéal » sur un site de commerce électronique spécialisé, depuis notre smartphone. Impossible ? L’état des lieux que dresse notre dossier démontre l’inverse : sperme et utérus artificiels, enfants à trois ADN… La technique trouvera bien le temps et l’argent nécessaires pour repousser les frontières du moment, avant de buter sur d’autres, qu’elle parviendra à repousser encore. Pour les uns, c’est un rêve qui devient accessible. Le bébé génétiquement modifié, couvé hors-sol, prolongé par la panoplie de l’homme augmenté, rêvera de moutons électriques et tutoiera l’éternité. En caricaturant un brin, dans la culture anglo-saxonne, tout n’est qu’affaire privée, tant sur le plan philosophique que sur les plans technique et financier. Notre culture latine, elle, s’emmêle les pinceaux entre une demande sociale pressante et des tabous pondéreux.

La science, quant à elle, est au service d’une technique sans limites, et peut nous emmener très loin. Mais c’est toujours la même histoire : faut-il forcément se laisser porter si loin que l’on regrette un jour d’avoir franchi certaines frontières sans retour ? Et quelle est la finalité du génie humain ? Sur la question de l’enfant, comme sur d’autres, l’enjeu est de décider en conscience, donc de prendre le temps. Cela suppose, au préalable, de quitter le registre hystérique qui caractérise notre société hypermédiatique. —